A l’occasion des vœux adressés à la nation pour le Nouvel An, le président rwandais Paul Kagame a annoncé qu’il se représenterait à la prochaine élection présidentielle dans le pays, en 2017. Si l’annonce n’est pas surprenante, dans la mesure où elle est l’aboutissement d’un long processus, l’opposition a d’ores et déjà réagi en critiquant cette décision.

Si cinq ans plus tôt le chef de l'Etat rwandais avait laissé entendre que ce serait un échec de ne trouver personne pour le remplacer à la fin de son mandat, sa position a bien changé. Sa décision de briguer un troisième mandat semblait inéluctable depuis le début du processus de révision de la Constitution

D'abord en juin, quand les autorités annoncent avoir reçu des pétitions de citoyens. Ce sont plus de 3,7 millions de Rwandais qui auraient demandé une réforme de la Constitution pour permettre au président Kagame de se maintenir au pouvoir.

Une révision de la Constitution présentée par les autorités du pays comme initiative populaire, mais très critiquée par la communauté internationale qui doutent de l'engouement des Rwandais. En novembre, c'est le Parlement, dominé par le FPR, le parti présidentiel, qui vote la réforme de la Constitution. Cette modification fait alors sauter le verrou des deux mandats autorisés.

Référendum

Dix jours plus tard, le texte est soumis à référendum. Un délai court, dénoncé par l'opposition, qui renonce alors à faire campagne pour le « non ». C'est donc le « oui » qui l'emporte à plus de 98%. Une approbation qui permet en théorie à Paul Kagame de diriger le pays jusqu'en 2034.

Pour Frank Habineza, président du Parti vert, parti d'opposition au Rwanda, cette annonce est donc la suite logique des manœuvres du parti au pouvoir. « Nous ne sommes pas surpris car cela arrive après le référendum, rappelle-t-il. Nous pensons maintenant que nous allons plus nous concentrer, nous assurer que les gens prennent connaissance de nos idées et leur faire comprendre l’importance de la démocratie. »

Frank Habineza veut en profiter pour mettre son parti en ordre de bataille et insister sur les principes démocratiques. « Maintenant que Paul Kagame a obtenu la possibilité de briguer un troisième mandat, nous allons faire en sorte que la liberté d’expression soit respectée, notamment au niveau des médias et que les partis politiques puissent participer dans de bonnes conditions à ces élections. Donc nous allons travailler sur toutes ces difficultés. C’est un processus qui est en cours au sein de notre parti », assure le président du Parti vert.

Contradiction

Boniface Twagirimana, le vice-président du parti d'opposition les Forces démocratiques unifiées (FDU), considère quant à lui que l’attitude du chef de l'Etat rwandais est en contradiction avec ce qu'il reprochait justement à ses prédécesseurs.

« Chaque président qu’il y a eu au Rwanda a cette habitude de rester au pouvoir jusqu’à ce qu’il soit expulsé par la violence, nous regrettons donc vraiment que le FPR abonde dans le même sens, alors que le pouvoir en place de Kagame critiquait ça des régimes précédents », insiste-t-il.

« On avait vraiment l’espoir que le FPR songeait à la démocratie, songeait à la transmission du pouvoir dans la paix, déplore-t-il. Alors maintenant vous voyez que le FPR ne s’intéresse pas aux principes de la démocratie. Il veut maintenant instaurer une monarchie dans une République où le président Kagame va s’accrocher au pouvoir jusqu’à la fin de sa vie. Ce n’est pas seulement le Rwanda qui est en danger, mais toute la région. »
RFI
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