Les enjeux en présence en République démocratique du Congo ont convaincu le président Denis Sassou à avancer de trois mois la tenue de la présidentielle dans soi’ pays. Denis Sassou Nguesso redoute que le président Joseph Kabila se résolve à favoriser l’alternance sur la rive droite du fleuve Congo. L‘effet que cela pourrait créer risquerait de mettre en mal son projet de demeurer le plus longtemps possible à la tête du Congo-Brazzaville. Fin renard et stratège avéré, Sassou Nguesso a joué à l’anticipation, dans la crainte de l’électrochoc en provenance de Kinshasa.

Les nuages qui s’amoncellent sur Kinshasa, souvent, déversent des pluies torrentielles sur Brazzaville. Les deux capitales les plus rapprochées vivent en harmonie étant entendu que les deux peuples qui vivent de part et d’autre du fleuve Congo ne font qu’un. Les différences artificiellement entretenues n’ont jamais réussi à les séparer. Le président Denis Sassou Nguesso le sait et il ne voudrait pas se laisser prendre au piège. Vite, il a songé à se mettre à l’abri face aux enjeux qui se profilent à l’horizon dans la région, particulièrement auprès du géant voisin.

Seulement six semaines après avoir promulgué une nouvelle Constitution adoptée après un référendum très «controversé», boudé et chahuté par l’opposition et la communauté internationale, sauf la France, Denis Sassou Nguesso est passé à la vitesse supérieure. Il est pressé, très pressé d’aller de l’avant et s’offrir une confortable position de « président démocratiquement élu» par la voie des urnes. Et pourtant, la Constitution laissait une marge suffisante de préparation de la présidentielle au mois de juillet 2016.

Denis Sassou Nguesso ne voudrait pas attendre jusqu’à cette échéance. Elle est trop éloignée et beaucoup de choses peuvent se produire entre-temps, imposant une nouvelle dynamique dans la région. A quoi servirait-il de laisser aux incertitudes d’en face ternir l’éclat d’une pirouette ayant permis de faire sauter deux verrous importants la limitation d’âge et celle dés mandats? S’il a réussi à les faire sauter dans son pays, il n’est pas évident qu’il en soit de même de l’autre côté du fleuve Congo. Une variation de temps pourrait venir de Kinshasa et faire tache d’huile. Du fait de la proximité.

Dans un discours d’une vingtaine de minutes devant députés et sénateurs réunis en congrès le 22 décembre 2015, le président congolais a déclaré avoir instruit le gouvernement à organiser les élections « plus tôt que prévu ». C’est au mois de juillet que la présidentielle devrait être organisée. Aujourd’hui, celle-ci est avancée d’au moins trois mois, soit au plus tard en mars

2016!

L’objectif recherché, selon le président Sassou Nguesso, est de mettre en œuvre une « nouvelle dynamique » institutionnelle. Un avant-projet de loi électorale devrait bientôt être promulgué. Jusqu’à présent, le pré1dent sortant n’a pourtant pas officiellement annoncé qu’il serait candidat. Mais, tout au long de l’année, plusieurs gestes politiques laissent entrevoir que Sassou Nguesso n’arrange pas le lit pour quelqu’un d’autre. Il compte y dormir lui-même et peut-être pour longtemps.

MARCHE FORCÉE POUR DISTANCER KINSHASA

Début octobre, le gouvernement ébauche le projet de Constitution. Malgré les vives critiques de l’opposition, qui estime être écartée de la réflexion de ce texte, le gouvernement anticipe l’organisation du référendum qui valide cette nouvelle loi fondamentale.



Le 6 novembre, une nouvelle Constitution est promulguée. Elle annule la limite d’âge, des candidats à la présidentielle et met fin à la limitation du nombre de mandats, deux verrous qui jusque-là empêchaient le président sortant de briguer un nouveau mandat.



La décision d’anticiper la présidentielle, est, selon un cadre du PCT; « conforme aux dispositions de la nouvelle Constitution ». « C’est le flou total », dénonce l’opposant André Okombi Salissa, qui s’inquiète de ne pas voir de détails sur la refonte du fichier et du calendrier électoral ». Denis Sassou Nguesso, 73 ans, appelle à des élections anticipées quatre mois avant le terme normal de ce qui était son deuxième et dernier mandat à la tête de l’Etat, conformément à la Constitution de 2002. Mais celle-ci a vécu; elle a été abrogée parla consultation référendaire organisée en octobre 2015.



Est-ce pour prendre de court son opposition ? Est-ce pour régler définitivement la morosité du climat social né de cette révision constitutionnelle ? Difficile à dire. Toutefois, des sources affirment que Denis Sassou Nguesso ne voudrait pas lier son sort à celui de la sous-région. Il craint que « le mauvais exemple » ne vienne de Kinshasa. A Brazzaville, on voit l’ombre d’une alternance, se profil à Kinshasa même si elle pourrait se faire avec un kabiliste pur sang. Vu de la rive gauche du fleuve Congo, l’impression qui se dégage est que le président Joseph Kabila ne serait pas du genre à s’accrocher au pouvoir dans l’illégalité et en marchant sur les prescrits de la Constitution.



L’autre inquiétude de Sassou Nguesso est le regain d’organisation au sein de l’opposition de Kinshasa. La prise de position de l’Eglise catholique de la RDC a également influé sur la précipitation adoptée par Denis Sassou Nguesso. La défection du G7, la démission de Moise Katumbi du parti présidentiel, la sortie du « Front citoyen 2016 », le rapprochement de l’UDPS avec les autres grands partis d’opposition laissent se profiter a l’horizon, une réorganisation de l’opposition en vie de proposer une alternance. Tout cela n’a pas rassuré le président congolais (Brazzaville) qui s’est vite rappelé qu’il est préférable de s’asseoir sur un siège sûr que de respecter les délais avec toutes les incertitudes que cela comporte.



Bref, l’électrochoc qui pourrait venir de Kinshasa dans les mois prochains ne pouvait pas Sassou Nguesso dormir sur ses lauriers. Aussi a-t-il évité de subir les événements en les anticipant.



Par LE POTENTIEL
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top