Présentation d'un acteur historique des migrations internationales en Belgique Bertin Mampaka Mankamba (Article + Vidéo)
Présentation d'un acteur historique des migrations internationales en Belgique
Bertin Mampaka, né le 6 avril 1957 à Kinshasa (République démocratique du Congo ) est un homme politique belge, membre du Centre Démocrate Humaniste ( cdH ).Bertin Mampaka termine ses humanités scientifiques en mathématique physique au Collège Saint-Louis de Kananga en 1976. Trois ans plus tard, le 7 octobre 1979, il arrive en Belgique pour entamer ses études universitaires. Il s'installe alors à Mons et s'oriente vers le domaine des sciences économiques. En 1982, il obtient un diplôme de conseiller fiscal à la Haute Ecole de la Communauté Française du Hainaut. Il poursuit ses études afin de décrocher la licence et l'agrégation en sciences de l'Université de Mons-Hainaut. Il a consacré son travail de fin d'études à l'aide publique octroyée au Congo et son impact sur le développement économique. Il est le premier noir à être élu comme conseiller communal à la ville de Bruxelles, en 2000.
Le lundi 9 mai 2016, le conseil communal de la ville de Bruxelles avait eu lieu à l’hôtel de ville. C’est sous rendez-vous que je m’y étais rendu afin de pouvoir rencontrer monsieur Bertin Mampaka a qui j’avais pu poser quelques questions.
Originaire de la république démocratique du Congo et né à Kinshasa (la capitale) en 1957. Bertin Mampaka, dont les parents sont originaires du Kasaï occidental. une province située au centre de la République démocratique du Congo. Va pour la première fois et par l’intermédiaire des mes questions se dévoiler au grand public.
Bertin Mampaka l’étudiant
Après mes premières questions sur ses origines, Je pouvais lui demander de me citer son parcours scolaire.
"J’ai commencé mes études a Kinshasa et terminé mes études scientifiques maths-physiques au collège Saint-Louis de Kananga. Etudes terminé dans les années 1976-77 avant de venir et poursuivre mes études en Belgique en 1979."
Pourquoi avoir décidé de quitter le Congo pour l’Europe ?
"Sous l’air Mobutu, (Président du Zaïre, ex Congo) Il y avait un système que l’on appelait le quota. Système qui consistait à inscrire les meilleures élèves d’une certaine région dans les universités congolaises."
C’est avec beaucoup d’humilité que Bertin Mampaka, dit ne pas avoir été l’un des meilleurs élèves de sa génération. Venant d’une province et d’une tribu ou selon les statistiques d’un sociologue de l’ULB, le nombre de diplômés et de personnes trop instruites était dense. A cause des statistiques envoyées au président Mobutu, conseiller par certains stratèges Européens. Bertin Mampaka n’a pas pu obtenir l’accès à une université dans son pays.
"Ceux de ma génération et moi même, avons tous été contraints de nous exiler. Afin de pouvoir poursuivre des études supérieures. Ce n’était pas un exil politique, mais plutôt un exil scientifique. Tout simplement pour accéder à l’enseignement supérieure dans un autre pays."
Il rajoute que c’est la seule et unique raison qui l’a poussé à quitter le Congo. Un pays qui lui manque beaucoup.
Quand on lui demande, pourquoi il a choisi de s’exiler en Belgique et pas ailleurs il répond qu’il avait un billet pour aller jusque Atlanta aux Etats-Unis.
A cause de 3 ans consacrés à travailler dans le business de son père en Belgique, qui étais dans la plantation et le transport. Il estimait avoir perdu assez de temps, que pour choisir un pays ou il avait moins de relations.
"J’ai décidé de rester en Belgique parce que j’avais quelques amis avec qui j’avais fais mes études aux humanités. Il était donc plus simple de rester en Belgique plutôt que de partir aux USA. Ce n’était pas un mauvais choix, car dès mon arrivée en octobre 1979, j’ai pu réussir mon année immédiatement en première session. A la Haute école de la communauté française du Hainaut à Mons ou j’ai donné cours plus tard pendant douze ans."
Le regard de Bertin Mampaka vis-à-vis des jeunes Belges d’origines congolaises d’aujourd’hui.
Vous nous faites la honte !
"Je suis venu en Belgique à 21 ans, seul en ayant avec moi que 700$ en poche. Et je n’avais pas de bourse d’études. La génération Congolaise fait la honte de l’Afrique. Moi quand je suis arrivé je devais payer un minerval conséquent, et je n’avais pas d’argent pour le payer. Vous qui êtes nés en Belgique, vous avez la chance de payer le même montant que les belges. Vous qui avez droit aux études gratuites et aux CPAS (centre public d’action sociale qui donne une aide sociale financière). A une époque où les gens ont besoin de parler quatre langues pour devenir mondialiste, pour pouvoir voyager de Hong-Kong en passant par Dubaï aux USA. La communauté Africaine, Congolaise de Bruxelles, de Mons, Tournai ou d’ailleurs ne s’instruit pas !
Cette génération est en train de s’appauvrir et de s’abrutir et ils deviendront des dangers comme les gens qui explosent pour les membres d’Al Qaida où autre. On risque de leur faire croire que le monde est meilleur avec des vierges aux paradis, alors qu’aujourd’hui l’école est gratuite ! A l’époque nous avions besoins de visa, d’argents, etc. Donc je ne peux pas comprendre qu’un enfant d’origine Congolaise qui a L’ULB à ses côtés, L’UCL ou encore L’UMons et toutes les formations a portée de mains ne puisse pas s’instruire.
