La Conférence de presse du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RD Congo, Maman Sambo Sidikou, était modérée par Charles Antoine Bambara, Directeur de la Division de l’Information publique de la MONUSCO et Félix Prosper Basse, porte-parole de la MONUSCO.
Question 1
Marthe Boswandole/ Agence France Presse : Ma question, c’est par rapport au problème d’abus sexuels. C’est vrai vous veniez de le dire, les enquêtes se poursuivent. Mais est-ce qu’on en peut savoir un peu plus, combien de victimes y a-t-il, y compris celles qui demandent la paternité? Ets-ce que la Tanzanie est d’accord ou s’est prononcée pour poursuivre ces Casques bleus ?
Et si vous le permettez, par rapport à la coopération militaire entre les Casques bleus et les FARDC, est-ce que le progrès dont vous parlez ou le début de reprise de coopération, c’est à quel niveau, avez-vous déjà commencé à traquer les FDLR ou on est encore dans les tractations ?
Question 2
Aaron Ross/ Reuters : Dans une lettre, le G7 a écrit hier à la MONUSCO, pour lui demander que la MONUSCO prenne des mesures pour assurer la sécurité de Moïse Katumbi, ils estiment qu’il y a des menaces contre lui. Il y a par exemple l’arrivée des chars à Lubumbashi, il n’y a pas longtemps, et aussi des exemples de harcèlements qu’ils ont constatés ?
Juste une petite question, quelle est la réponse de la MONUSCO par rapport à cette requête ?
Et aussi plus globalement, est-ce que la MONUSCO est-elle inquiétée par l’arrivée des chars dans une zone qui n’est pas en guerre, à Lubumbashi plus précisément ?
Question 3
Patricia Panzu/ B-One TV : Monsieur le Représentant spécial, comment comptez-vous aider la RD Congo à pouvoir organiser les élections dans les délais constitutionnels et puis, vous savez que le pays risque de replonger dans la crise, s’il n’y a pas d’élections, est-ce que la MONUSCO a déjà prévu des mesures pour pouvoir juguler la crise si cela arrive ?
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : Merci chers amis pour vos questions. Je voudrais tout d’abord remercier Marthe de l’AFP, pour avoir commencé par la question sur les abus sexuels.
Je voudrais dire au nom de la MONUSCO, au nom du Secrétaire général [des Nations Unies] que nous regrettons profondément, les récentes allégations d’actes d’abus sexuels. Elles sont choquantes, ces allégations ; elles sont vraiment une honte pour les Nations Unies et les pays contributeurs des troupes également, dont les soldats sont présumés impliqués dans de tels actes.
Je peux vous assurer que nous suivons de très près ces cas, et nous ne ménagerons aucun effort pour diligenter les enquêtes en cours déjà, sur tous les cas conformément au règlement et procédures des Nations Unies.
La Tanzanie dans ce cas précis, dont les soldats font [l’objet de ces] allégations, a envoyé une équipe d’enquête également, donc nous menons une enquête conjointe.
Je peux vous dire -pour avoir discuté avec l’ambassadeur de Tanzanie [en RDC] et avec la Coordinatrice de l’amélioration de la réponse des Nations Unies sur les abus sexuels et [exploitation], Madame Jane Holl Lutte, qui en ce moment même est dans l’Est, avec le Commandant de la Force de la MONUSCO et d’autres collègues,- nous savons que la Tanzanie a toute une batterie de dispositifs au niveau de son armée pour sévir de la façon la plus exemplaire sur les cas d’abus sexuels.
Pour répondre plus directement à votre question concernant les cas, je dirai qu’à la date d’aujourd’hui, 18 cas ont été reportés, impliquant les éléments des contingents tanzanien, mais aussi malawite et sud-africain. On a un [cas] pour le Malawi et un [cas] pour l’Afrique du Sud. Onze des cas rapportés concernent des éléments du contingent tanzanien, mais le contingent précédent, celui qui est déjà parti et qui était ici jusqu’en juillet 2015. Sept concernent le contingent qui est en ce moment sur place, depuis septembre 2015.
