Président en exercice de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), Aubin Minaku Ndjalandjoko vient de présider les travaux de la 42ème Session de cette institution statutaire à Antananarivo, au Madagascar. Devant le Président de la République de Madagascar, Aubin Minaku a salué l’hospitalité légendaire du peuple malgache, tout en soulignant les défis majeurs auxquels l’APF se doit de relever en vue de répondre aux aspirations profondes des peuples. Notamment, ceux liés au chômage et les inégalités sociales toujours plus profondes, la pauvreté, l’insécurité grandissante quelle qu’en soit l’origine etc. Ci-dessous, l’intégralité du discours du président de l’APF Aubin Minaku

Monsieur le Président de la République,

Madame la Secrétaire générale de la Francophonie,

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale de Madagascar, Monsieur le Président du Sénat,

Mesdames, Messieurs les Présidents d’Assemblées,

Monsieur le Secrétaire parlementaire,

Mesdames, Messieurs les Présidents de sections de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Chers collègues parlementaires,

Mesdames, Messieurs les membres du corps diplomatique,

Distingués invités en vos titres et qualités,

Mesdames, Messieurs,

C’est avec un plaisir réel et non dissimulé que je viens vous dire, avant toute chose, ma joie immense de me trouver, ce jour, au milieu de vous tous et de vous toutes, dans ce cadre magnifique et, du haut de cette tribune, d’y prononcer un petit mot d’introduction à l’occasion de cette 42ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, la première que l’histoire en cours d’écriture me donne l’honneur de présider.

Ma joie est d’autant plus grande que vous avez accepté, en dépit de vos lourdes tâches d’Etat, de vous retrouver si nombreux sous le drapeau de nos valeurs partagées et de notre engagement commun.

Je vois dans cette présence une vivante illustration de la détermination qui est la nôtre pour revisiter ensemble nos repères idéologiques et mener, consécutivement, des actions qui soient de nature à influer sur les vicissitudes de l’histoire, au mieux des intérêts des peuples que nous représentons.

Une attitude que l’on retrouve dans la sagesse malagasy qui nous avertit, je cite : « ne considérez pas la brièveté des jours mais pensez à la longueur de l’année».

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais aussi, dans un élan de solidarité, profiter de cette occasion pour exprimer, en mon personnel et au nom de tous les parlementaires francophones, les mots de ma profonde sympathie à l’endroit de tout le peuple malgache. En effet, il y a à peine quelques jours, dans un moment qui aurait dû être uniquement celui de la liesse et de l’unité, ce brave peuple, qui aujourd’hui nous gratifie de son hospitalité, a été frappé par un événement tragique et innommable survenu au stade d’Antananarivo.

Les ennemis de la paix, porteurs d’une abominable idéologie de la haine et de la barbarie, ont encore frappé, croyant, à tort, être à même de vaincre la force du droit et de la beauté de la démocratie. Aussi, vous prié-je en mémoire de toutes les victimes, d’observer un instant de silence.

Mesdames, Messieurs,

Si j’ai évoqué tantôt l’hospitalité du Peuple malgache c’était aussi pour signaler les soins et multiples attentions dont nous sommes l’objet de la part de nos hôtes de la session locale de l’APF, qu’appuient avec mérite les services de la Présidence de la République, co-organisateurs de cet événement statutaire. C’est pour moi la preuve de l’importance qu’ils accordent tous au succès de notre institution.

Ainsi que je l’ai dit tout au seuil de mon intervention, je suis vraiment heureux d’être ici à Antananarivo, dans la Grande Île qui a séduit tant d’artistes et d’intellectuels. Et pour célébrer cet instant, je n’ai pas trouvé d’autres mots que ceux de Jacques Rabermananjara, ce célèbre poète qui a dédié l’âme de sa poésie à l’exaltation de son Île natale, du Madagascar de ses aïeux : « Île! Île aux syllabes de flammes, chantait-il, jamais ton nom ne fut plus cher à mon âme, Madagascar! » ou encore « l’immensité de ta légende, le renouveau de ton nom ont pris l’espace pour mesure, Madagascar!».

Madagascar, c’est ce paradis aux mille visages flottant sur l’Océan Indien et qui, tout au Sud du Continent africain, brille de mille feux sous la ligne du Tropique du Capricorne. C’est cette Île métisse, d’autant plus riche que d’Antsiranana, sur la Pointe Nord, à Taolagnaro, au Sud, elle se présente comme une mosaïque d’identités et de cultures qui toutes méritent d’être rencontrées et découvertes.

Mais il existe une autre explication au choix porté sur Madagascar pour accueillir le cadre spatio-temporel de nos travaux : la position éminente qui est la sienne dans l’histoire et la philosophie de la Francophonie. Le Madagascar de Jacques Rabemananjara, que j’ai cité à l’instant, figure discrète mais décisive de l’épopée de la Francophonie, que l’on surnommait le quatrième mousquetaire de la négritude, aux côtés de Senghor, Césaire et Damas. La grande île Malgache avec son histoire politique récente, avec son engagement ferme pour la Démocratie et l’Etat de droit, envers et malgré tous les vents contraires et autres différences.

Nul ne devrait l’ignorer, les difficultés politiques de ces dernières années ont été l’occasion pour la Grande île, de démontrer que la traditionnelle métaphore qui sert à la désigner, ne correspond pas seulement à ses attributs géographiques. Madagascar est un grand Etat. C’est un grand peuple. A force de concertation, de détermination, elle a démontré que les différences politiques pouvaient être vécues comme des diversités et les querelles surmontées, même si cela pouvait prendre du temps.

