Les Evêques en ont assez de voir le sang des Congolais couler. Ils ont adressé, jeudi 26 novembre 2015, à qui de droit,  un message fort. L’avenir de la RD.

Congo réside incontestablement dans la sauvegarde de l’intégrité du territoire national, le respect de la Constitution et la tenue des élections libres et transparentes dans les délais constitutionnels. Les Evêques catholiques  ne vont pas rester les bras croisés pour subir les événements. Ils ont prévu une série d’actions de terrain pour se faire entendre dont le point culminant sera la grande marche pacifique du 16 février 2016, en souvenir du massacre des chrétiens par les barbouzes de Mobutu en 1992. Les prélats ont aussi rejeté la nomination des Commissaires spéciaux qui constitue, selon eux,  un recul de la démocratie. Ce message  va, certainement,  alimenter la saga politique dans les jours qui viennent.


Le Comité permanent extraordinaire de la CENCO s’est réuni, pendant deux jours, à Kinshasa, pour la réussite du processus électoral. Ils ont produit une déclaration en dix points, que les catholiques et les Congolais de bonne volonté sont priés de respecter comme les 10 commandements de la bible. Chaque résolution des Evêques vaut son pesant d’or. Le dialogue national, disent-ils, devait se tenir dans le respect absolu du cadre constitutionnel et institutionnel en vigueur. Toute tentative de contourner les dispositions constitutionnelles rend la situation du pays inquiétante et préoccupante. Les Evêques préviennent : « Les citoyens et les hommes politiques qui aiment vraiment le pays éviteront d’engager la Nation dans une voie qui risquerait de faire couler davantage le sang des Congolais ». Ils ajoutent que la démocratie est une culture dont l’alternance est une expression. Ce faisant, les Evêques n’approuvent pas la nomination des Commissaires spéciaux à la tête de nouvelles provinces. Pour empêcher certains politiciens d’accéder au pouvoir par la force et de l’exercer au détriment du bien commun, les Evêques s’engagent à poursuivre l’éducation civique et électorale de la population à la base pour l’aider à s’approprier la Constitution de la République. Ils évoquent particulièrement l’article 64 de la Constitution qui stipule que « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». Concrètement, les prélats catholiques envisagent l’organisation d’une Neuvaine de prières, à partir du 8 décembre 2015 ; la marche pacifique de tous les chrétiens dans tous les diocèses pour booster le processus électoral et sauvegarder l’intégrité territoriale, le 16 février 2016 ; les mouvements d’action catholique ; ainsi que la célébration du culte œcuménique pour la paix et l’unité des chrétiens, entre le 18 et le 25 janvier 2016. Toutefois, l’unité des chefs des églises se réclamant du christianisme sera difficile à obtenir. Nombreux sont les chefs religieux qui ont mordu à l’hameçon. Mais, les prélats peuvent compter sur les organisations de la Société civile, la Dynamique de l’Opposition, le G7 et d’autres forces politiques acquises au changement. Dans tous les cas, le message du Comité permanent extraordinaire de la CENCO fera date.

La Pros.

Faudrait-il encore que le sang coule en RD Congo ?   (cf. Gn 4,10)

MESSAGE DU COMITE PERMANENT EXTRAORDIANIRE DE LA CENCO

POUR LA REUSSITE DU PROCESSUS ELECTORAL





1. Réunis à Kinshasa, du 23 au 24 novembre 2015, Nous, Cardinal, Archevêques et Evêques membres du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), faisant suite à notre point de vue du 12 novembre 2015 sur le dialogue national dans le respect absolu du cadre constitutionnel et institutionnel en vigueur, avons échangé sur la situation du pays, une année avant les échéances électorales de novembre 2016 : elle est inquiétante et préoccupante. Nous avons évoqué le souvenir malheureux et douloureux des guerres et tribulations qui  ont semé le désarroi dans la population congolaise et fait couler le sang des millions des fils et filles de notre pays à cause notamment,  d’une certaine façon d’accéder au pouvoir par la force et de l’exercer au détriment du bien commun.