Tous ces cas sont soit des présumés cas de grossesse ou de paternité des enfants déjà nés, et huit des victimes également [s’avèrent] être des mineures.
Dès que les allégations ont fait surface, la MONUSCO a pris les dispositions pour vite réagir, conformément à nos règles et procédures.
A titre d’exemple, en ce qui concerne les cas rapportés à Mavivi, à côté de Beni, la MONUSCO a été informée à travers son réseau des plaintes communautaires, parce qu’on a un réseau des plaintes communautaires, pour que les populations nous disent ce qui se passe. [C’était] vers le 23 mars, j’étais à New York. Notre équipe d’intervention a été déployée sur le terrain dans les 24 heures pour vérifier les faits, protéger les preuves et évaluer les besoins des victimes sur le plan de soutien et d’assistance.
Et puis, il y a eu des cas à Lubero. Nous avons reçu les allégations le 7 avril. Dès le lendemain, le 8 avril, notre équipe d’intervention immédiate était déjà sur le terrain.
A mon retour de New York, je suis allé tout droit à Mavivi moi-même avant d’arriver à Kinshasa, avec le Commandant de la Force et le Commandant de la Brigade d’intervention. Nous sommes allés, j’ai vu le camp militaire, j’ai fait le tour de tout le camp, j’ai rencontré le chef du village et des ONG, [avec mon équipe évidemment. Nous avons discuté de la question et j’ai réitéré devant la troupe que ceci est inadmissible.
Certes, nous avons comme partout des brebis galeuses qui jettent l’opprobre par leur inconduite sur une mission noble, mais quand quelque chose comme ça arrive, ça nous concerne tous et nous sommes tous quelque part fautifs, et il est important que rapidement des sanctions soient prises, après enquête bien entendu, et surtout que nous n’oubliions pas des victimes, parce que pour moi, il est essentiel que les victimes reçoivent l’assistance qu’il faut : assistance psycho-sociale, assistance médicale et que les victimes, y compris les enfants, ne soient pas oubliés.
Nous sommes en relation constante avec nos amis de l’UNICEF et du FNUAP, en vue d’apporter des soins médicaux de première urgence et d’assistance psychologique éventuellement aux victimes.
I would like to say here a question is about sexual and exploitation abuse, I am saddened, wouldn’t say chocked, but I am sure all of us understand what it means for the good name of UN and the noble mission MONUSCO is carrying out in this country.
We have cases of sexual and exploitation abuses, we won’t shy away from, spelling out what they are. We want put them on the carpet.
I would like tell you that we have eighteen cases just uncovered. Eighteen cases having to do with Tanzanian contingent, the most cases are of them, we have but also one Malawian and one South African.
We talk about cases of hardship of two thousand fifteen, we have impression that we have just one case we see here, but we back log of two thousand fifteen we just uncovering now.
We have seven regarding very recently, I mean the contingent arriving in September two thousands fifteen. And we have children and we have also women who are pregnant.
We have taken any measures to investigate, including joint investigation with Tanzanian Government.
And I have myself visited the area: Beni, Mavivi, went around military camp, discussed with the chief of village and community. And we are also looking into really provide which is very important assistance to the victims, through our friends of UNIECF, UNFPA to insure that psychological and medical support and over support are in place.
There is zero tolerance on sexual and exploitation abuse. Make no mistake about that. Sanctions will follow. Once everything is clear in terms of investigation.
We possibly can’t be seen as predators where we are here to protect civilians. This is simply unacceptable and I have some difficulty to talk about it, simply because when you are the father of the daughters, you know what I mean. So, let me stop about that, and say just say follow us.
The Deputy Force Commander is here with me. I can tell you because I was on the field with Force Commander we have strong ally in him, to ensure that discipline is installed, to insure that this is not repeated. We will do our utmost best to ensure that. Commandant Jean-Baillaud, vous avez quelque chose à dire sur la question ?
Commandant adjoint de la Force de la MONUSCO [Général Jean Baillaud] : Merci monsieur le Représentant spécial, je pense que la politique que vous avez exprimée, celle du Secrétaire général, est extrêmement claire. Et nous l’appuyons, nous l’exécutons fidèlement avec célérité. Mais nous allons aussi apporter l’exercice de notre commandement de l’autorité, et de la discipline militaire qui doit aussi participer à prévenir effectivement d’autres cas dans le futur.
