
La raison reste la raison et la vérité finit toujours par triompher. Dans cette avalanche de déclarations politiques appelant au soulèvement populaire en se basant sur une compréhension et une interprétation erratiques de l’article 64, les opposants eux-mêmes savent que seules les élections peuvent conduire à l’alternance. Et qu’en dehors des élections, toute autre voie est la consécration des logiques chaotiques ou impérialistes en RDC.
La Constitution de la RDC est très claire et demande aux Congolais d’empêcher à un individu ou à un groupe d’individus qui veulent saisir le pouvoir par la force. La Loi fondamentale congolaise est aussi équilibrée dans la mesure où elle protège également le Chef de l’Etat en exercice contre un éventuel coup d’Etat. Voilà deux déclarations de première importance faites par Vital Kamerhe le soir du mercredi 27 janvier 2016 à Paris au cours d’un débat initié par le think tank français Synopia. Le Président de l’UNC a également fait des déclarations en rapport avec son rejet du dialogue en vue, promettant de mobiliser les Congolais pour exiger le départ de Joseph Kabila, soupçonné de vouloir se maintenir au pouvoir, et s’inscrivant en faux contre toute stratégie de certains opposants qui promettent de déférer le successeur de M’zee devant la Cour pénale internationale, CPI. A son sens, l’opposition devrait plutôt rassurer Joseph Kabila qu’il y a bien une vie après la présidence de la République.
La lucidité et le tact font entendre leur voix
Cette déclaration tombe à un moment crucial où les opposants et activistes des droits de l’homme réunis au sein du « Front citoyen 2016 » dont Kamerhe est lui-même membre, ne jurent que par le soulèvement populaire pour chasser Kabila du pouvoir ou par des moyens apparentés à la rébellion. Tout ceci sur pied d’une mauvaise interprétation de l’article 64. Dans la presse congolaise, les sorties médiatiques des membres du « Front citoyen 2016 » ou de ceux qui pensent comme eux ou qui les soutiennent, les publications dans les réseaux sociaux notamment à travers facebook, yahoo et twitter, les défenseurs de la thèse du chaos justifiaient aussi leur acharnement contre le régime en place sur base de la mauvaise interprétation dudit article.
La Conférence épiscopale Nationale du Congo (CENCO), dans son message « Faut-il encore que le sang coule en RDC » du 24 novembre 2015, a même eu à citer cet article en son point 7. Réagissant à tout ce qui se préparait en RDC sur base de cette disposition constitutionnelle, Le Procureur Général de la République, Flory Kabange Numbi, a, au cours d’un point de presse organisé le mercredi 2 décembre 2015 à Kinshasa, mis en garde tous ceux qui se serviraient du prétexte du dialogue politique s’appuyant sur l’article 64 pour inciter la population à la violence. Expliquant cette disposition constitutionnelle pour lever toutes les ambiguïtés, il a promis que les incitateurs de la population aux actes de violence seraient passibles de peines prévues par loi.
Le PGR a subi une campagne médiatique et virtuelle où il était pris à partie pour avoir apporté cet éclaircissement à l’opinion nationale.
L’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco) d’Honoré Ngbanda ne cesse de faire l’apologie de la violence, du soulèvement populaire pour déchoir à tout moment Joseph Kabila. Et d’après des sources sûres et concordantes, l’Apareco et d’autres ex-militaires des forces armées zaïroises seraient en train de préparer à tout moment des opérations militaires pour évincer le Raïs de la présidence.
Le sort des manifestations visant la déchéance hâtive du régime en place
Il se trouve qu’une des conséquences de cette prise de conscience d’une partie de l’aile dure de l’opposition sera indubitablement la division au sein d’elle au sujet des questions touchant à la matérialisation des manifestations visant la déchéance hâtive de l’actuel Chef de l’Etat avant la fin de son mandat en cours. A moins que Vital Kamerhe ait parlé avec hypocrisie ou se soit servi de la supercherie pour distraire le régime Kabila. Le rêve des opposants durs, en effet, en dépit de leur attachement aux élections à organiser dans les délais constitutionnels, a toujours été de confisquer le pouvoir par la force en exécution de la mission leur confiée par leurs maîtres occidentaux dont le rôle occulte et pernicieux contre le régime congolais est connu.
Comment, dès lors, comprendre que Vital Kamerhe fait une telle déclaration alors que le Front citoyen 2016 a programmé des manifestations cette année ? Déjà, tous les alibis étaient bons pour déchoir Joseph Kabila avant la fin de son mandat. Les manifestations du 19 au 21 janvier 2015, nées à partir d’une imposture racontée au peuple alors que la question du troisième alinéa du huitième article du projet de loi électorale était un faux problème, sont une illustration éloquente de cette volonté d’abréger le temps au pouvoir du successeur de M’zee. Toujours est-il qu’avant Vital Kamerhe, aucun opposant n’a bien interprété l’article 64 de la Constitution en vigueur au Congo. En l’interprétant comme il l’a fait, Vital Kamerhe a ôté, aux opposants, toute allégation de planification et d’organisation des activités de déchéance précipitée de Joseph Kabila, autrement ce serait violer le fameux article.
[Samy BOSONGO]
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