*Comme il l’avait lui-même prédit six semaines auparavant dans une interview accordée à la chaîne panafricaine 3A Télésud, l’artiste musicien de renommée internationale Papa Wemba a tiré sa révérence sur scène, en plein spectacle. C’était au cours d’un festival organisé par les Magic System dans un quartier périphérique d’Abidjan en vue de venir en aide aux démunis que le Roi de la Rumba congolaise avait piqué une crise cardiaque. Entourée de danseuses, chanteurs et musiciens de son groupe Viva la Musica, cette Super Star est soudainement tombée sur le podium aux premières heures d’une journée dominicale alors qu’elle chantait avec maestria le quatrième beau morceau « Est-ce que ? ». La République de Côte d’Ivoire et plusieurs artistes ivoiriens et expatriés lui ont rendu un vibrant hommage au cours d’un fabuleux et inoubliable spectacle, dans la soirée du mercredi 27 avril 2016. Le Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a décerné à l’illustre Papa Wemba, la médaille la plus prestigieuse, celle de Commander, à titre posthume.

Depuis New York où il était allé signer l’Accord de Paris sur le changement climatique (COP 21), le Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, avait instruit l’équipe gouvernementale pour que des grandioses obsèques soient organisées en mémoire de cette icône. Parti de Kinshasa la veille, l’Airbus de Congo Airways baptisé «Patrice Emery Lumumba» a rapatrié le corps sans vie de Jules Presley Shungu Wembadio, jeudi 28 avril aux alentours de 11 heures du matin. Plein comme un œuf, l’aéroport international de N’Djili était envahi par une atmosphère lourde et douloureuse. Vive émotion à la vue du cercueil ! Une immense tristesse se lisait dans tous les visages notamment, sur celui du Président de la Chambre Basse du Parlement, du Chef du Gouvernement, des artistes, mélomanes, amis et connaissances de l’illustre disparu. Des centaines de milliers des Kinoises et Kinois avaient pris d’assaut le Boulevard Lumumba, le Boulevard Sendwe, le Boulevard Triomphal et l’avenue Libération afin de saluer ce digne fils du pays qui était un grand admirateur du King Elvis Presley et de l’icône cubaine Johnny Pacheco. « Mille merci Papa Wemba», scandait cet innombrable public. C’était à la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire que la dépouille de cette légende fut gardée jusqu’à la tenue, quatre jours plus tard, des funérailles royales.

En cette matinée du lundi 2 mai 2016, la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire a une affluence et une effervescence sans précédent lors de la levée du corps de l’icône de la musique afro-congolaise Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, alias Papa Wemba. Le Ministre national de la Santé Publique, Félix Kabange Numbi, le Gouverneur de la ville province de Kinshasa, André Kimbuta Yango, le Commandant de la police de la ville de Kinshasa, le Général Célestin Kanyama, des proches et membres de la famille biologique de l’illustre disparu, des mélomanes de même qu’une foule immense ont accompagné pas à pas, la dépouille mortelle de celui qu’on a surnommé Maître d’école jusqu’au Palais du Peuple situé à environ une centaine de mètres.

Peu après 10 heures du matin, le Président de la République et Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, a effectué son entrée dans le hall du Palais du Peuple superbement embelli avec des effigies de Papa Wemba placardées presque partout. Au cours d’une cérémonie solennelle et émouvante, le Président Kabila qui a, par l’entremise de son Gouvernement, totalement pris en charge ces funérailles royales, a décoré à titre posthume et élevé Jules Shungu Wembadio au rang de Grand officier, grade ou titre le plus élevé, en raison de ses bons et loyaux services rendus à la nation congolaise. Puis, tour à tour, le représentant des artistes musiciens congolais, Jossart Nyoka Longo, la fille aînée de Papa Wemba et le Ministre national de la Culture et Arts, Baudouin Banza Mukalay, ont pris la parole pour rendre des hommages mérités à Ekumany, Vieux Bokul. «Les morts ne sont pas morts », a martelé le Ministre Banza. S’en est suivi le dépôt des gerbes de fleurs par le Président de l’Assemblée Nationale, Aubin Minaku, le Président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, le Premier Ministre, Augustin Matata Ponyo, le Président de la Cour Constitutionnelle, Benoit Lwamba, le Ministre de la Culture et Arts, Baudouin Banza, le Ministre de la Culture et de la Francophonie de la République de Côte d’Ivoire et sa suite, la délégation des officiels du Congo-Brazzaville, le Chef d’Etat-major Général des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le Général Didier Etumba, l’Inspecteur Général de la Police nationale congolaise, le Général Charles Bisengimana, le regroupement des Anamongo, …

Aux alentours de midi et demi, le convoi funèbre s’est dirigé vers le célèbre Village Molokaï dont Papa Wemba était le Chef coutumier. Une marée humaine l’a ovationné et rendu un vibrant hommage pendant près de trois heures. Situé dans le quartier Matonge, commune de Kalamu, le Village Molokaï est une invention de la Super star Jules Presley Wembadio et qui regroupe les cinq avenues, ci-après : Masi-Manimba, Oshwe, Lokolama, Kanda-Kanda et Inzia. En fin d’après-midi, une multitude des Kinoises et Kinois dont les villageois de Molokaï en babouches ont accompagné à nouveau, la dépouille de leur idole en direction du Palais du Peuple.

