‘’Nous pensons que le fait, pour certaines personnalités de la Majorité Présidentielle, de comprendre le sens de notre combat, c’est-à-dire, la défense de la Constitution, et que leurs partis décident finalement de nous rejoindre, ne peut que nous réjouir. Ce n’est pas pour autant qu’on peut offrir un chèque en blanc à ceux qui viennent d’arriver. Ce qui signifie que les membres de l’opposition doivent demeurer très prudents’’. C’est en ces termes que s’est exprimé hier, mercredi 7 octobre 2015, le Député Clément Kanku Bukasa wa Tshibwabwa, Président du Mouvement pour le Renouveau, au cours d’un entretien exclusif avec La Prospérité. A l’en croire, les membres du G7 dont l’un des partis se retrouvent désormais dans l’opposition parlementaire, sont comptables du bilan du régime en place, étant donné qu’ils ont contribué à la gestion de la République.

Pour Clément Kanku, on ne peut pas empêcher à un parti d’adhérer à l’opposition parce que l’adhésion est libre. Le fait qu’un grand groupe de partis ait quitté le camp présidentiel pour des raisons qui sont les leurs, ne doit pas constituer un évènement majeur. D’autant plus qu’ils sont restés longtemps à la Majorité Présidentielle, en profitant des privilèges dans différents postes occupés. Mais, en dernière minute, ils ont décidé de hausser le ton et de quitter la MP.

Ce groupe de dissidents, de l’avis de l’Honorable Kanku, a semblé faire croire à l’opinion qu’il n’était pas dans l’opposition, mais s’opposait à la gouvernance actuelle, qui mène vers le viol de la Constitution. ‘‘C’est une bonne chose que certains se retrouvent désormais dans l’opposition parlementaire et comprennent le sens de notre combat, qui consiste à défendre la Constitution’’, a-t-il déclaré. Au-delà de la réjouissance que cette démarche apporte, il pense que ce n’est pas pour autant qu’il faut leur offrir un chèque en blanc, vu qu’ils viennent d’arriver. Et ce, même s’ils viennent grossir le rang de ceux qui sont contre la MP. Il en appelle tout de même à une prudence de l’opposition, qui devrait jouer à la retenue, et beaucoup de discernement de par le sens de la touche de ceux qui ont quitté le bateau avant l’objectif final, c’est-à-dire, avant 2016. ‘’Autant nous avons combattu le glissement, nous estimons qu’il faut éviter le glissement du système Joseph Kabila avec ou sans lui’’, a-t-il fait remarquer. Puisque ce qu’il n’a pas réussi maintenant, il peut l’obtenir à travers ses acteurs politiques dissidents. Et d’ajouter que le combat de plusieurs années ne peut pas voler en éclat, parce qu’il y aurait des repentis de dernière minute. Seulement, il regrette le fait que certains opposants aient adhéré à certaines démarches proposées par les dissidents avec empressement.

Pour Kanku Bukasa, le changement que le peuple attend consiste en une rupture avec la gouvernance actuelle, et l’alternance ne doit pas être pilotée par la dissidence de la MP. D’autant plus qu’ils ont démontré leur incapacité de rencontrer la volonté du peuple et les limites d’intervenir pour les causes justes.

Table ronde de l’opposition

Le Député Kanku précise que le peuple veut qu’on puisse combattre tout ce qui a été combattu, c’est-à-dire, la corruption, l’injustice. Cette fois-ci, le peuple veut moins de discours, moins de théories…

Selon lui, malgré que dans l’opposition il n’y a pas d’Autorité morale, la démocratie, elle, est de mise, et que les opinions des uns et des autres doivent être pris en compte. Comme il n’y a pas de pensée unique, il est tout à fait normal que l’opposition soit plurielle. C’est d’ailleurs de cette position qu’elle retrouve sa force. Il est plus que temps qu’elle prenne conscience du danger qui la guette, et évite de tomber dans le piège de gens qui viennent à la dernière minute pour que l’opposition ne soit pas en mesure d’offrir au peuple le changement qu’il attend.

‘’Il faut faire un rappel des troupes’’, insiste-t-il. Raison pour laquelle, il relance l’idée d’une table ronde de l’opposition en vue de l’élargir à toutes les forces acquises au changement notamment, à la Société Civile et à toute personne qui aspire à un véritable changement. Entendu qu’il n’y a pas de structure formelle, ni porte-parole qui la gère comme dit la Constitution sur base de la Loi portant organisation de l’opposition, il faut absolument s’adapter avec cette situation. Pour cela, il faut se doter d’une structure même informelle, où tous les membres viendraient contribuer utilement, pour faire face à tous les défis, essentiellement sur le plan électoral.

