
Il faut également souligner la sagesse ayant conduit nos Députés à vouloir sortir, à un certain niveau, cette question importante d’une polémique qui prenait une ampleur susceptible de conduire à des affrontements difficilement contrôlables’’. Plus loin, dans cette même analyse, Kajepa Molobi qui, au passage, salue le courage de ces Députés de l’Opposition, estime, par ailleurs, que pour ‘’civiliser le débat, il fallait, finalement, s’adresser à l’arbitre constitutionnel, l’unique instance du pays qualifiée en la matière, qu’est la Cour Constitutionnelle, pour trancher. Mais là où la classe politique monte d’un cran de plus et démontre tant à l’opinion congolaise qu’aux observateurs du monde entier, sa maturité, c’est lorsque plusieurs Députés de l’opposition se joignent à la démarche de leurs compatriotes de la Majorité’’. A lire de près le texte, ci-dessous, Kajepa Molobi se veut clair comme un verre d’eau dans une roche. Il lance, ici, un appel à la prise de conscience afin que l’intérêt supérieur de la nation prime sur des considérations éparses.
Requête des Députés à la Cour Constitutionnelle
Lorsque la conscience conduit à l’unité !
*286 Députés sur 500, dont une soixantaine de l’opposition, ont déposé ce 18 avril 2016, devant la Cour Constitutionnelle une requête en interprétation des articles 70, 103 et 105 de la Constitution.
La démarche de ces élus de la nation vise à mettre un terme à la polémique qui s’est installée dans le microcosme politique congolais quant à savoir la véritable portée de l’alinéa 2 de l’article 70 de la Constitution. Cette importante norme stipule : «A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu».
Cet article a fait l’objet d’échanges contradictoires assez nourris.
Les tenants du départ, à tout prix, du Président actuel, avancent que le Chef de l’Etat devrait absolument abandonner ses fonctions, même si son successeur n’est pas encore connu. Il serait l’objet d’un empêchement définitif. L’intérim devrait, selon cette thèse, être assumé par le Président du Sénat.
Les partisans du Président estiment que l’esprit et la lettre de cet alinéa visent essentiellement à éviter toute vacance à la tête de l’Etat, ceci même en cas de non élection de son successeur. Pour les partisans de cette thèse, la non-organisation de l’élection présidentielle ne saurait constituer une cause d’empêchement définitif.
Certains autres spécialistes du droit estiment qu’aujourd’hui, personne n’est légitimée à revendiquer une présidence transitoire en raison du fait que le Président du Sénat, intérimaire prévu dans la Constitution, est, lui-même, en dépassement de délai.
C’est pour mettre un terme à cette divergence d’analyses, que les Députés de la Majorité ont initié le projet de solliciter de la Cour Constitutionnelle, organe habilité, une interprétation de l’article discuté.
Aujourd’hui, le point intéressant et rassurant ne réside pas dans le rappel de l’histoire de cette polémique, mais dans deux choses. Premièrement, la manière élégante à travers laquelle les Députés congolais, toutes tendances confondues, veulent régler ce problème. Deuxièmement, 60 Députés représentent plus du tiers de l’ensemble des Députés de l’opposition. Il y a là, un score sur lequel il faut méditer.
Il faut également souligner la sagesse ayant conduit nos députés à vouloir sortir cette question importante d’une polémique qui prenait une ampleur susceptible de conduire à des affrontements difficilement contrôlables à un certain niveau.
Pour civiliser le débat, il fallait s’adresser à l’arbitre constitutionnel qu’est la Cour Constitutionnelle. Mais là où la classe politique monte d’un cran de plus et démontre tant à l’opinion congolaise qu’aux observateurs du monde entier sa maturité, c’est lorsque plusieurs Députés de l’opposition se joignent à la démarche de leurs compatriotes de la Majorité.
Nous voyons, dans ce geste, un prélude très significatif au dialogue politique national inclusif annoncé. Il y a dans la démarche de nos Députés, l’expression de la volonté de régler nos divergences par l’arbitrage pacifique des Institutions que nous avons librement choisies.
Qu’une soixantaine de Députés de l’opposition aient rejoint leurs Collègues de la Majorité pour éviter qu’une polémique pseudo-juridico-intellectuelle n’enflamme les esprits, apporte, ici, une preuve incontestable de maturité politique.
Nous sommes heureux de constater que pour arriver à cette sage décision, les élus de l’opposition ont pris leur responsabilité et assumé leur rôle sans se référer aux pressions des extrémistes et de certaines chancelleries qui mettent tout en œuvre pour empêcher un quelconque rapprochement entre responsables congolais.
Quel que soit le contenu de l’arrêt qui découlera des débats de la Cour Constitutionnelle, la classe politique congolaise aura déjà remporté, rien que du fait de ce dépôt, une victoire éclatante. Elle a, en effet, démontré que les politiciens congolais peuvent soumettre leur différend aux instances officielles de leur pays sans écouter ni les extrémistes, ni les chancelleries spécialisées en la politique de «diviser pour régner».
C’est là, une ligne nouvelle dans laquelle il faudra persévérer. Car, quelles que soient nos contradictions entre les acteurs politiques, l’unité de la Nation congolaise doit triompher.