En plus, les 2 avions de la nouvelle compagnie aérienne achetés en Papouasie sont sans support technique.

Les médias écrits et audiovisuels ont été conviés vendredi 10 juin dernier à un point de presse sur les performances de l’avion canadien Bombardier Q400 dont deux étoffent la flotte de la nouvelle société aérienne Congo Airways. Prenant la parole à cette tribune, Jean-Paul Boutibou, vice-président chargé des ventes des avions Bombardier pour le Moyen Orient et l’Afrique, s’est longuement étendu sur la santé d’éclat du constructeur canadien, qui brasse un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards de dollars américains. Son plus grand client en Afrique demeure la compagnie nationale aérienne Ethiopian Airlines. Pendant ce temps, dans les milieux de l’aviation civile en RD-Congo, on évoque la troublante affaire du Bombardier Q400 MSN 4334, après les scandales «Anuarite», tombé en panne le jour de son vol inaugural à Isiro, et «Kimpa Vita», incapable de décoller de l’aéroport de N’Djili le 5 juin à cause de pépins mécaniques.



Une douche froide dans les milieux de la profession de l’aviation civile

Le Bombardier Q400 a toute sa place dans le réseau domestique RD-congolais et ses caractéristiques techniques lui permettent de desservir les aéroports dans des zones les plus enclavées. Cet appareil se trouve dans la gamme des turbopropulseurs Fokker-27, ATR-42… qui peuvent atterrir et décoller sur des pistes de très courte distance comme celles de Lodja, Kolwezi, Matadi, Tshikapa, Lisala, Bumba, Libenge, etc.

Ces types d’avions qui placent leurs exploitants à l’abri de budgets déficitaires découlant de la faible consommation de carburant, conviennent le mieux pour désenclaver l’arrière-pays en servant de feeders aux jets de grande capacité qui desservent les chefs-lieux des provinces, C’est autant dire que Congo Airways a ainsi opéré un choix judicieux. Une question se pose cependant.



Les autorités politiques RDcongolaises qui ont piloté cette opération, ont-elles pensé à tout ce qui entoure l’exploitation optimale d’un aéronef?

Le vice-président chargé des ventes des avions Bombardier pour le Moyen Orient et l’Afrique a lâché une phrase qui a produit l’effet d’une douche froide dans les milieux de la profession. Il a annoncé la présence dans sa délégation d’un responsable technique chargé d’effectuer des inspections guidées sur le terrain en vue d’évaluer les besoins réels de Congo Airways et l’aider dans l’acquisition de pièces de rechange.



Carence de magasin technique pour les pièces de rechange et de personnel qualifié

Comme nous l’avons toujours affirmé dans nos éditions antérieures, la création d’une compagnie d’aviation implique l’exécution de plusieurs actions en amont avant le début de toute exploitation. La seule acquisition des aéronefs soit en propre, soit en leasing, ne suffit pas. Encore faut-il veiller à une meilleure prise en charge des avions 24 heures sur 24.

Congo Airways, en dépit de tout le tintamarre qui accompagne ses balbutiements, se trouve encore dans le creux d’une grosse vague. Démuni d ‘infrastructures techniques de base, d’équipements et de matériels techniques adéquats, ce transporteur aérien est contraint de recourir à la sous-traitance permanente. Mais, cela ne peut nullement justifier l’acharnement de ses géniteurs à dépouiller la première compagnie aérienne nationale, Lignes aériennes congolaises, LAC- Sarl de son patrimoine pour donner du muscle au nouveau transporteur aérien.

Jean-Paul Boutibou a avoué, entre les lignes, que la nouvelle compagnie congolaise d’aviation ne dispose pas d’un magasin technique pouvant recevoir les pièces de rechange, les consommables et les révisables pourtant indispensables pour assurer la disponibilité technique maximale des aéronefs. Dans la foulée, le nouveau venu dans l’espace aérien RDcongolais ne bénéficie pas dans ses rangs de la présence d’un personnel technique qualifié pouvant intervenir efficacement sur les avions Bombardier.



