
Etes-vous satisfait de la tournure qu’a prise la réunion ?
Absolument, absolument…
Je suis ça de très près et je suis satisfait.
Vous pensez que l’Opposition va réussir à constituer un front uni face à Joseph Kabila ?
Absolument. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont là.
Regrettez-vous l’absence de Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation Congolaise et poids lourd de la Dynamique de l’Opposition ?
Non, non, non. Ça ne change absolument rien.
Est-ce que vous vous imaginez en Président d’une éventuelle transition ?
C’est ce que je suis, oui.
Vous pensez en avoir les moyens ?
Absolument, absolument. Je suis prêt, je me suis apprêté à ça.
Vous êtes quand même un peu malade…
Non, non, non. La maladie, c’est terminé. (L’abbé Théodore confirme : « Il était malade, c’est fini »)
Ne craignez-vous pas d’être manipulé par d’autres figures de l’opposition qui utiliserait votre poids politique pour servir leurs propres ambitions ?
Non, enfin, je ne sais pas… (L’abbé Théodore précise : « On est vigilant »). Nous sommes décidés à être ensemble et à faire partir Kabila, le jour où il doit partir, c’est-à-dire, le 19 décembre.
Et s’il est toujours au pouvoir le 20 décembre, que ferez-vous ?
Peu importe, retenez simplement… (M. Tshisekedi ne termine pas sa phrase)
Seriez-vous prêt à mobiliser vos partisans, à leur dire de descendre dans la rue ?
(L’Abbé Théodore risque un : « c’est ça… »). Il y a beaucoup de moyens. (Raphaël Katebe Katoto ajoute : « La Constitution nous y autorise. Et je voudrais ajouter une chose : le président est assez grand, c’est un vieux routier, il connaît tout le monde. Si quelqu’un essayait de l’utiliser pour d’autres fins, il saurait quoi faire»).
Vous avez connu et résisté à Mobutu…
Oui, voilà. (Rires)…
Vous avez connu les Kabila père et fils et leur avez résisté aussi ?
Absolument.
N’avez-vous pas créé un métier, celui d’opposant à vie ?
Non… A vie, à vie… J’ai le résultat tout prêt là-bas. Il fallait absolument résister contre toutes ces manœuvres parce que je savais que la démocratie finirait par s’introduire au Congo.
Pensez-vous que ce moment est venu ?
Absolument, absolument, absolument. Le peuple est mûr et tout est prêt. Il n’y a pas de problème. Je vous fais savoir que Kabila a volé ma victoire, le 28 décembre 2011. Il n’était rien, il n’était rien ! Il a des militaires, c’est comme ça qu’il a fait.
Après autant d’années passées en politique, avez-vous des regrets ?
Non, sinon, je ne vivrais que de ça. Nous allons de l’avant.
Vous avez 83 ans. Si vous deveniez président de transition, n’y aurait-il pas un décalage entre vous et la population congolaise, dont plus de la moitié à moins de 15 ans ?
Non, parce que ces jeunes-là connaissent mon histoire. Je suis le seul à résister constamment. Tous ces jeunes veulent mon exemple. (Raphaël Katebe Katoto renchérit : « Le président Tshisekedi, c’est leur modèle, ils se retrouvent en lui, dans ses valeurs. Le combat qu’il a mené pendant des années, c’est la référence pour les Congolais. Il n’est pas en décalage. Ces gens-là sont derrière lui. L’homme de la situation, celui qui va sauver le pays, c’est lui. Le sauveur du Congo, c’est lui. Il n’y a pas d’autre issue»).
A quoi ressemblerait le Congo dirigé par Etienne Tshisekedi ?
Ce sera le développement, la vraie justice, l’Etat de droit. Les investisseurs n’attendent que ça. Les Congolais seront avec moi pour que chacun prenne ses responsabilités. Nous avons cinquante-sept ans de recul, de misère et tout ça. Tout le monde comprendra qu’il ne faut plus voler, qu’il faut rendre.
Vous vivez en Belgique depuis 2014. A quoi occupez-vous votre temps ? Comment restez-vous en prise avec ce qui se passe en RDC ?
Je reçois tout le monde et j’ai les gens au téléphone. (Mme Tshisekedi précise : «Ici, c’est bien parce que c’est tranquille. Il travaille très bien»).
La question de votre succession à la tête de l’UDPS se posera un jour. Comptez-vous léguer le parti à votre fils Félix ?
Je préside un parti qui est tout à fait démocratique. Je disparais et il y a des délais pour organiser un congrès. Si jamais les Congolais pensent que c’est à Félix de me succéder, il me succédera.
Pensez-vous que le candidat à la présidentielle Moïse Katumbi ferait un bon président du Congo ?
Je me réserve. C’est une question pour le futur.