Le Président de la République, Joseph Kabila Kabange qui a appris avec une profonde tristesse le décès de l’artiste musicien Jules Shungu Wembadio, alias Papa Wemba, a instruit le gouvernement d’organiser pour lui, en concertation avec sa famille biologique et artistique, des obsèques dignes de ses mérites.
Dans un message lu dimanche sur les antennes de la télévision nationale et signé par son directeur de cabinet, le professeur Néhémie Wilondja Mwilanya, le Président de la République qui qualifie Papa Wemba « d’icône de la musique congolaise, africaine et même mondiale », présente ses condoléances à sa famille biologique et artistique.
PAPA Wemba décédé en plein concert à Abidjan
L’artiste chanteur, auteur et compositeur, Shungu Wembadio Jules, alias « Papa Wemba’’, une légende de la musique congolaise moderne, est décédé à Abidjan suite à un malaise survenu brusquement lors d’un spectacle livré dans le cadre du Festival des musiques urbaines (FEMUA) où il a été l’un des principaux invités.
Une voix ténor d’un lyrisme particulièrement passionnant pour certains, une voix rossignol pour les autres, Papa Wemba, jusqu’au moment où il s’éteint, n’a rien perdu de sa signature vocale au mieux, son identité musicale mondialement reconnue qui a traversé avec fulgurance et notoriété non seulement des générations de 7 à 77 ans, mais aussi des continents.
En outre, « Ekumanyi », « Nkuru Yaka » ou encore « Mwalimu » n’a rien perdu de ses performances scéniques, toujours entre deux âges, une gestuelle esthétiquement élégante, mesurée à l’image de ses aînés, en l’occurrence Kallé Jeef, Tabu Ley Rochereau, pour ne citer que ceux-là.
Porte-étendard de la musique et défenseur de la culture
De par ses rythmes et mélodies hautement raffinés ainsi que sa thématique aussi variée que diserte, Papa Wemba était le porte-étendard de la musique congolaise et africaine moderne voire folklorique. Il a défendu avec fougue la culture, nuit et jour sur tous les fronts jusqu’à son dernier souffle sur la scène abidjanaise, semblable à un militaire fauché sur le champ de bataille, l’arme à la main.
Il a emboîté le pas à d’autres modèles au niveau continental notamment Mori Kanté, Francis Bebey, Salif Kéïta, Manu Dibangu, Myriam Makeba, tous, ambassadeurs des valeurs culturelles africaines, qui sont devenus également patrimoine universel, allant d’une scène à une autre, d’un pays à un autre sans se lasser, appelés par la mission sacrée leur confiée.
Une carrière musicale fulgurante et une œuvre discographique immensément prolifique
Papa Wemba fait ses débuts en décembre 1969 au sein de l’orchestre Zaïko Langa Langa avec Jossart Nyoka, Pépé Felly, Evoloko Jocker, Mavuela Somo et autres, pour ne pas dire qu’il participe à la naissance du même groupe. Il marque le répertoire avec des tubes à succès notamment, « Meté la vérité » et « Chouchouna » bien que quatre ans plus tard, soit en 1974, il quitte Zaîko pour créer « ISIFI Lokole » avec Mavuela Somo, Bozi Boziana et Evoloko et se fait remarquer par la chanson tube de l’époque « Amazone » dédiée à son épouse
Moins d’une année après, soit en 1975, Papa Wemba claque la porte de « ISIFI Lokole » et va monter le groupe « Yoka Lokole » avec Mavuela Somo et Bozi Boziana où il lance un autre tube à succès titré « Matembelé Bangi ».
Cependant, la guerre de leadership étant le véritable tendon d’Achille au sein de groupes musicaux congolais, le rossignol finit par créer son label « Viva la Musica » en 1977 où il fut rejoint par Bipoli, Kisangani Espérant, Jadot le Cambodgien, Petit Aziza, plus tard par Emeneya Kester et Koffi Olomidé etc.
L’on note ici un succès foudroyant engendré par des tubes tels que « Mère supérieure », « Mabele mokonzi », « Bokulaka », « Ekoti ya nzube », « Aissa na zoé » sur fond de la danse « Mokonyonyo ».
Entre les années 1979 et 1980, il intègre l’orchestre AFRISA de Tabu Ley et y compose d’autres œuvres percutantes.
Donc, de 1977 jusqu’à ce jour, l’artiste n’a cessé d’étonner ceux de sa génération tout comme les jeunes artistes par ses créations discographiques immensément prolifiques somme toutes sans oublier le cinéma avec « La vie est belle » de Mwenze vers 1986.
Son succès et son talent le hissent au niveau de la World music
Au milieu des années 1990, grâce à la connaissance faite avec Peter Gabriel dans le cadre de son organisation RealWorld, Papa Wemba accède à la sphère de la world music. Il se produit avec un ensemble métissé sans compter son concert en 2003 au Zénith de Paris, un disque d’or, des tournées et invitations à plusieurs festivals ainsi que des rencontres musicales du monde.
Il a également collaboré avec beaucoup d’artistes africains dont Youssou N’dour, Alpha blondy, Angélique Kidjo, etc. Né le 14 juin 1949 à Lubefu, dans la province du Sankuru (ex. Kasaï-Oriental), Papa Wemba a fait ses études secondaires à l’école Pigier à Kinshasa.
Après le décès de ses parents, il a orienté sa vie vers la musique. Des témoignages fusent de partout sur sa personne notamment Koffi qui dit « j’ai refusé d’y croire mais c’est la vérité, le luxe n’est rien, évitons ce qui nous divise. Au revoir Grand Frère, eza nzela ya biso nyonso… ».