Le deuil au Cameroun est un grand événement qui se fête comme on célébrerait un mariage ou tout autre événement. La tradition camerounaise veut que la personne défunte soit enterrée au village, sauf si de son vivant, elle avait décidé autrement. En retour, la famille gagne en honneur. Car l’enterrer en ville, c’est un crime de lèse majesté. Des critiques fusent, " c’est une famille pauvre ", " on l’a jeté "… Pour éviter d’être la risée des gens, la famille éplorée se voit obligée de mettre des moyens pour faire face aux différentes dépenses liées à l’organisation du deuil. Afin que les gens disent " c’est un grand deuil ", ou " tout s’est bien passé ".
Au nombre des mœurs qui frappent l’esprit du visiteur au Cameroun, ce pays d’Afrique centrale, il y a l’organisation du deuil. S’il est vrai que la mort est un événement toujours triste, le dernier hommage à un à un être cher est une occasion de fête grandiose au pays de Paul Biya. Compte tenu de la conjoncture et en prévision des funérailles d’une grande envergure, les Camerounais souscrivent à des assurances destinées aux obsèques.
A défaut d’une assurance, ils souscrivent à des tontines ou à des réunions des familles qui préparent les obsèques. Ce qui fait que ces réunions prospèrent parce qu’il y a la solidarité pour qu’en cas de décès, la personne ait droit à des funérailles tape-à-l’œil et qu’en retour, la famille gagne en honneur.
LA MORT A ATTEINT UNE CERTAINE " IMBECILITE "
De la manière dont on célèbre le deuil, l’on est tenté de dire que le commerce de la mort a atteint une certaine " imbécilité " au Cameroun. Malade, la personne peut manquer de quoi se faire soigner. Comme c’est un événementiel, les occasions de deuil, c’est pour venir manger et boire. Ce qui fait que la famille doit faire face à des dépenses telles que la location des chaises, des tentes, des véhicules, les services de croc mort, voiture de sécurité pour le cortège ainsi que faire appel à des pleureuses, l’achat du caveau, des porteurs du cercueil. Ce n’est pas tout. Il y a aussi la confection des T-shirt, des pagnes uniformes, des fleurs confectionnées avec un message et des badges à l’effigie du défunt. La moyenne de jours requis pour enterrer quelqu’un est de 2 semaines. Selon les possibilités de la famille, on peut faire le deuil durant un ou deux mois, voire plus. Pendant tout ce temps, des séances de prière et recueillement sont organisés au domicile du défunt. Après l’inhumation c’est un repas copieux qui est servi. Tout cela à charge de la famille éplorée, si bien que si elle n’a pas de moyens, elle se retrouve criblée de dettes parce qu’il y a même des banques qui s’en sont mêlées.
DES FEMMES DITES PLEUREUSES
La famille peut faire appel à une équipe des pleureuses, c’est-à-dire, des femmes qui n’ont aucun lien avec la famille. Après avoir ingurgité la bière, elles sont là, à jeter des cris, à pleurer sous toutes les formes africaines, de regretter le défunt ou la défunte par pleurs en sanglot, des roulades à même le sol. Cela pour prouver que le défunt ou la défunte a, de son vivant, été aimé (e). Avant de se présenter au lieu du deuil, elles s’informent sur le défunt (son nom, sa famille, son travail, etc).
L’activité a tellement prospérer que ces femmes se sont constituées en associations. Le montant varie selon le rang de la personne ou de la famille en fonctions des éléments recueillis.
Outre des pleureuses, il y a aussi des chorales qui y sont associées.
Selon les moyens financiers dont dispose la famille, on peut louer un protocole " digne de son nom " composé des jeunes gens, bien bâtis, en tenue solennelle de cérémonie chargés d’accompagner le cortège et de transporter le cercueil de la morgue aux différents lieux (église, domicile familial, village ou tombe).
ENTERREMENT
Généralement, l’inhumation se fait dans la stricte intimité familiale. Il n’y a que ceux qui choisissent d’assister parce qu’il y a des rites pour des initiés. Après l’enterrement, c’est la grande fête au cours de laquelle un repas copieux est servi. Les tentes sont dressées et réparties selon les classes sociales.
Dina BUHAKE, de retour du Cameroun
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