Une marche de la Société civile en RD Congo est prévue pour ce samedi 5 mars à Kinshasa. Soit dans 48 heures. Cependant, à deux jours de son effectivité, cette manif appelée " Marche pour la paix ", fait grand polémique dans les rues de Kinshasa. Les discussions ne portent ni sur le contexte ni sur l’opportunité de cette marche. Plutôt, sur la véritable identité politique des organisateurs de la marche de ce samedi.
Quiconque a suivi hier dans la matinée, la tranche d’animation libre à téléphone ouvert sur la télévision privée 2AS TV, aura tout compris. L’émission a été exclusivement centrée sur la manif de la Société civile prévue pour ce week-end. "Que pensez-vous de l’organisation de cette marche ?" C’est donc cette question ouverte, l’unique d’ailleurs, que la présentatrice de l’émission a posée à ses téléspectateurs. Et, comme s’ils avaient tous reçu une piqûre épidermique, des centaines de téléspectateurs se sont bousculés sur la ligne, au point de l’encombrer.
Dans ce qui avait l’air d’une pluie de réponses, certains ont jugé inopportune la marche de ce samedi. D’autres l’ont soutenu. Dans l’un et l’autre camp, les arguments n’ont pas manqué. Ceux qui sont contre cette marche ont pensé que l’initiative tombe comme un cheveu dans la soupe. "Pourquoi une marche de la paix, comme si le pays connaissant un nouvel épisode de guerre ? " s’interrogent les partisans du " Non ". Selon eux, la seule initiative soutenable dans le contexte actuel du pays est celle qui irait dans le sens d’encourager la tenue effective du Dialogue politique, avec la participation de tous les protagonistes. C’est donc ça, le plus important à retenir après avoir procédé au recoupement de différents points de vue contre la manifestation de la Société civile.
Par contre, le camp adverse pense que le moment se prête justement à l’organisation des manifestations pacifiques de rue, aussi bien à Kinshasa que dans les autres principales agglomérations du pays. En plus du fait que le droit à la manifestation soit garanti dans la Constitution du 18 février 2006, les Kinois qui soutiennent la marche de ce samedi estiment qu’elle fait partie des actions de lobbying à mener. Objectif : contraindre les acteurs politiques, protagonistes de l’impasse actuelle, à penser à la République et, non pas à leurs intérêts gloutons et partisans.

A CHAQUE CAMP POLITIQUE SA SOCIETE CIVILE
Aux deux camps précédents, s’ajoute un troisième plus majoritaire. Celui des personnes qui ont douté de la neutralité des organisateurs de ladite marche. Ces Kinois ne croient plus un instant en une Société civile qui soit véritablement neutre. Et donc, un arbre au milieu du village. Bien au contraire. Pour ces Kinois, la Société civile actuelle en RD Congo n’est qu’un triste héritage du régime du défunt le maréchal Mobutu. " En lieu et place d’un groupe de pression, les associations et regroupements membres de la Société civile en RD Congo se sont transformés en caisses de résonnance des hommes politiques ", renchérissent les auteurs de la critique.
Au-delà de tout jugement de valeur que l’on peut porter sur la Société civile en RD Congo, l’histoire encore récente renseigne que l’inféodation des mouvements associatifs en RD Congo tire ses origines des années troubles du pouvoir de l’Homme du 24 novembre 1965. Précisément au début de la décennie 90. Les Zaïrois d’alors se souviendront de mémoire de la Société civile sous la conduite de feu le Dr Numbi. Le président Mobutu ayant compris que la Société civile constituait une véritable force, avait fini par créer sa propre Société civile pour faire le contrepoids à regroupements et associations à l’origine apolitique et réputés groupes de pression. Depuis, les deux Sociétés civiles ont vécu l’une à côté de l’autre.
Par conséquent, l’idéal de leurs luttes divergeait aussi. C’est donc, depuis ces années-là que la véritable Société civile " mourrait " en République du Zaïre.
Plus de deux décennies après, les Congolais attendent avec impatience la naissance d’une Société civile qui ne soit sans aucune coloration politique. Certains observateurs affirment que même les Eglises n’ont pas réussi à s’échapper de l’emprise du politique. Chaque acteur politique en RD Congo a son Eglise. Et chaque Eglise a sa préférence ou son acteur politique. Dans ces conditions, la conséquence ne peut qu’être fatale. Si déjà, les Eglises censées être le socle d’une véritable Société civile, sont aliénées par le politique, qu’en serait-il d’autres " associations alimentaires ", créées parfois sans objectifs clairs ? Compte tenu de toutes les critiques formulées à ce jour, plus d’un analyste de la situation se demande s’il est tard de refonder une nouvelle Société civile, gardienne des valeurs républicaines et une véritable force au service de la nation. Rien n’est impossible. Cependant, la déshérence dans laquelle vivent la plupart des acteurs de la Société civile justifie l’atomisation tant décriée de cette structure.
Laurel KANKOLE
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