Depuis l’installation du nouveau comité de direction du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), ce premier parti du pays sort de sa léthargie. Il ne se passe pas de jours que les membres de son directoire ne soient au contact de la population pour recevoir leurs desideratas et leur apporter le message du parti face aux enjeux de l’heure.
Si le Secrétaire général du parti, Henri Mova effectue, depuis dimanche 18 octobre, une mission de travail dans l’ancien grand Katanga, le Secrétaire général adjoint Célestin Tunda ya Kasende revient de la Belgique et de la France. Profitant de son séjour privé, il a pris contact avec certains milieux politiques, culturels et des médias dans ces deux pays européens, pour leur expliquer la situation exacte du pays sur le plan politique, et aussi recueillir les avis des uns et des autres sur le processus électoral en cours en République Démocratique du Congo.
S’agissant de la situation politique en RDC, Me Tunda a rappelé que la communauté internationale doit aider la RDC à organiser de bonnes élections destinées à consolider la paix et la sécurité dans notre pays ainsi que le cadre approprié pour la réalisation des actions de développement, tels que cela se fait aujourd’hui dans plusieurs domaines, en particulier, dans les infrastructures, le transport, l’agriculture et l’éducation.
Ainsi, les interlocuteurs ont compris que la RDC n’est pas n’importe quel pays africain. Nous restons jusqu’aujourd’hui un pays post-conflit et nous devons gérer un territoire d’environ 2.400.000 km² dans lequel il y a encore quelques velléités de déstabilisation de la part des groupes armés dans certains coins de la République», a-t-il dit, avant d’ajouter : « Par conséquent, notre démocratie ne doit pas être réduite à une simple question de respect du calendrier arithmétique. Il y a lieu de considérer que, compte tenu de la complexité des problèmes, si toutes les dispositions ne sont pas bien considérées, le pays peut s’enflammer, et il n’y a personne qui viendra éteindre le feu, et personne non plus, ne viendra lire la loi électorale, parce que dans toutes nos familles, on sera tenu à lire des oraisons funèbres».
Il a cité quelques exemples, notamment, celui du Burundi où, en 1993, le Président Ndadaye qui avait gagné haut la main les élections présidentielles dites démocratiques organisées au suffrage universel, avait été assassiné, trois mois après sa victoire électorale, et le cycle de violence a repris dans ce pays pratiquement jusqu’à ce jour.
Un autre exemple cité est celui de la Côte d’Ivoire où les élections organisées également au suffrage universel direct en 2010, n’ont pas empêché qu’un conflit armé violent soit déclenché, et aujourd’hui, l’ancien Chef de l’Etat se retrouve à la CPI et le peuple Ivoirien se considère encore comme étant non réconcilié. Un troisième exemple donné est celui de l’Egypte où le président Morsi qui était élu à la tête du pays après des élections libres, transparentes et démocratiques, a été balayé, quelques mois après, par un mouvement des citoyens manifestement téléguidé et, aujourd’hui, ce président élu croupit en prison.
«C’est pour dire que le simple calendrier électoral ne constitue pas l’unique réponse des Africains par rapport à tous les problèmes que nous connaissons dans nos différents Etats. Et, les africains ne devraient pas accepter que leurs pays se transforment à feu et à sang à cause de ce calendrier pour faire plaisir à certains intérêts extérieurs au détriment de la souveraineté des Etats ».
Le Secrétaire général adjoint du PPRD a relevé aussi un autre phénomène qui guette notre pays, le terrorisme qui avance de part et d’autre du Nord, de l’Est et aujourd’hui, tout prêt de nous, à travers certains pays d’Afrique centrale, le Cameroun et le Tchad. « Il s’agit là d’une grande question de géopolitique et de stratégie nationale et internationale qui recommande que nos institutions politiques demeurent stables pour protéger la nation », a-t-il dit. Il a appuyé cette assertion avec des exemples qui ont conduit à l’instabilité de certains pays dans le monde parce qu’il fallait y imposer soi-disant la démocratie. C’est le cas de la Lybie en Afrique et de la Syrie au Moyen-Orient.
En réaction aux analyses de Me Tunda, beaucoup d’acteurs rencontrés ont partagé une certaine vision des choses. Il ne s’agit pas de transposer en RDC nécessairement le modèle qui existe ailleurs. « Notre pays devrait construire son modèle politique suivant ses préoccupations les plus essentielles ainsi que son contexte».
D’autre part, certaines personnalités qui essaient de soulever des foules à l’intérieur du pays, n’ont aucune considération dans les milieux politiques et diplomatiques à l’extérieur du pays, étant presque tous vus comme des personnes qui n’ont pas la carrure pour diriger la RDC.
Pour terminer, Me Célestin Tunda a convenu avec ses interlocuteurs que Joseph Kabila est placé au centre de toutes stratégies qui concernent la RDC et tout le monde est d’accord que rien ne peut se faire sans son implication personnelle. « A mon sens, il revient donc au peuple congolais, seul, de décider du sort ou de l’identité des personnes qui devraient continuer à le diriger en fonction de nos intérêts. Et, eu égard à tous les problèmes ci-haut énumérés, il n’y a pas de doute que le Raïs Joseph Kabila réunit tous les atouts pour continuer à porter plus haut le destin de notre peuple », a-t-il dit.
Tiré de la Nouvelle République n°020, Série II