Dans la soirée du mardi 3 mai, des artistes musiciens congolais dont Noël Ngiama Werrason et son Wenge Maison Mère, Elisabeth Tshala Muana, alias Mamu nationale, et son groupe, les anciens de Viva la Musica de Papa Wemba (Sangwa Maray, Lidjo Kwempa, Jadot le Cambodgien, Djuna Djanana, Stino Mubi, Reddy Amisi, …), JB Mpiana Papa chéri Moto Pamba et son Wenge BCBG, ont électrisé l’esplanade du Palais du Peuple et fait vibrer des nombreux mélomanes jusqu’au petit matin. Suivie partout au monde, la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) a intégralement retransmis en direct ces obsèques mémorables de celui qu’on surnomma ‘’Kuru Yaka, Fula Ngenge’’.

Le jour de l’inhumation, le mercredi 4 mai, la population kinoise et les délégations venues de partout, sans oublier les adeptes de la fameuse « Religion Kitendi » (« Religion de l’Habillement ») et de la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes (SAPE) dont Papa Wemba fut Pape et le porte-étendard à travers les cinq continents, ont pris d’assaut le siège du Parlement de la RDC. Conduite par le célèbre président Hamed Yala, le plus grand sapeur du monde en croco et en python, une forte délégation comprenant 150 sapeurs (hommes et femmes) du Congo-Brazzaville a traversé le Pool Malebo pour assister aux obsèques du Leader de la sapologie. A 9 heures et demi du matin, a eu lieu la levée du corps pour la Cathédrale Notre Dame du Congo dans la commune de Lingwala. Archicomble, cet édifice de l’Eglise Catholique romaine a refusé du monde. En mémoire de l’icône Papa Wemba, une messe a été dite par le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque métropolitain de Kinshasa, entouré de Monseigneur Djomo, Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et d’une trentaine de prêtres. Dans l’assistance, une présence remarquée de l’épouse du défunt, Marie Rose Luzolo, dit « Amazone », de sa progéniture, des nombreux officiels, des artistes congolais et étrangers, et des fans de Bakala dia Kuba. A la fin de cette célébration eucharistique, le Gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, a prononcé une oraison funèbre pathétique et émouvante. Aussi bien le Cardinal Monsengwo que le Gouverneur Kimbuta ont adressé leurs remerciements au Président de la République, Joseph Kabila, pour l’organisation de ces grandioses obsèques en l’honneur du Maître d’école Papa Wemba. Ce fondateur de l’orchestre des jeunes Viva la Musica en 1977, a vu le jour à Lubefu dans le Sankuru, le 14 juin 1949, et il a rendu l’âme sur scène à Abidjan, capitale économique de la Cote d’Ivoire, à l’aube du dimanche 24 avril 2016, journée que le Ministre Banza a proposée, dans son allocution, qu’elle soit dédiée à la musique congolaise.

Des nombreux chefs-d’œuvre parsème la fulgurante carrière musicale de cette figure emblématique de la rumba congolaise, notamment : « Analengo » ; « Bokulaka » ; « Amazone » ; « Mère Supérieure » ; « Matebu » ; « Proclamation » ; « Dido Senga » ; « Franck Issekia » ; « Sol Gbemani » ; « Galilée » ; « Love kilawu » ; « Kaokokokorobo » ; « Esclave » ; « Maria Valencia » ; « Maman » ; « Phrase » ; « Mi Amor » ; « Chérie Maria » ; « Siku ya Mungu » ; « Yolele » et « Blessure » qu’il a admirablement chanté en mémoire d’une autre icône de la musique afro-congolaise et de la Sape, King Kester Emeneya décédé en février 2014. Cette légende a aussi légué à la postérité son célèbre et très réussi film « La vie est belle ». « L’humilité est l’arme des grands hommes », disait Jean Emeneya Nkuamambu, ancien de Viva la Musica et Leader de Victoria Eleison. Tel un véritable Roi, le cool et très humble Papa Wemba, un grand homme qui a reçu un hommage planétaire, a été inhumé à la paisible et splendide Nécropole entre Terre et Ciel à N’Sele, dans la bourgade Est de Kinshasa. « Mangrokoto Grand prêtre » ! (salutation en patois kinois créée par ce formateur des idoles). God bless Papa Wemba !!!

James M. Yende
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