Blocage de la CENI

L’élu de Dibaya, dans l’ex Province du Kasaï Occidental, propose la restructuration de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Seulement, il constate que certains ont pensé qu’il était mieux d’aller organiser le dialogue avec la CENI qui, pour lui, a prouvé qu’elle était instrumentalisée par la MP. Toutefois, il se plaint que l’absence prolongée de Malumalu ne soit pas prise en compte pour le remplacer. Il craint que le pays ne retombe dans la situation de 2011 où le Président de la Centrale électorale n’est pas issu de la Société Civile. ‘’La CENI n’inspire plus confiance, le cas de changement d’horaire sur l’élection des Gouverneurs de nouvelles provinces’’, a-t-il relevé. C’est pourquoi, pense-t-il, la Majorité était au courant qu’il n’y aurait pas élection, qu’elle n’a présenté de candidature pour les gouverneurs des provinces démembrées. Aussi, doute-t-il de la vraie capacité managériale de ceux qui sont à la CENI afin d’organiser des bonnes élections d’autant plus qu’elle crie au manque de moyen financier.

Très confiant, il croit, dur comme fer, qu’en deux semaines on peut reconstituer la CENI, comme cela s’est fait à l’Assemblée Nationale. C’est juste une question de volonté politique, pour lui doter des nouveaux acteurs et animateurs.

Dialogue

Par rapport au dialogue, Kanku affirme que c’est une vertu en démocratie. D’ailleurs, lors des consultations, le MR, son parti politique, a transmis un message très clair au Chef de l’Etat. Premièrement, il faut organiser un dialogue inclusif, sinon cette démarche ne serait pas productive. Et, ne pas le faire c’est tomber dans le piège des concertations nationales dont la majorité de recommandations n’ont pas été prises en compte jusqu’à présent. En plus, toutes les parties prenantes doivent se sentir concernées, avec des signaux positifs. Pour lui, ce qui est fait aujourd’hui par la majorité, spécialement avec la proposition de Loi référendaire ne rassure pas.

En son temps, rappelle-t-il, il avait dit au Chef de l’Etat de geler le démembrement et d’avoir un dialogue qui marche de pair avec le prescrit de la Constitution et qu’il faille éviter le glissement. Même à la veille du 30 juin, Kanku Bukasa dit avoir demandé au Président de la République de donner les vraies motivations de ce dialogue pour que tout le monde soit rassuré. Au-delà, il fallait que Joseph Kabila parle clairement à la nation sur sa non-représentation à un troisième mandat. Et, d’être le premier Chef d’Etat à faire la remise-reprise avec son successeur tel que l’exige la Constitution et briser le cycle infernal de passation de pouvoir dans la violence. Une occasion au cours de laquelle, il lui a également été demandé de libérer les prisonniers d’opinions, les chaînes de TV proches de l’opposition et d’accepter qu’il y ait enrôlement des nouveaux majeurs.

Alors que toutes ces questions auraient pu être réglées depuis longtemps, toutes ces matières sont en train d’être vidées aujourd’hui. Et qu’en plus, la Cour Constitutionnelle vient proposer des mesures exceptionnelles qui risquent de violer la Constitution. Dans l’entretemps, la MP s’est empressée de faire voter la Loi sur la répartition des sièges, bien qu’entachée de beaucoup d’irrégularités. ‘’Nous avions même saisi la Cour Constitutionnelle pour que ce vote soit annulée, mais en vain’’, a-t-il fait savoir.

Au sujet du médiateur, l’Honorable Kanku estime que cela devrait revenir à la Communauté Internationale.

L’élu de Dibaya regrette que toutes ses propositions ne soient prises en compte. C’est pourquoi, il fustige les manœuvres de la MP, qui ne rassurent pas l’opinion. Et même quand le Chef de l’Etat dit qu’il est prêt pour les élections, il se demande quelles sont celles dont il parle ? ‘’Il aurait dû parler dans des termes clairs. Donc, le dialogue n’est pas une mauvaise chose, mais il faut que les concernés soient mis en confiance’’, insiste-t-il. Il constate que la RDC se retrouve dans une situation telle que la MP tire le drap de son côté. Maintenant que le Chef de l’Etat a parlé à Kingakati, cela devrait être accompagné des actes, c’est-à-dire, de geler le démembrement. ‘’Nous pensons que la MP devrait rassurer le public sur sa volonté d’aller vers le principe démocratique’’, a-t-il conclu.

Judith Asina




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