Six ans après son départ controversé du pouvoir, Joseph Kabila tente un retour politique audacieux. Mais son message du 23 mai 2025, diffusé depuis Johannesburg, soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses sur l'avenir de cet acteur-clé de l'histoire récente de la RDC.
Un héritage en sursis
L'ancien président (2001-2019) laisse derrière lui :
✔ Des succès historiques : Réunification post-conflit, stabilité relative, croissance économique
✖ Des échecs cuisants : Tentative de 3e mandat, corruption endémique, délitement sécuritaire à l'Est
◼ Un paradoxe : Architecte de la démocratie congolaise devenu symbole de son dévoiement
Les trois scénarios possibles
Le come-back politique (20% de probabilité)
Mobilisation de son réseau FCC encore présent dans l'armée et l'administration
Possible alliance avec d'autres oppositions avant 2028
L'irréversible déclin (50%)
Jeunesse urbaine hostile (70% de la population a moins de 25 ans)
Perte d'influence face à Tshisekedi consolidé
Le rôle d'éminence grise (30%)
Médiation dans les crises régionales
Positionnement comme gardien de la stabilité
Les obstacles majeurs
Défi générationnel : 64% des Congolais sont nés après son accession au pouvoir
Crédibilité économique : Son bilan est associé aux "contrats chinois" controversés
Mémoire des violences : Répression des manifestations de 2016-2018 (100+ morts)
« Kabila joue sa dernière carte. Mais le Congo a changé : l'électorat veut des comptes, pas des nostalgies », analyse le politologue Christian Moleka.
Ce que révèle son silence
Son absence physique prolongée (exil sud-africain depuis 2023) trahit :
Une base politique érodée
Des soutiens internationaux distants
La peur d'une arrestation pour corruption
Signe révélateur : Seule la RTNC (télévision publique) a relayé son message - les médias privés l'ont largement ignoré.
L'équation de 2028
Les calculs de l'ancien président doivent intégrer :
✓ L'émergence de nouvelles forces politiques (Moïse Katumbi en tête)
✓ Une opinion publique plus exigeante sur la gouvernance
✓ Le spectre de poursuites judiciaires
« Son meilleur atout reste la fragmentation de l'opposition. Mais est-ce suffisant ? », s'interroge un diplomate européen.
En conclusion :
Ce retour semble moins une menace immédiate pour Tshisekedi qu'un baroud d'honneur. La vraie question n'est pas si Kabila peut revenir, mais si le Congo a encore besoin de lui. Avec une croissance démographique galopante et des attentes sociales explosives, la réponse pencherait vers non.
(Données : UNDP RDC 2024, Afrobarometer 2025)