* Le président national de l’UDPS arrivera-t-il à convaincre son auditoire ?

Le Conclave de l’Opposition a effectivement ouvert ses portes hier mercredi le 8 juin à Bruxelles, devant environ quatre-vingts représentants aussi bien de l’Opposition que de la diaspora. Le correspondant de Radio France Internationale (RFI) sur place à Bruxelles, a indiqué que dans son discours d’ouverture de cette rencontre, Etienne Tshisekedi a convié son auditoire à participer au très attendu Dialogue politique en RD Congo. " Après l’hymne national chanté en liminaire, une minute de silence a été observée en mémoire des victimes de la barbarie des rebelles ougandais de l’ADF-NALU, dans l’Est du territoire de la RD Congo ", a-ton appris de la même source.

Et, comme pour détendre l’atmosphère après les dissensions apparues quelques heures peu avant l’ouverture du Conclave, Etienne Tshisekedi a déclaré qu’à la date du 19 décembre prochain, l’actuel président en exercice, Joseph Kabila, devra rendre le pouvoir. Mais sans préciser à qui. Du déjà entendu ! Et, lorsqu’il parle encore du Chef de l’Etat congolais, Etienne Tshisekedi, dans son discours lentement prononcé, a invité les conclavistes de Bruxelles à l’unisson. " Nous devons nous unir pour chasser celui que vous connaissez du pouvoir ", a renchérit le leader de l’Udps, cité par RFI. Une fois encore, c’est du remake. Et donc, rien d’original.
Par ailleurs, les éléments d’information en notre possession, renseignent qu’Etienne Tshisekedi a fait le tour de la salle pour saluer à la main, chaque participant à cette rencontre de l’Opposition. Manière pour le président national de l’Udps, de dire qu’il est encore fort et peut se tenir debout. Par ce geste, Etienne Tshisekedi aura donc mis fin à toute la spéculation sur son état de santé.

UN PARI DIFFICILE POUR ETIENNE TSHISEKEDI ?
" Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement (Ecclésiaste 7.8) ". A la suite de cet enseignement tiré du livre des Chrétiens (la Sainte Bible), on dirait que c’est la " fin qui justifie les moyens ". Une chose est d’organiser un Conclave de l’Opposition à l’étranger. Une autre est de voir cette réunion produire de bons résultats. Et, pour le cas d’espèce, l’aboutissement heureux du Conclave de l’Opposition ne peut qu’être l’adhésion de tous les conclavistes à la vision d’Etienne Tshisekedi. Le Sphinx de la 10ème Rue Limete-Résidentiel, symbole de l’Opposition sous feu le maréchal Mobutu, a donc exhorté ses hôtes de participer au Dialogue.
Selon Tshitshi, la participation de l’Opposition au Dialogue politique en perspective, est le seul cadre lui permettant d’exprimer ses aspirations profondes. Au-delà de toutes les autres déclarations faites pour susciter les applaudissements de l’assistance, l’appel à la participation de l’Opposition au Dialogue, reste la clef du discours d’Etienne Tshisekedi, à l’ouverture du Conclave hier dans la capitale belge.
Cependant, la question fondamentale est de savoir si l’auditoire de Bruxelles se montre déjà soluble dans la démarche d’Etienne Tshisekedi. Plus concrètement, la préoccupation majeure de plus d’un observateur avisé, est celle de savoir si les Opposants réunis à Bruxelles sont bel et bien disposés à suivre la voie que propose le leader de l’Udps, c’est-à-dire accepter finalement de participer au Dialogue politique, convoqué par le Président Joseph Kabila. Tout le problème se trouve donc là.
A priori, de nombreux analystes s’interdisent d’anticiper les conclusions de la grand-messe de l’Opposition à Bruxelles. Néanmoins, certains ne cachent pas leur doute. D’autres vont même loin pour prédire l’insuccès de cette rencontre. Non sans raisons. Dans leurs prémisses, ces analystes insistent sur le caractère mosaïque de l’auditoire du Conclave de Bruxelles. Comme pour le rappeler, ce sont des pans entiers de l’Opposition politique en RD Congo qui se réunissent depuis hier autour d’Etienne Tshisekedi. Parmi ces Opposants, on retrouve d’un côté, ceux qui soutiennent la tenue Dialogue et de l’autre, les anti-Dialogue. En l’occurrence le G7 et la Dynamique de l’Opposition. Et, il semble que ces deux plateformes paraissent importantes, parce que numériquement supérieures, par rapport à d’autres cartels se réclamant aussi de l’Opposition.
A plusieurs occasions, le G7 et la Dynamique de l’Opposition n’ont jamais caché les raisons de leur boycott du Dialogue politique. A Kinshasa, tout comme ailleurs en dehors du pays, ces deux plateformes de l’Opposition ont toujours considéré le Dialogue comme étant une stratégie de la Coalition au pouvoir, pour cautionner le fameux " Glissement ". Entendez, la prorogation du mandat actuel du Président Joseph Kabila, au-delà du mois de décembre de cette année. Voilà, qui semble quelque peu légitimer le doute de ces analystes qui émettent encore de doute, quant à l’aboutissement heureux du Conclave de Bruxelles. A tous égards, le pari n’est pas encore gagné à l’avance pour Etienne Tshisekedi. Seule la fin justifiera les moyens.