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC [Maman Sambo Sidikou] : Merci bien Général. Maintenant si vous le permettez, je voudrais passer à la question, toujours de Marthe [de l’AFP] sur la coopération militaire, je suppose que d’autres voudraient aussi poser la même question, mais je voudrais juste la vider ici.
Comme je vous l’ai dit, c’est moi qui suis allé m’asseoir avec le Président Kabila et insister pour qu’on reprenne la coopération militaire. Puisqu’il y avait eu un hiatus d’à peu près un an et demi ou deux ans, je crois, si je ne me trompe.
La coopération a repris, mais le Général peut l’expliquer mieux, mais la coopération a repris dans la mesure où la planification est en cours Nos militaires sont ensemble de manière permanente et la reprise en ce qui concerne l’ADF, c’est évident, un petit hiatus dû à des rotations des troupes, je vous le dirai.
En ce qui concerne les FDLR, la planification est en cours également, les instructions ont été données.
Mais il s’agit des questions militaires, et moi j’ai toujours du mal à parler des questions militaires en public. Vous comprendrez parfaitement, nous faisons face à un ennemi vicieux, qui a ses plans aussi. Et je voudrais vous demander votre compréhension pour ne pas insister davantage sur la question.
Reuters [question 2] a parlé de la sécurité de Moïse Katumbi, j’ai parlé avec monsieur Moïse Katumbi je crois que c’était jeudi ou vendredi dernier, il était à Addis-Abeba, on s’est parlé au téléphone.
Je suis en contact avec toute l’opposition. Demain, je vois les autres, dimanche à 11 heures.
La sécurité a trait à l’espace politique, qui doit être donné à l’opposition ou tout acteur politique qui veut rencontrer ses militants, faire le tour du pays ou aller où bon lui semble dans ce pays, qui est son pays.
Ça c’est la responsabilité première d’abord du Gouvernement, sur la sécurité de chaque citoyen, y compris des hommes politiques. Je voudrais dire que, vous avez parlé des chars, moi ma compréhension de la chose, c’est que les chars y étaient pour autre chose, pas pour autre chose, pas pour monsieur Katumbi. Est-ce qu’on a besoin tellement de chars pour s’occuper un seuil individu.
Je crois qu’il faut que nous sachions aussi raison gardée par rapport à certaines choses, je n’ai pas ces informations-là que ces chars ont été là-bas pour lui.
Nous continuons à parler au Gouvernement et aux autres acteurs politiques, pour que le climat soit le plus serein, le plus apaisé possible, que les libertés soient respectées. C’est tout ce que je peux dire là-dessus. Et comme je vous ai dit, j’ai parlé à monsieur Katumbi sur les questions politiques de l’heure, très brièvement, nous nous reverrons.
Mais je crois que monsieur Kodjo va le voir incessamment également, et toutes ces questions-là seront discutées. Je n’ai pas reçu la lettre. En fait, je n’ai pas reçu de lettre de demande de protection. Elle est peut-être dans le courrier, j’espère que ce n’est pas par la poste qu’on l’a envoyée. Mais la poste en Afrique, que ce soit ici ou au Niger, dans mon pays, ça peut prendre du temps. Mais bon, vous feriez peut-être mieux de nous dire. Mais c’est ma réponse à votre question, ca.
Patricia [Question 3], comment aider [l’organisation des] élections dans les délais constitutionnels ? Si vous avez bien lu la [Résolution] 2277. Est-ce que vous avez vous avez bien lu la [résolution] 2277 maintenant ?
La 2277 est très claire soutenir la CENI pour la révision du fichier [électoral] et pour la logistique dans ce cadre. En ce qui concerne les élections elles-mêmes, lorsqu’on y arrivera, nous devons faire un rapport au Secrétaire général, qui fera au Conseil de sécurité pour dire les conditions sont en place du point de vue de liberté, du point de vue de la liberté d’expression, etc.
