La responsabilité du journaliste en période de crise au cœur d’un colloque national au Cepas
La célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse a coïncidé, à Kinshasa, avec l’ouverture du colloque national de la presse congolaise, hier mardi 3 mai 2016 dans la salle Révérend père Boka au Cepas, à Gombe, autour du thème : « La liberté de l’information et la responsabilité du journaliste en période de crise ». Organisée par l’ONG « Journaliste en danger »( JED), cette session qui va réunir, durant 3 jours(3-5 mai), des professionnels de la presse, de la justice, des décideurs politiques ainsi que des chercheurs, a, selon Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de JED, pour objectif de susciter à la fois un sursaut éthique et un surcroît d’esprit de responsabilité sur la déontologie de l’information, afin qu’elle soit dorénavant prise à bras le corps par les journalistes dans l’exercice de leur métier, et ce, en vue principalement de renforcer ou de rétablir la confiance des citoyens envers les médias.
Dans son mot d’introduction, le président de l’Union nationale de la presse congolaise(UNPC), Joseph Boucar Kasonga Tshilunde a, en marge de cette journée, plaidé pour la dépénalisation des délits de presse et rappelé la nécessité de l’adoption formelle de la Loi sur l’accès à l’information.
Défenseur de l’amélioration des conditions des journalistes, Kasonga Tshilunde a stigmatisé les difficultés de fonctionnement des organes de presse, jusqu’à ce jour sevrés des aides directes et indirectes,
pourtant prévues par la loi depuis 35 ans.
Il a dénoncé les médias « ligablo » et milité pour la signature des contrats de travail dans les organes de presse. Puis de souligner les appels de l’OMEC et l’UNPC pour l’amélioration qualitative des contenus médiatiques pour lesquels les deux organisations ont institué le prix Lucien Tshimpumpu. Il a à cet effet sollicité des partenaires
et du gouvernement les contributions pour pérenniser ce prix et aider la presse congolaise à prendre résolument le chemin de la qualité. Relayant, pour sa part, le message de la Directrice générale de l’UNESCO, le président de l’OMEC, Polydor Muboyayi, a appelé à l’union en faveur de la défense et de la promotion de la liberté de la presse et du droit d’accès à l’information.
Quant à l’autorité de régulation, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), représentée son président, Tito Ndombi, ce dernier a indiqué que le thème choisi par ce colloque n’est pas fortuit. Car, c’est souvent durant les périodes de crise que le professionnalisme est dilué. « Facilement le journaliste ôte son habit d’indépendance et d’impartialité pour vêtircelui de propagandiste. Ce colloque est une occasion de montrer aux journalistes le comportement, l’attitude à adopter pendant les
périodes sensibles, afin d’affermir l’image d’un journalisme
responsable», a-t-il martelé.
Enfin, il a insisté pour que les échanges soient une occasion pour
les journalistes de s’approprier les lois, code et autres textes
régissant la profession, afin de leur permettre de faire leur travail
de manière professionnelle et éviter des écueils.
Etat des lieux
A en croire JED, la RDC occupe la 152è place sur 180 pays au monde
dans le dernier classement de RSF. Chaque jour, elle déclare être
témoin des cas des journalistes arrêtés, battus et jetés en prison,
parfois sans jugement, pour avoir exercé leur profession ou à cause de
leur qualité de journaliste. Sans parler d’autres qui subissent des
menaces ou qui sont agressés en plein exercice de leur métier.
«En l’espace de 6 mois, soit depuis la publication de notre dernier
rapport 2015 qui, lui, avait recensé au moins 72 cas, nous avons déjà
documenté au moins 41 cas d’attaques dirigées contre les journalistes
et contre les médias. Au moment où nous célébrons cette journée, au
moins 2 journalistes croupissent en prison ; une dizaine de médias
sont fermés sur l’ensemble du pays, tandis qu’au moins 15 journalistes
ont été arrêtés et privés de liberté pendant des plus ou moins longues
périodes », a fait noter Tshivis Tshivuadi.
Il convient de signaler que c’est le journaliste Willy Kalengayi qui
a animé la conférence inaugurale dudit colloque autour du sous-thème :
« La presse face aux enjeux politiques de l’heure en RD Congo ». Quant
aux travaux, ils se poursuivent ce mercredi 4 mai 2016 avec des
conférences portant, entre autres, sur les « Perspectives politiques
d’avenir en RD Congo » (par Norbert Yamba Yamba) ; «Le rôle et
l’implication des médias dans la résolution des crises et des conflits
politiques» (par Théophane Kinda) ; «La liberté de l’information face
aux défis sécuritaires et de la paix : jusqu’où ne pas aller trop
loin» ? (prof. Ekambo) ; «Nous, journalistes, que sommes-nous devenus
? Entre professionnalisme, clientélisme et mercenariat de presse»
(José Nawej) ; Rôle et responsabilité des médias pour des élections
transparentes et apaisées (Chantal Kanyimbo) ; Des médias, 4ème
pouvoir, mythe ou réalité (Prof. Malembe) ; De la responsabilité
citoyenne du journaliste» (Didier Mumengi).