TSHISEKEDI EN QUETE DE LEADERSHIP ?
C’est à l’aune de ses résultats qu’on aura à mesurer le Conclave. Etienne Tshisekedi n’a donc point d’autre choix que de vendre le Dialogue politique aux acteurs politiques de l’Opposition qui, jusqu’ici, continuent à bouder ce Forum national. En convoquant la rencontre de la capitale des Belges, le plus vieil Opposant zaïro-congolais a aussi l’ambition de recréer l’unité de l’Opposition face aux enjeux politiques majeurs. A savoir le Dialogue et les élections, pour ne citer que ces deux sujets.
Cependant, des observateurs avisés voient une tout autre dans l’initiative d’Etienne Tshisekedi. Aussi, pensent-ils, en organisant cette rencontre de Bruxelles, Tshitshi chercherait à mettre toute l’Opposition d’accord autour de lui. Si cette hypothèse s’avère vérifiée, alors il s’agit-là, d’une quête stratégique de leadership. Etienne Tshisekedi y parviendra-t-il ? Trêve de supputations. Remettons plutôt les pendules à l’heure.
Quoi que l’on dise, l’environnement politique en RD Congo a suffisamment connu beaucoup de mutations. Les réalités de la décennie 90 ne sont pas les mêmes que celles de l’an 2000. En français facile, on dirait le plus naturellement que le contexte n’est plus le même. Si pendant la décennie 90, considérée comme l’Âge d’or de l’Opposition politique dans l’ex-Zaïre, tous les adversaires politiques du maréchal Mobutu se sentaient obligés de se ranger derrière Etienne Tshisekedi, pour légitimer leur combat ; en tout cas, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le foisonnement des plateformes est une illustration parfaite de cette assertion.
Au début des années 90, le paysage politique du Zaïre fut constitutionnellement divisé en deux grandes familles. D’un côté, les Forces politiques du conclave (FPC) réunissant les amis, les Alliés et la société civile proche de M. Mobutu. De l’autre, la famille politique, appelée Union Sacrée de l’opposition radicale et Alliés (USORAL). Celle-ci regroupe l’Opposition radicale ou dite " intégriste ", ainsi que la société civile et les Alliés qui lui sont proches. Ainsi l’opposition modérée fut regroupée autour de Léon Kengo wa Dondo au sein de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), comprenant comme partis dominants : l’Union des Démocrates Indépendants (UDI), le Front Commun des Nationalistes (FCN/Kamanda), le Parti Démocrate et Social Chrétien (PDSC/Kititwa) et l’Union Nationale des Démocrates Fédéralistes ... Si la MP peut s’apparenter aux FPC d’alors, ce n’est plus le cas pour l’Opposition actuelle, éclatée en plusieurs plateformes aux philosophies opposées. Et même très opposées. A Etienne Tshisekedi de voir.
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