En marge de la 185ème fête nationale de son pays, l’ambassadeur du Royaume de Belgique en RD Congo, Michel Lastschenko, a échangé avec une brochette de journalistes de la capitale sur de nombreux sujets d’actualité, hier mercredi 20 juillet 2016, en sa résidence à Gombe. Au menu : le Dialogue politique inclusif, la rencontre des opposants à Genval, le processus démocratique, les élections, le référendum pour un 3ème mandat, Moise Katumbi, etc.



D’entrée de jeu en liminaire, le diplomate a rappelé qu’il est fin mandat, après 4 ans de présence en RD Congo, un pays qu’il a revu pour la seconde fois après avoir occupé le même poste entre 1988 et 1992. « En 2012, je suis arrivé à Kinshasa à un moment de crise dramatique avec la rébellion du M23. Grâce à la Belgique, la France, les USA, etc. la voix de la RDC a pu porter et le Conseil de sécurité des Nations Unies avait doté la Monusco d’une Brigade internationale d’intervention qui a chassé la rébellion. », s’est-il souvenu.



Depuis lors, la situation sécuritaire et politique s’est-elle améliorée ou dégradée ? A cette question, Michel Lastschenko a indiqué qu’aujourd’hui, la situation est loin d’être stable, mais il n’y a plus de groupe qui menace l’existence de la République à partir du Nord-Kivu. Du point de vue politique, a-t-il ajouté, en 2012, il y a eu réélection du président de la République et on ne se préoccupait pas de 2016. « En début 2015, on a commencé à se demander comment va-ton organiser les élections et aujourd’hui la question politique l’emporte sur la situation sécuritaire… », a souligné l’ambassadeur.



Face à la floraison de titres des journaux, l’ambassadeur a reconnu qu’il y a une vie démocratique en RD Congo. Cependant, il a déploré la tendance de certains dirigeants à passer du système démocratique au système autoritaire. « Dans une démocratie, il faut libérer au maximum l’espace politique, les insultes doivent être sanctionnées, mais il ne faut pas refuser l’expression. Sinon, c’est la crispation… », a-t-il averti.



Au sujet du Dialogue politique, le premier des Belges de la RDC a salué le fait que toutes les parties s’accordent sur la facilitation d’Edem Kodjo. « Nous attendons le commencement du Dialogue car c’est le seul cadre où va se poser les questions de l’avenir du Congo. On va y discuter du calendrier, et d’autres questions importantes. Malgré les positions opposées, on doit se parler pour trouver un consensus… », a-t-il exhorté.



Sanctions : la Belgique encore vigilante

Interrogé sur les prises positions distinctes des Etats-Unis, notamment sur le respect du délai constitutionnel et les sanctions contre les responsables du blocage du processus démocratique, l’ambassadeur a clairement dit que tout le monde est pour le respect du délai constitutionnel. « … ça, c’est la théorie. L’élection présidentielle le 27 novembre 2016. Pour diverses raisons, peut-être à cause des événements tragiques de 2012-2013, le gouvernement n’a pas pu réunir les moyens… », a-t-il tenté d’expliquer, avant dé faire noter que la Belgique n’en est pas encore à la politique des sanctions, mais plutôt celle de grande vigilance.



Sans vouloir faire un procès d’intention sur la bonne foi des autorités congolaises, le diplomate a diagnostiqué ce qui manque à notre univers politique : la confiance. « Les hommes politiques ne se font pas confiance. D’où, chaque décision est perçue comme une volonté de nuire… », a-t-il regretté.



Concernant la colère des autorités de Kinshasa sur la réunion de l’opposition congolaise à Genval, en Belgique, l’ambassadeur a déclaré qu’il serait davantage heureux si le Conclave avait touché tout le monde et était un pré-dialogue. « Nous sommes un pays libre et les opposants ont souhaité se réunir au château de Genval. N’importe qui peut l’organiser dans le respect des lois belges. Ce n’était pas une rencontre organisée par la Belgique, mais nous nous réjouissons que les opposants congolais se parlent. C’est important dans une démocratie de se mettre d’accord sur les principes … », a-t-il martelé.



Balayant du revers de la main les accusations d’octroi rapide des visas d’entrée sur le territoire belge aux opposants, soit endéans 48 heures, Michel Lastschenko a expliqué, que ceux qui s’y rendent régulièrement l’ont eu rapidement. « Mais beaucoup d’entre eux avaient déjà leurs visas. Et pourquoi bloquer une demande alors que les conditions sont remplies ? On s’est beaucoup félicité en Belgique que les gens se parlent, car on se souvient des débats houleux de 2012 sur la désignation du porte-parole de l’Opposition… », a-t-il soutenu.



A propos des actions judiciaires entreprises. contre le candidat déclaré à la présidence, Moïse Katumbi, l’ambassadeur Lastschenko est formel : « Non. Cela ne favorise pas un climat de Dialogue ». Toutefois, il a reconnu que la justice a jugé bon de le condamner et s’est refusé à tout commentaire sur une affaire dont il ne connait pas les détails.



Financement des élections : les conditions de la Belgique

Alors qu’une frange de l’opinion nationale estime que les partenaires de la RDC sont prompts aux critiques et lents à plonger les mains dans les porte- monnaies, il a émis deux conditions, concernant son pays : la publication d’un calendrier consensuel et d’un plan de financement.



Soulignant la nécessité de libérer les prisonniers d’opinion dans une démocratie, le diplomate a retenu que la grâce présidentielle annoncée par le Chef de l’Etat est une mesure de confiance et va contribuer à la décrispation. « Nous avons espéré qu’à l’occasion du 56ème anniversaire, cela allait se concrétiser parce que le principe est acquis … »



Répondant, enfin, à la question liée à l’idée d’organiser un référendum en vue de modifier la Constitution et ouvrir ainsi un mandat supplémentaire à l’actuel président de la République, le plénipotentiaire belge a dévoilé que ce serait une modification regrettable si on devait le faire maintenant. «Le référendum est une erreur, car on a mis des années pour construire le consensus politique actuel. Depuis Addis-Abeba, Lusaka, Gaborone, Sun City, la Constitution du 19 février 2005, etc. c’était un travail de longue haleine. Ca serait triste qu’un pays qui, pour la première fois, va vivre une transition démocratique, ne puisse vivre ce moment. Après deux mandats, un président doit passer la main, non parce qu’il est mauvais, mais parce que la Constitution dit cela. Pourquoi faire un référendum alors qu’on peut faire une élection ? » s’est-il interrogé, reconnaissant qu’il existe cette tentation des gouvernements démocratiques d’évoluer vers des formes autoritaires.

Par Tshieke Bukasa



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