L’opposition congolaise sera dans la rue pour dénoncer l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui vient d’autoriser le président Kabila à rester au pouvoir en cas de report des élections. Une mobilisation sous haute tension alors que la répression s’accroît sur les opposants au camp présidentiel.

L’opposition congolaise ne désarme pas. Alors que les élections générales prévues en fin d’année ont toutes les chances d’être reportées, les principaux partis d’opposition, réunis dans trois grandes plateformes (Dynamique, G7, Front Citoyen) restent mobilisés et demandent aux Congolais de descendre dans la rue. Principales revendications : la tenue des élections dans les délais et le départ du président Kabila fin 2016 comme l’exige la Constitution. Mais depuis plusieurs mois le scénario du « glissement » du calendrier électoral se met petit à petit en place pour permettre au Chef de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat. Dernier épisode en date, qui vient valider cette stratégie : l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui autorise Joseph Kabila à rester à son poste au-delà du terme de son mandat si les élections ne pouvaient se tenir dans les temps.

Un appel à l’article 64

En appelant la population à descendre dans la rue, l’opposition demande aux Congolais « de n’accorder aucun crédit à l’arrêt de la Cour constitutionnel qui ne fait qu’enfoncer davantage le pays dans l’impasse électorale créée à dessein par le président Kabila » dénonce un communiqué signé des trois plateformes. Avant d’annoncer « le déclenchement d’actions d’envergure et de salut pour la Nation conformément aux prescrits de l’article 64 de la Constitution ». Un article qui stipule que « tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». Une consigne très explicite pour l’opposition congolaise.

Des opposants de plus en plus réprimés

Ce jeudi de protestation se déroulera dans un climat de haute tension en RDC. Les dernières grandes mobilisations de janvier 2015 à Kinshasa et Goma et d’avril 2016 à Lubumbashi ont été violemment réprimées par les forces de sécurité. La répression et les arrestations arbitraires sur les opposants se sont fortement intensifiées ces derniers mois. Notamment autour de Moïse Katumbi, qui vient d’être accusé d’avoir recruté des mercenaires et dont 27 de ses proches ont été interpellés ; mais aussi pour l’opposant Martin Fayulu, arrêté brièvement en février et dont son hôtel a été fermé cette semaine par les autorités.

L’attitude de la police scrutée par la communauté internationale

Majorité et opposition auront donc les yeux rivés sur la rue congolaise jeudi 26 mai pour estimer la capacité de mobilisation des opposants au président Kabila. Les regards convergeront également vers Lubumbashi où la tension est extrême depuis l’inculpation de Moïse Katumbi dans l’affaire des mercenaires. La capitale du cuivre devient la principale caisse de résonance de l’ancien gouverneur de la province et futur candidat aux prochaines élections. La communauté internationale sera aussi très attentive au bon déroulement des manifestations et à l’attitude de la police congolaise et des services de renseignements. Londres, Paris, Bruxelles et l’ONU menacent en effet les dirigeants congolais de sanctions en cas d’exactions des forces de l’ordre. Dans la ligne de mire des principaux bailleurs du Congo : Augustin Kanyama, le patron de la police, André Kimbuta, le gouverneur de Kinshasa et les principaux responsables des services de sécurité congolais et leurs ministres. Il sera donc intéressant de scruter la manière dont le pouvoir gérera cette journée de mobilisation alors que le président Joseph Kabila tente toujours de convaincre l’opposition de venir s’asseoir à sa table dans le cadre d’un dialogue politique.

Christophe RIGAUD – Afrikarabia

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