
La présence de Moïse Katumbi, qui est arrivé immédiatement après le Secrétaire d’Etat américain John Kerry, a suscité une série d’interrogations, non seulement par le fait qu’il y aurait été invité en tant que Gouverneur de la province du Katanga qui n’existe plus, mais aussi par rapport à l’importance de ce forum et de la matière dont elle traite qu’est la sécurité. D’ordinaire, ce genre de forum concerne les Etats et les organisations appropriées. L’on s’étonne que la RDC, qui occupe pourtant une position stratégique au cœur de l’Afrique et qui fait partie d’une zone géographique – les Grands Lacs - très sensible en matière de sécurité, n’aie pas été invitée à ce forum qui s’est tenu dans une période où le sujet de la sécurité, par rapport à la montée du terrorisme avec le jihadisme, est des plus lancinants.
Les commentaires et les interprétations peuvent aller dans tous les sens en cette période plutôt suspecte où les occidentaux se livrent à des gesticulations tout aussi suspectes sur la RDC. C’est le cas des récentes déclarations des Américains, des Belges (européens) et des Français sur des questions internes à la RDC. Ce rapprochement est d’autant plus suspect que lors du débat sur la RDC à la Commission sénatoriale des Affaires étrangères des USA, un participant était allé jusqu’à solliciter le retrait, entre autres, de l’appui sécuritaire américain en RDC en cas de dépassement des délais constitutionnels du mandat présidentiel.
Katumbi doit s’expliquer
Si l’on ajoute à ce tableau la connivence avérée entre les occidentaux, surtout les Américains, et des radicaux de l’opposition et de la société civile à travers la rencontre stratégique de l’Ile de Gorée au Sénégal, l’analyse peut aller plus loin dans la recherche de l’explication de la présence de Moïse Katumbi en Allemagne, aux côtés des grands de ce monde, pour traiter des matières sécuritaires censées être abordées par les Etats. Libre aux Occidentaux de faire leur casting sur les acteurs politiques congolais en perspective des prochaines élections, même si l’on peut s’interroger sur cet intérêt particulier pour des élections qui sont un moment de souveraineté d’un Etat. Mais il restera que Moïse Katumbi devra être interpellé pour s’expliquer, au besoin devant la justice, au niveau national ou provincial (à l’ex-Katanga) au moins, sur la liberté qu’il a prise en usurpant le titre de Gouverneur pour participer à un forum réservé aux Etats et aux personnes ressources d’autorité et de notoriété indiscutable et, au plus, sur la liberté qu’il a prise en acceptant de se rendre à une rencontre d’Etat.
Depuis quelques temps, l’ancien Gouverneur de l’ex-province du Katanga se distingue par un activisme qui frôle la provocation afin de s’attirer la commisération de l’opinion tant nationale qu’internationale. Des simples déclarations à certaines initiatives, tout, dans son comportement, indique qu’il cherche une confrontation avec le « pouvoir » pour asseoir, de sa personne, une stature d’homme d’Etat qu’il recherche désespérément.
Mais il reste une chose : personne n’a le droit de badiner avec les affaires d’Etat.
[Yvon RAMAZANI]
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