Je crois que j’ai quelque par-là le chapitre 8 de la résolution, nous devons rassurer le Conseil de sécurité que ces conditions sont en place et à partir de cela, on soutiendra. Mais en ce qui concerne le fichier électoral, nous avons déjà le feu vert du Conseil de sécurité.
Mais je voudrais vous dire que nous avons toujours encouragé les parties prenantes congolaises à s’engager dans un processus de dialogue inclusif. Depuis que je suis venu de New York, tout le monde me sort la 2277, que je suis moi-même en train de déconstruire pour m’en imbiber comme il faut.
J’espère que les gens lisent la 2277, ne s’accrochent pas seulement aux quatre chiffres. La 2277 dit : respect de la Constitution, y compris par rapport aux différents termes de quand est-ce qu’on va avoir
les élections, etc. mais aussi aller au dialogue messieurs les Congolais, mesdames les Congolaises, parce que c’est le dialogue qui permettra à ce pays de ne pas replonger dans les affres des tourments qu’il a connus depuis si longtemps.
Et la 2277, je rappelle, dit que le Conseil de sécurité soutient l’initiative de l’Union africaine de faciliter le dialogue. Et dans ce cadre, moi je parle au quotidien avec monsieur Kodjo. Hier nuit je l’ai appelé, il était à Brazzaville, là à côté et il revient demain. Et nous discutons pour savoir qu’est-ce qui dans ce qu’il dit ou ce qu’il ne dit pas, rassure ou ne rassure pas certains, parce qu’il y a toujours des malentendus.
Et ce que monsieur Kodjo dit n’est pas vraiment différent de ce que je dis par rapport à la 2277. Donc, je voudrais vraiment qu’on ne fasse pas de fétichisme par à des dates, ou par rapport à des chiffres, ou enfin par rapport à la résolution. Elle dit ce qu’elle dit. Relisez-la, relisez les différents chapitres et vous verrez que nous sommes sur la même longueur d’ondes.
L’ONU met un accent particulier sur l’importance du fichier électoral, parce que s’il n’y a pas de fichier, il n’y a pas d’élections. S’il n’y a pas de fichier crédible, il n’y a pas de transparence, il n’y a pas de crédibilité.
Et nous encourageons la CENI de travailler avec toutes les parties prenantes pour accélérer ce processus. Encore une fois, l’espace politique et le respect des droits de l’Homme sont importants pour la tenue des élections crédibles et inclusives.
Et nous, nous continuerons notre travail d’éveil en ce qui concerne les droits de l’Homme, en ce qui concerne les libertés. Nous les documenterons s’il y a des violations, nous les publierons, et nous prenons en témoin l’opinion nationale et internationale, et nous continuerons notre dialogue avec tous les partenaires, y compris –je me permets ici de le dire-, lorsque nous lisons que certains croient que si des jeunes descendent dans la rue, il y aura une révolution, etc.
Moi je veux bien qu’il y ait de révolutions dans tous les pays d’Afrique, mais attention à ne pas pousser les jeunes dans la rue, parce que ce sont les jeunes qui vont mourir et ce n’est pas vous.
Donc, je ne voudrais pas m’appesantir davantage, nous pourrons continuer les discussions bilatérales, si vous le voulez bien.
Patricia [question 3] de nouveau, les délais constitutionnels sont importants pour nous tous et j’ai discuté ces jours-ci avec des membres du Gouvernement, même au sommet, personne ne m’a dit que quelqu’un allait toucher à la Constitution. Lorsque nous le verrons, nous le dirons, nous le dénoncerons, parce que c’est ainsi, parce que la résolution est très claire.
Mais encore une fois, je ressemble à un disque rayé. J’ai dit il y a quelques temps, personne ne viendra le Congo à la place des Congolais, quel que soit les dispositions qu’on prendra ici et là, nous les
soutiendrons. Mais il faut que ce dialogue se tienne, il faut que les gens se parlent pour ne pas accentuer l’instabilité et tout ce qui se passe dans l’Est en particulier, que le Général Baillaud et ses compagnons, et que les FARDC essaient de redresser.
Bon voilà, je voudrais m’arrêter là sinon, je deviens motivé et passionné par rapport à ça, vous comprendrez pourquoi.
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