La communauté congolaise est la plus mal lotie par rapport aux Camerounais qui ont selon mon observation de plus en plus de médecins et d’ingénieurs. Je pense que la communauté congolaise devrait être cadrée, mais ça c’est le rôle que je donne au gouvernement Congolais."
(Suite dans l’interview audio).
Je me sens persécuté en Belgique !
"Je vais de moins en moins au Congo, car je me sens persécuté en Belgique par la sûreté de l’état belge. Dans ma situation, je me sens persécuté parce qu’il y a un rapport dans lequel on m’a accusé d’être membre de la scientologie. Alors que je n’ai jamais été scientologue, car je suis catholique croyant et j’ai été protestant quelque temps. On m’a accusé de soutenir la rébellion à l’Est du Congo. Tout ça pour m’opposer avec les autorités du Congo. Car si vous êtes congolais et que vous voyez qu’un sénateur belge d’origine congolaise soutient la rébellion de l’Est du Congo, et que vous êtes l’autorité du Congo, qu’allez- vous faire ? Vous n’allez pas aimer ce sénateur d’origine congolaise qui est en train de déstabiliser le Congo. Donc la sureté belge à diffusé ses documents qui sont des faux documents, fait simplement pour me déstabiliser en Belgique. Alors j’ai peur qu’une fois au Congo, je trouve des gens qui vont écouter ce que certains belges auront dit de moi de méchant. Et comme ce que disent les blancs semblent être toujours vrai par rapport à ce que disent les noirs, malgré l’évolution des temps, je ne prends pas le risque.
Je ne suis pas réfugié politique mais je ne suis pas en confiance, pour retourner au Congo sans avoir les protections nécessaires du chef de l’état lui même, du ministre de l’intérieur ou des personnalités politiques nombreuses que je connais. Je n’ai pas envie qu’on aille me retrouver mort au Congo comme le dirigeant de droit de l’homme Floribert Chebeya en 2010. C’est pourquoi je ne prends pas de risque, jusqu'à ce que Dieu me donne la grâce et que je puisse y aller avec mes deux enfants. Je suis malheureux, car je ne peux pas comme mes amis marocains ou belges, aller dans mon pays comme bon me semble. Je suis triste de constater que beaucoup de congolais de mon âge, nous considère nous qui sommes resté ici en Belgique comme des concurrents. C’est pourquoi je vais en vacances ailleurs pour le moment."
J’aimerais bien être utile au Congo le jour ou ça se stabilise.
"Si un jour le Congo hérite d’un président qui estime qu’un sénateur d’origine congolaise qui a occupé toutes les fonctions politique en Belgique sauf celle d’un ministre, et d’un gouverneur, peut être utile. C’est avec enthousiasme que je me mettrai aux services de ces gens là. Car il y a un moment ou malgré ma position, je suis victime de discriminations violentes. Je suis victime de vexations, d’injures et de racisme, tout en étant sénateur dans ce pays, beaucoup de gens ne l’imagine pas mais c’est la triste réalité. Il y a un moment ou on se dit que la Belgique m’a donné l’opportunité d’étudier, d’avoir une femme, d’avoir un diplôme. Je l’ai servi avec beaucoup de loyauté et de sincérité. Mais quand on approche les soixante ans et qu’on se rend compte qu’on est toujours considéré comme un intrus ou un danger permanent pour la quiétude d’un pays dont on a servi et donné le meilleur de sa jeunesse. Il y a un moment ou on finit par caresser le rêve de retourner à ses origines. Et ce qui est pénible pour nous les congolais, c’est de voir notre pays être pillé par les indiens, pakistanais et chinois aujourd’hui. De voir qu’il n’y a plus un congolais suffisamment riche pour pouvoir faire quelque chose de bien pour le Congo, on est un peu désespéré. Je me demande quand est-ce que tout ça va changer…"
Votre famille vous manque ?
"Je suis parmi les congolais qui ont 80% de leur famille proche à l’étranger. Mais oui, La famille au sens large me manque."
Je ne suis pas satisfait de ma vie en Belgique.
"Les petites discriminations que vivent les jeunes congolais aujourd’hui, en matière d’emploi ou autre. Moi j’en fais l’objet au plus haut niveau. Dites-moi pourquoi quand est-ce que vous faites 6100 voix et que vous êtes le premier parlementaire dans votre groupe à faire des voix, on ne veut pas de vous, président du parlement bruxellois juste parce que vous êtes noir. C’est une discrimination, car la règle c’est le nombre de voix en principe. Quand vous avez reconstruit le stade Roi Baudouin, avec des bouts de ficelles parce que vous avez eu l’intelligence d’aller chercher l’argent dans "Beliris" pour permettre aux diables rouges de se qualifier et de devenir la première équipe mondiale. Pourquoi est-ce que vous n’êtes pas interviewé par Michel Lecomte ? et que vous n’êtes pas invité à l’émission de celui-ci, pour expliquer comment vous avez fait pour aménager le stade national qui a permis aux meilleurs diables rouges de pouvoir se qualifier pour représenter la Belgique. Pourquoi est-ce que vous n’avez pas d’interview, alors qu’on va interviewer ceux qui ne connaissent rien sur le sujet. Après tout cela, est-ce que vous pouvez être heureux de votre métier ? Il n’y aucune reconnaissance !"
Propos recueillis par Andy-Mwamba
La suite de l'interview disponible grâce à la vidéo youtube ci jointe.