*Incertitude sur la tenue de la présidentielle dans le délai constitutionnel ; préparatifs tumultueux du dialogue politique initié par le chef de l’Etat ; forte pression de la communauté internationale sur le pouvoir ; cristallisation de l’aile dure de l’opposition à Genval et tout cela, sur fond de l’insécurité récurrente à l’Est ainsi que de l’inflation croissante du Franc Congolais. C’est sur ce tableau combien sombre de la situation politique en RDC, que Me MBENZA, Avocat et analyste politique de son état, livre dans une interview, sa lecture des faits, tout en suggérant les pistes de solution, basées sur le respect des certaines valeurs inaliénables contenues dans la loi fondamentale. Aussi, ce dernier estime que le dialogue ne constitue nullement la condition sine qua none pour la tenue des élections. Pour lui, en effet, le dialogue peut ne pas avoir lieu, car n’ayant pas un caractère contraignant, contrairement aux élections.

La Prospérité. : Quel regard portez-vous sur la situation politique actuelle du pays, et d’après vous, quel est le scenario possible pour sortir de l’impasse ?

Me MBENZA : Ce sont des acteurs politiques congolais qui créent cette impasse. Nous estimons qu’il n’y a pas d’impasse car tout le monde sait qu’il y aura élection présidentielle au mois de septembre prochain. Tous ceux qui veulent bloquer ce processus seront passibles des poursuites judiciaires, pour violation flagrante de la constitution. Ce qu’il faut savoir est que nous sommes tous tenus au respect de la constitution ; voir l’article 73 de la constitution. S’il n’y a pas élection avant le 19 décembre 2016, l’on va tomber dans ce qu’on appelle vacance. Donc, il faudra un président intérimaire, le président ne peut rester en fonction que si son successeur est connu car ce dernier entre en fonction 10 jours après son élection.

Tout autre manœuvre visant à maintenir le chef de l’Etat au pouvoir maintenant est anticonstitutionnelle ; seul le referendum peut laver le chef de l’Etat. C’est ici l’occasion de conseiller au chef de l’Etat de s’approcher des gens qui maitrisent ce sujet. Sinon, il sera induit en erreur.

De plus, le serment du chef de l’Etat prêté solennellement devant Dieu et le peuple sur le respect de la constitution sera nul.

Quant au dialogue, cela n’a rien avoir avec les élections. Le dialogue a été voulu par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ainsi que les résolutions 2098, 2211 et 2277, ceci pour apaiser les tensions causées par les mauvaises élections de 2011 qui ont divisé les congolais.

La Pros. : Quelle chance accordez-vous au dialogue ?

Me MBENZA : C’est important de dialoguer, le contraire ne profite à personne. Au nom du nationalisme, il faut dialoguer pour exécuter les accords-cadres en vue de la réconciliation.

Pour moi, Genval est très important. C’est déjà un objectif du dialogue. Ce n’est pas facile de voir les bénéficiaires de mauvaises élections de 2011 avec les perdants autour d’une table à l’exemple du vieux Mwando Nsimba et Bruno Tshibala ; c’est un début de dialogue ; le chef de l’Etat pouvait saisir cette occasion pour dire à ceux qui le gênent dans ses prérogatives que le moment est venu pour parler de la réconciliation nationale.

Toutefois, le dialogue n’a rien avoir avec les élections, le dialogue peut bien se tenir ou pas mais les élections sont incontournables.

La Pros. : Quelle lecture faites-vous de la forte pression de la communauté internationale sur le pouvoir, à l’instar du gel des avoirs du commandant de la police, le Général Kanyama ?

Me MBENZA : Comme tout citoyen ; j’ai suivi la décision par la voie des medias. Ce n’est pas fortuit, cela est tombé à l’approche de la commémoration de l’indépendance. Dans le préambule de la constitution, il est dit que la RDC est attachée à la promotion d’une coopération internationale mutuelle ; avantageuse et rapprochée du peuple du monde. Cela veut dire que ce rapprochement donne aux américains l’occasion de constater ce qui se passe chez nous et d’en tirer les conséquences.

C’est encore pour nous une occasion de nous interpeller en disant que tout ceci nous arrive parce que nous sommes divisés, de même, avec le dossier Jean-Pierre Bemba à La Haye. L’union fait la force ; si nous sommes unis, nous serons forts face à toute agression extérieure. Il sied de souligner que cette unité se résume simplement dans le respect des certaines valeurs ; les valeurs que nous mêmes avons voulu dans le même préambule de la constitution, lequel stipule entre autres: «unis par le destin et par l’histoire autour de nobles idéaux de liberté, fraternité ; de solidarité ; de justice ; de paix et de travail». Ces idéaux ne valent pas parce qu’il y a inversion des valeurs. Notamment, de l’injustice, le tribalisme, le régionalisme, l’impunité, le népotisme et cela ruine le pays.

La Pros. : Un mot sur le dernier discours du Chef de l’Etat à la Nation ?

Me MBENZA : Pour moi ce discours était inattendu. Il n’y avait pas d’innovation dans cette adresse. L’enrôlement des électeurs, c’est connu de tous qu’il faut aller aux élections après 5 ans .Mais, ce qui est important dans ce discours du chef de l’Etat, c’est le fait qu’il ait contredit les chantres et tous ceux qui l’entourent qui racontent des choses sur son dos du genre «wumelaaaaaa »……Nous pensons que tout cela n’a rien avoir avec la gestion d’un Etat. Cela relève du fanatisme et le fanatisme n’est pas du domaine du public, c’est privé. C’était important que Kabila déçoive ceux-là en leur disant que lui est le garant de la nation et symbole de l’unité nationale et qu’il veille au respect de la constitution comme il l’avait juré à travers son serment, et nous sommes tous entrain d’entendre que cela se concrétise.

La Pros. : Vous avez à dire sur la disparition de l’Abbe Malumalu

Me MBENZA : Lorsqu’on a annoncé la fausse mort, les gens ont jubilé. Encore là un problème de cohésion nationale. En tant qu’africain, on ne peut pas jubiler autour de la mort ; mais ici les gens l’ont fait. Encore une fois, bannissons l’injustice et le tribalisme...Privilégions la cohésion nationale.
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