La presse congolaise a célébré ce 3 mai 2016, la 25ème édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse inscrite sous le thème « L’accès à l’information, aux libertés fondamentales, c’est votre droit ». A cette occasion, une journaliste du Phare a approché le président de l’Observatoire des Médias Congolais (OMEC), Polydor Muboyayi Mubanga, avec qu’ils se sont entretenus autour de deux questions essentielles, en vue de mieux saisir la portée de cette journée pour le monde de la presse de la RDC. Ci-dessous l’intégralité de l’interview.

Le Phare : En quoi cette 25ème célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse est-elle importante pour l’OMEC et les journalistes congolais ?

Cette journée est très importante car elle se rapporte à la mère des libertés. Le thème choisi cette année par l’UNESCO est un thème qui nous réjouit particulièrement car il porte sur l’accès à l’information. Ce sujet, vous vous en souvenez, a été au cœur d’un long plaidoyer de l’OMEC pendant un an. Nous avons eu à travailler ensemble avec nos collègues du collectif 24 pour faire comprendre aux décideurs la nécessité d’une loi sur l’accès à l’information. Cette loi est un besoin, non seulement pour les hommes et femmes des médias, mais aussi pour le peuple congolais tout entier, dans la mesure où elle rappelle et souligne l’obligation de redevabilité qui incombe à tous ceux qui disposent d’une parcelle de responsabilité dans la gestion de la chose publique. Ceux-ci doivent rendre compte de leurvgestion au peuple souverain. C’est donc pour installer cet esprit de redevabilité que l’OMEC a battu campagne pour l’adoption d’une loi portant accès à l’information.

Au-delà de ces aspects généraux qui concernent naturellement tous les segments de la population de ce pays, la loi revêt une importance particulière pour les journalistes en ce qu’elle leur permet de puiser l’information à la source, de la traiter et de la mettre à la disposition de l’opinion publique.

Le combat de l’OMEC et du Collectif 24 a reçu un écho favorable au niveau du Sénat, qui a débattu de cette loi, avant de l’adopter formellement. Le texte adopté se trouve aujourd’hui dans les tiroirs de l’Assemblée nationale. Et l’espoir que nous formons en ce jour consacré au plan mondial à la liberté d’expression est de voir le président de l’Assemblée nationale sortir le texte de ses tiroirs et le soumettre aux débats des honorables députés pour adoption. Nous espérons que cette étape sera franchie dans les prochaines semaines en vue de permettre la transmission du texte définitif au Chef de l’Etat pour promulgation.

Le souhait de la corporation est de voir tous ceux qui ont l’habitude d’accuser la presse congolaise de puiser les informations dans les égouts, réaliser que la seule manière de résoudre ce genre de problème est de faire obligation aux pouvoirs publics de donner la véritable information aux journalistes.

Il s’est ouvert aujourd’hui, un colloque national de la presse congolaise sous le thème : « La liberté de la presse et la responsabilité du journaliste en période de crise ». A votre avis, quelle est l’attitude que doit adopter un journaliste pendant une telle période ?

Le thème de ce colloque va de pair avec celui de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Il faut accéder à l’information pour pouvoir la traiter avec responsabilité, surtout en période de crise. Cela nous renvoie aux règles éthiques et déontologiques qui nous recommandent de nous adresser à plusieurs sources, de vérifier les faits, de les traiter en toute responsabilité avant leur diffusion. Mais en cette période de crise, il est important d’éviter les amalgames et surtout de faire jouer aux journalistes le rôle qui n’est pas le leur.

Nous reconnaissons les dangers de manipulation des médias. Nous savons qu’il y a des hommes politiques qui ne reculent devant rien en période électorale pour susciter la haine et d’autres antivaleurs. Le rôle du journaliste dans ces genres de situation est-il de censurer des semeurs en eaux troubles ou de donner l’information ? La réponse nous est donnée par le code de déontologie : le journaliste doit informer.

Mais en informant, il va se trouver en face de ses responsabilités. Et celles-ci vont lui recommander de faire un commentaire à côté de l’information. Le commentaire est une prise de position qui lui permet de dénoncer des appels à la haine ou à la violence si ceux-ci constituent la trame de l’information donnée.

Il y a bien sûr des gens qui pensent que la meilleure solution serait de censurer les informations à problème. Erreur ! Censurer, ne pas porter à la connaissance de l’opinion que monsieur x ou madame y a lancé des appels à la haine, va empêcher une bonne partie de l’opinion de connaitre la vraie nature des candidats et pourrait même favoriser leur élection. Mais en révélant au public ce qu’ils sont réellement tout en condamnant leurs propos ou actes, on permet au public de se prononcer en toute connaissance de cause. C’est cela qui se passe
partout à travers le monde où l’on voit par exemple en ce moment, le républicain Donald Trump mener aux Etats-Unis une campagne haineuse vis-à-vis des Mexicains et des musulmans. On peut rappeler la méprisable phrase de Jean-Marie Le Pen en France sur les chambres à gaz pendant la deuxième guerre mondiale jugées par lui de « simples détails de l’histoire ». Tous ces comportements ont été révélés au public, suivis et condamnés par la presse. C’est cela que nous devons faire sans tomber dans les travers de la censure qui nous éloignerait de notre rôle qui est et demeure d’informer.
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