2. Comme nous l’avons exprimé dans notre lettre donnée à Rome à l’occasion de la visite ad limina en septembre 2014, nous demeurons persuadés que les citoyens et les hommes politiques qui aiment vraiment ce pays éviteront d’engager la Nation dans une voie qui risquerait de faire couler davantage le sang des Congolais. Hélas ! Malgré notre message, en janvier 2015 le sang a encore coulé suite à la tentative de contourner les dispositions constitutionnelles. Il faut arrêter de faire couler le sang.

3. Nous reconnaissons les efforts consentis par le Gouvernement pour la démocratisation du pays. Malheureusement, nous sommes peinés de constater que l’approche des échéances électorales amène encore son lot de restrictions des libertés individuelles, la croissance de répressions et d’intimidations. La démocratie ne doit pas être un simple slogan, mais plutôt une culture et l’alternance en est une expression.

4. La gestion démocratique exige des règles et des valeurs respectées de tous. Ainsi, la nomination des Commissaires spéciaux non élus par le souverain primaire constitue un recul pour la démocratie. La République Démocratique du Congo présente aujourd’hui un visage hybride avec d’un côté 5 provinces dirigées par des Gouverneurs et des Assemblées provinciales élus et, de l’autre, 21 provinces avec des Commissaires spéciaux nommés.

5. Pour la CENCO, l’avenir heureux de la RD Congo réside incontestablement dans la sauvegarde de l’intégrité du territoire national, le respect de la Constitution, socle de notre jeune démocratie, et dans la tenue des élections libres et transparentes dans les délais constitutionnels. Aussi, en tant que fils de ce pays et en vertu de notre mission de pasteurs, serviteurs de la Vérité et de la paix, nous voulons apporter notre contribution pour la consolidation de la paix, la sauvegarde de la démocratie et le respect de la Constitution.

6. Nous nous engageons à mobiliser les fidèles chrétiens, les hommes et les femmes de bonne volonté à travers toute l’étendue de la République autour des initiatives spirituelles pour implorer la grâce de la paix et de la miséricorde sur notre pays. Il s’agit notamment de :

1° l’organisation d’une Neuvaine de prières dans toutes les paroisses et les CEV en vue de la réussite du processus électoral et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale à partir du 8 décembre 2015, jour d’ouverture de l’Année de la Miséricorde, décrétée par le Saint-Père, le Pape François ;

2° la programmation de la Marche pacifique de tous les chrétiens, hommes et femmes de bonne volonté dans tous les diocèses pour consolider la démocratie, le 16 février 2016 à l’occasion de l’ouverture de l’année jubilaire de la marche historique du 16 février 1992 ;

3° l’organisation dans les paroisses et les mouvements d’action catholique, tous les premiers samedis du mois, d’une Prière spéciale pour la justice et la paix ;

4° la Célébration d’un culte œcuménique pour la paix pendant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens du 18 au 25 janvier 2016.

7. Nous nous engageons également à poursuivre l’éducation civique et électorale de la population à la base pour l’aider à s’approprier la Constitution de la République. Nous demandons au Peuple congolais de faire preuve de vigilance dans l’esprit de l’article 64 qui stipule  que «  Tout congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ».

8. L’avenir paisible de la RD Congo est une grave responsabilité qui incombe à tous les Congolaises et Congolais. Le peuple ne doit pas être pris en otage par un agir politique qui sacrifie l’intérêt supérieur de la Nation. Faudrait-il encore que le sang coule en RD Congo ?

9. Nous invitons toutes les forces vives de la Nation à un sursaut patriotique et à un réel engagement pour assurer la réussite du processus électoral, gage de l’émergence d’un Congo nouveau et prospère.

10. Que par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, Reine de la paix, et de la Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite, Vierge et Martyre, victime des violences politiques dans notre pays, Dieu bénisse la RD Congo et son peuple.

Kinshasa, le 24 novembre 2015

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