L’engagement de ses institutions, avec l’accompagnement des partenaires dont l’OIF et l’APF, lui a permis de réinstaurer un équilibre relativement stable entre les acteurs, et de revenir à une situation de dialogue contractif dont nous nous félicitons tous. C’est pourquoi je veux reconnaître également dans votre présence à vous tous ici présents, une marque de confiance et l’expression de la détermination de notre institution à se tenir toujours aux côtés de la Grande île.

Mesdames, Messieurs,

Je ne souhaite pas que l’APF sacrifie au pessimisme qui gagne bien des fois les commentateurs les plus avisés car il a existé, au cours de ces derniers mois, de nombreuses raisons d’espérer pour notre institution, tant sur le continent africain qui nous accueille en ce jour, que dans le reste du monde.

Dans de nombreux pays où ils se sont manifestés et malgré la grande diversité des contextes, nos peuples ont eu l’occasion d’exprimer librement leurs choix et de décider de l’orientation qu’ils veulent donner à la destinée de leurs pays. Que ce soit dans les contextes apaisés comme ceux du Bénin ou du Cap Vert, ou dans les situations de sortie de crise parfois délicates, les valeurs de démocratie et d’Etat de droit se sont souvent exprimées avec force et détermination. En dépit de nombreux défis auxquels ils restent confrontés sur le plan sécuritaire et sur le plan de la structuration de l’administration notamment, les exemples de la Centrafrique et du Burkina Faso restent, à ce titre, source de fierté pour l’APF, pour la Francophonie et pour la communauté internationale.

Notre grand enthousiasme devant ces expériences positives reste toutefois lucide. Nous sommes bien conscients qu’un processus électoral systématisé et bien huilé n’est pas le seul indicateur de la démocratie et de l’Etat de droit. Dans de nombreux pays francophones encore, et comme pour nous mettre en garde contre l’autosatisfaction résultant de ces expériences positives, de nombreux défis restent à relever. Ils ont pour nom la perte de confiance en l’Etat, le chômage et les inégalités sociales toujours plus profondes, la pauvreté, et l’insécurité grandissante quelle qu’en soit l’origine, la manifestation ou les motivations.

Mesdames, Messieurs,

Ces peuples qui font face chaque jour aux défis que je viens d’évoquer sont les nôtres. Nous en sommes issus ; ils nous ont élus pour porter leurs craintes, leurs inquiétudes, mais aussi leurs espoirs et les solutions possibles.

Et l’une de ces solutions est la restauration intérieure de leurs aspirations profondes du vouloir vivre collectif.

Qu’il vous souvienne qu’en janvier 2015 déjà, après les tragiques attentats qui ont frappé la capitale française, le philosophe ghanéen Kwasi Wiredu voyait dans la vague de soutien et de solidarité qu’ils ont déclenchée, « le refus historique de retourner à des siècles obscurs où l’autre est perçu comme extérieur à l’humanité. Le vivre ensemble, écrit-il alors, et il fallait le redire souvent, n’est ni l’assimilation, ni l’identification à autrui, c’est la reconnaissance responsable de sa participation à l’humanité, la reconnaissance de l’altérité comme un pont et non pas comme une brèche ». Et si, depuis, les expressions spontanées de solidarité se sont toujours élevées à l’occasion de tous les événements tragiques de ce type, c’est parce que ce désir de vivre ensemble est finalement plus fort que les intentions contraires et manipulatrices qui tendent à le contrecarrer. Nous en sommes aussi les dépositaires et les agents, aux plus hautes sphères des appareils politiques de nos pays respectifs. Et la Francophonie dans son ensemble démontre qu’elle est consciente de ce rôle qui est le sien.

Chacun ici le sait, et Madame Michaelle Jean le rappellera certainement tout à l’heure, le prochain sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements de la Francophonie qui se tiendra ici même, à Antananarivo, en novembre prochain, se réunira autour du thème « Croissance partagée et développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace Francophone. » Or, mesdames et messieurs, la croissance partagée et le développement responsables, sont des déclinaisons essentielles du vivre ensemble que j’évoquais précédemment. En effet, comment trouver meilleur acte de reconnaissance responsable de la participation de chacun à l’humanité que précisément le souci de faire profiter chacun du partage des ressources et de la richesse ?

Le développement responsable implique une reconnaissance de l’interdépendance relative des structures économiques et conduit à plus de précaution dans le choix des outils et méthodes de croissance, afin de ne pas aliéner les chances des autres d’accéder eux aussi à des conditions de vie et de développement plus favorables.

Ce thème, qui sera également discuté au cours de nos travaux, sera l’occasion, je l’espère, d’apporter une contribution pertinente de notre Institution au débat francophone, ainsi que nous en avons le devoir en tant qu’Assemblée consultative. C’est pourquoi je ne saurais trop vous inviter, chers collègues, à échanger librement, et à explorer dans tous ses angles possibles, non sans cette approche pluridimensionnelle qui constitue la valeur ajoutée de notre Institution.

Permettez-moi, pour finir, d’exprimer à nouveau ma profonde gratitude et, au travers d’elle, celle de toute l’APF d’abord à l’endroit de Monsieur le Président de la République, ensuite envers messieurs le Président de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi qu’à l’ensemble de la Section Malgache de l’APF autant pour leur accueil que pour le dévouement dont ils ont fait montre dans les préparatifs de la Session qui s’ouvre ce jour.

Ces remerciements s’adressent aussi singulièrement à l’endroit de tout le peuple de Madagascar qui a fait preuve d’une hospitalité qui demeurera à jamais graver dans les annales de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.

Et m’appuyant sur le degré de bravoure de toutes celles et de tous ceux qui se sont impliqués pour la réussite de ces assises, j’invite les uns et les autres à travailler dans un esprit de convivialité afin de tirer au maximum profit des différents sujets inscrits de nôtre Session.

Mesdames et Messieurs,

J’ai dit.
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