Laisser les coudées franches aux experts pour les évidences techniques

Aujourd’hui, au moindre bobo, Congo Airways est tenu de recourir aux techniciens d’Ethiopian Airlines pour venir assurer les travaux de dépannage en apportant avec eux les outillages et pièces de rechange. Ceci démontre à suffisance que lorsque le pays s’engage dans des entreprises aussi pointues, les coudées franches soient accordées aux experts en la matière pour faire valoir les évidences techniques au détriment des états d’âme des décideurs politiques.



Tout opérateur aérien, avisé sait pertinemment bien que l’acquisition d’un aéronef s’accompagne de la disponibilisation des équipements et pièces de rechange ad hoc, ainsi que de la formation en amont tant de navigants que de techniciens. Ceci a pour conséquence, entre autres, d’éviter la sous-traitance permanente, de doter la compagnie et le pays en compétences indéniables et de réaliser des économies substantielles au finish.



Malheureusement, certains membres du gouvernement ont préféré mettre la charrue devant les bœufs. Qu’à cela ne tienne, comme il n’est jamais tard pour mieux faire, les contribuables RDcongolais espèrent que toutes les batteries seront mises en marche pour rentrer à la case de départ et corriger toutes ces insuffisances en laissant Congo Airways entre les mains de vrais professionnels.



Il n’y a pas de honte dans l’acquisition des avions de seconde main

Le vice-président chargé des ventes des avions Bombardier pour le Moyen Orient et l’Afrique a eu l’élégance et l’honnêteté d’indiquer ouvertement la provenance des deux Bombardier Q400 de Congo Airways dont les numéros de série 4316 pour Kimpa Vita et 4329 pour Anuarite Nengapeta. Il s’agit de la compagnie Air Niugini, de la Papouasie en Nouvelle Guinée, opérateur suivi par 1’IATA.



L’opinion se souviendra des envolées oratoires laudatrices du ministre des Transports et Voies de Communication qui s’est toujours interdit d’évoquer publiquement le pays, encore moins la compagnie de provenance de ces deux courts courriers comme s’il s’agissait d’un secret d’Etat. Le Premier ministre a même renchéri en vantant un ‘important décaissement des fonds pouvant permettre l’achat de dix avions d’occasion. Or, tout se sait et finit toujours par se savoir en aviation.

Il n’y a pas de honte à un pays, à une compagnie aérienne ou à un groupe de particuliers de se procurer des avions de seconde main. Cela est courant en aviation. Mais ce qui importe le plus, c’est le strict respect des directives et instructions mandatoires des constructeurs d’avions et des organisations internationales en charge de ces matières. Aussi convient-il de tordre le cou à la culture du mensonge qui colle aux basques de certains dirigeants de la République qui ne se gênent pas de débiter des inexactitudes même devant toutes les institutions réunies.



Où se trouve le Bombardier Q400 MSN 4334?

Les RD-Congolais sont toujours prêts à gober ce qui vient de l’étranger. Lorsque leurs propres compatriotes tirent sur la sonnette d’alarme, très peu de gens accordent du crédit au contenu de leur communication en s’accrochant beaucoup plus aux contenants. Si les compagnies aériennes battant pavillon RD-congolais se trouvent sur la liste noire des opérateurs aériens non admis à exploiter l’espace aérien de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique, cela relève des insuffisances notoires de l’Autorité de l’aviation civile, AAC/ RD-Congo. Or, depuis les réaménagements opérés à la tête de cette structure faîtière de l’aviation civile en RD-Congo, d’importants efforts palpables sont consentis pour dégager le pays de ce gouffre. Cependant, force est de noter qu’au même moment, des marginaux continuent de poser des actes non conformes qui exposent le pays aux sanctions des instances internationales.

Ceci n’est un secret pour personne, l’importation de tout aéronef en RD-Congo obéît à des lois clairement établies. Lorsque ces dispositions légales pertinentes sont foulées aux pieds par la hiérarchie, il y a de quoi s’arracher les cheveux. Où se trouve le Bombardier Q400 MSN 4334 immatriculé ET-ANY en provenance d’Ethiopie et comment est-il arrivé à cet endroit? That’s the question.

Par Tino MABADA


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