
Ci-dessous, l’intégralité de ladite analyse.
Etat des lieux
A quelques mois de la fin du deuxième et dernier mandat du Président de la République et des institutions issues des élections controversées de 2011, il est presqu’établi que les élections présidentielles et législatives ne seront pas organisées dans le délai constitutionnel. Pire, depuis 2006, il n’y a pas eu d’élections provinciales. De ce fait, le pays ne connaîtra pas sa première alternance au sommeil de l’Etat.
En fait, l’absence manifeste de volonté politique du pouvoir en place d’organiser l’élection de son successeur dans le délai constitutionnel s’affirme effectivement. Cette attitude se confirme par le non financement du processus électoral durant les cinq dernières années. Et pourtant avec un budget national de moitié à celui de l’actuel gouvernement, le gouvernement MUZITO avait organisé les élections présidentielles et législatives avec un financement de 90% sur fonds propres. Pour cela, la cadence électorale ne sera pas respectée avec tous ses effets collatéraux.
Bref, un dispositif a été mis en place pour conserver le pouvoir le plus longtemps possible contre la volonté du peuple souverain et au mépris des dispositions constitutionnelles. Cet état de choses prédispose le pays à subir l’application du tenant de cette hypothèse. Donc, le président de la République perdra sa légitimité démocratique. Sauf qu’à cette date, il n’y aura pas de président élu revêtu de la légitimité à la fin du mandat du sortant. La crise de légitimité sera évidente avec ses effets d’entrainement régulier d’une république dite démocratique.
Environnement
La grande majorité du peuple congolais tient à la constitution de 2006, notamment au respect du nombre des mandats et aux élections à tous les niveaux dans le délai constitutionnel.
Bien plus, depuis plus de trois ans, les émissaires occidentaux soulignent la nécessité absolue de l’alternance démocratique dans le délai constitutionnel.
La forte implication de la communauté internationale
La position géostratégique, les diverses potentialités économiques, les conséquences des différentes guerres d’agression et bien d’autres facteurs militent en faveur d’un regard attentif de celle-ci pour bien gérer surtout les sous régions des Grands Lacs et de l‘Afrique centrale.
Le déficit de culture politique pour la plupart des acteurs politiques et l’encerclement des institutions ne permettent pas à celle-ci de lever l’option afin de résoudre cette crise qui pointe à l’horizon. A mon analyse, ils sont regroupés dans quatre groupes principaux à savoir :
Le premier groupe prône un schéma révolutionnaire.
Le deuxième groupe dispose des moyens et se prépare en conséquence. Il exige les élections dans le délai.
La troisième tendance regroupe ceux qui ont des moyens et sont au pouvoir, ils veulent le statut quo.
La quatrième tendance est constituée de ceux qui n’ont pas des moyens toutes tendances confondues, qui soutiennent le principe d’alternance et exigent une transition pour leur permettre de disposer de temps et des moyens afin de faire face aux vraies élections démocratiques.
En plus de ces catégories, il y a des potentiels candidats présidents de la République qui cherchent à améliorer leur valeur marchande pendant cette période. Voilà la difficulté majeure qui cristallise cette crise.
Problématique
A défaut de la légitimité des urnes donc démocratique, il nous faut en ce moment « la légitimité consensuelle », gage de la stabilité et de la poursuite d’un processus électoral fiable et inclusif. De ce fait la « légitimité consensuelle » reste le seul dénominateur commun. Il est à noter que les élections ont leurs exigences auxquelles il faut faire face. Pour cela, le dialogue reste et demeure la voie royale pour régler la crise de légitimité au sommet de l’Etat.
Ce dialogue permettra également de résoudre les questions que les acteurs politiques ne veulent pas dire à haute voix.
Le manque des moyens pour s’assurer une victoire aux élections démocratiques.
La nécessité indispensable de la requalification de la direction de la centrale électorale.
La responsabilité de la gestion de deux mandats constitutionnels de Joseph Kabila.
La gestion des services et entreprises clés avant lesdites élections.
Voie de sortie
Au mois de mai 2016, la transition négociée reste la seule voie de sortie de crise volontaire pour relancer le processus électoral qui demeure indispensable et pour sauvegarder le cadre institutionnel issu de l’accord global et inclusif de Sun City. Il y a lieu de souligner qu’au 20 décembre 2016, toutes les institutions de la République seront illégitimes. Pour ce faire, nous proposons les éléments suivants comme piliers de la transition:
Un dialogue pour la mise en place des modalités pratiques de cette transition et la relance du processus électoral.
La sauvegarde du cadre institutionnel issue de l’accord global et inclusif (l’actuelle Constitution).
La protection de Joseph Kabila après la transition moyennant un arrangement particulier.
Le principe d’une courte transition (12 mois) à partir du 11 juin 2016.
La gestion Consensuelle de certains services et établissements publics de l’Etat pendant la transition.
La requalification de l’équipe dirigeante de la CENI.
Le principe d’insertion des sanctions pénales contre le président de la République, le chef du gouvernement les deux présidents des chambres législatives si les élections ne sont pas organisées dans le délai prévu pour la période de transition et après ladite transition.
Conclusion
La RDC pèse de 24 mille milliards de dollars sur le plan minier. L’accord global et inclusif de Sun City est le fruit d’un large consensus. Cette proposition de voie de sortie de crise est un mal mineur pour un bien majeur pour le peuple congolais.
Fait à Kinshasa, le 30 mars 2016