Le président Kabila a saisi le secrétaire général de l’ONU à travers son émissaire Raymond Tshibanda, afin d’obtenir l’implication de la communauté internationale dans la tenue du dialogue national. Facilitation ou médiation, peu importe la forme. Déterminé à ratisser large, le chef de l’Etat voudrait montrer patte blanche dans un contexte où il est soupçonné de jouer son va-tout afin de rempiler à travers un glissement du processus électoral. Va-t-il convaincre le front opposé au dialogue qu’il appelle de tous ses vœux ? Rien n’est sûr avant la réponse de Ban Ki-moon.

Le Potentiel

Tenue secrète jusqu’à son retour au pays, la raison du déplacement du ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda à New York vient de fuiter. Selon des sources généralement bien informées, au cours de son bref séjour au siège des Nations unies, le chef de la diplomatie congolaise a été porteur d’un message du président Joseph Kabila auprès du secrétaire général Ban Ki-moon.

Ce message, contenu dans un pli fermé, ne fait plus l’objet d’un mystère. Le chef de l’Etat a sollicité, affirment nos sources, la contribution de l’Onu à la concrétisation du dialogue qu’il tient à convoquer afin d’aplanir les différends entre les parties congolaises et baliser ainsi la voie pour un atterrissage en douceur du processus électoral.

Les sources proches du ministère des Affaires étrangères laissent entendre que Joseph Kabila a sollicité l’implication personnelle de Ban Ki-moon afin de résoudre la question qui divise les parties congolaises, à savoir celle de la facilitation du forum national. L’UDPS, parti phare de l’Opposition qui avait donné en son temps son quitus à la tenue du dialogue, avait posé, entre autres conditions, que la facilitation de cette rencontre entre Congolais soit assurée par des personnalités étrangères, fussent-elles morales ou physiques.

Cette option avait été tout de suite rejetée par la Majorité présidentielle (MP) qui arguait que les Congolais étaient suffisamment matures pour résoudre leurs problèmes sans l’aide, ni l’immixtion des étrangers. Dans plusieurs de ses sorties publiques, le chef de l’Etat était revenu sur cette attitude de certains Congolais qui se tournent toujours vers l’extérieur pour la résolution des questions purement internes. Il nous revient que cette divergence de vues avait, à un moment donné, perturbé les négociations entre les délégués de la MP et ceux de l’UDPS aussi bien au pays qu’à l’étranger.

Que l’initiateur du dialogue revienne sur son intransigeance en ce qui concerne la facilitation étrangère, il y a lieu de croire qu’il a mis de l’eau dans son vin. Et qu’il pourrait nourrir l’espoir de voir l’UDPS se sentir flattée du fait que l’une de ces exigences serait en voie d’être adoptée et que, par voie de conséquence, pourrait accepter d’aller au dialogue.

« Cette concession ne suffit pour qu’un chèque en blanc soit accordé à Joseph Kabila », a déclaré sous le sceau de l’anonymat un analyste politique. Selon ce dernier, la politique réserve beaucoup de surprises à chaque tournant et que, dans le cas d’espèce tout reste à vérifier. Son avis est que, jusqu’à preuve du contraire, le parti d’Etienne Tshisekedi n’était pas encore revenu sur son ultimatum lié à la date de la tenue du dialogue (avant fin novembre 2015) et à la facilitation assurée de ces assises par une personnalité étrangère.

Il sied de noter cette sollicitation de Joseph Kabila auprès des Nations unies intervient au moment où une large frange des forces vives de la nation venait d’exprimer haut et fort qu’elles étaient opposées à l’initiative relative à la convocation du dialogue. C’était le 18 novembre 2015 à Kinshasa.

A-t-il tort ? A-t-il raison ? Difficile à dire pour l’instant. Toutefois, dans ce qu’elles avaient intitulé « appel des forces vives de la nation sur l’urgence d’un calendrier électoral », ces dernières avaient entre autres déclaré ce qui suit : « Nous, organisation, associations de la Société civile, Congolais de la diaspora, partis et personnalités politiques, signataires du présent appel (…) refusons tout dialogue qui viserait à créer l’illusion d’un large consensus sur le glissement et aurait pour conséquence d’entraîner tout le processus électoral dans une impasse hors du seul cadre légal et légitime : la constitution et, affirmons qu’aucun dialogue ne pourra jamais légitimer un compromis quelconque sur des questions déjà fixées par la Constitution adoptée par 85% des Congolais ».

Par ailleurs, d’autres partis de l’Opposition dressés contre la tenue du dialogue avaient indiqué que ce forum national serait convoqué dans la violation de l’esprit et de la lettre de l’accord de paix d’Addis-Abeba qui l’institue.



A tout prendre, la suite des événements reste accrochée à la réponse que daignera bien réserver le secrétaire général des Nations unies au chef de l’Etat congolais.

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