Modèles alternatifs de financement des médias. RDC : la Dynamique du 27 mai restitue les propositions à la presse
Comme prévu à la clôture de l’atelier de haut niveau sur les modèles alternatifs de financement pour les médias congolais, une conférence de presse a eu lieu hier, mercredi 6 juillet 2016, dans la salle de Conférence de l’Hôtel Africana Palace de Kinshasa/Lingwala. Organisée par la Dynamique du 27 mai, cette rencontre avait pour objectif, restituer les différentes propositions à soumettre à l’Assemblée Nationale et aux instances de prise de décision. Il s’agit, entre autres, de l’allègement de charge des télécommunications pour la presse ainsi que de la mise en œuvre d’une plaque spécifique d’immatriculation.
Selon Tshivis Tshivuadi, Secrétaire Général de Journaliste en Danger (JED), la Dynamique du 27 mai s’est décidée de ne peut pas seulement donner des exigences au journaliste quant au respect des principes, techniques et éthiques du métier. Mais, il fallait également réfléchir sur comment le placer dans un cadre qui lui permette de travailler en toute liberté, indépendance et sécurité. Ce qui suppose de lui accorder une indépendance matérielle. ‘’Un journaliste pauvre ne peut pas être indépendant. Un média pauvre ne peut non plus être libre’’, a-t-il déclaré. C’est le sens de l’ organisation du séminaire sur le modèle alternatif de financement des médias, qui a réfléchi sur la mise sur pied des outils devant permettre notamment au Gouvernement, d’accorder aux médias des facilités, privilèges ainsi que des allègements fiscaux. Car, tout cela ferait en sorte que les charges sur les entreprises de presse diminuent. Et, automatiquement, les patrons paieront convenablement les journalistes pour éviter qu’ils soient à la merci de manipulation et corruption de la part des forces politiques.
Réalisations de la Dynamique
C’est une structure qui a vu le jour le 27 mai 2014. En réalité, c’est un cadre de concertation qui réunit toutes les organisations professionnelles de médias et le CSAC, qui accompagne toutes les actions. Elle est composée des parties qui, chacune dans son secteur, fait le travail soit de régulation ou d’autorégulation de la profession, dans le but de faire face à des défis énormes qu’aucune instance, seule, ne peut relever. ‘‘C’est l’union qui fait la force, comme on dit. Et, je vous assure que c’est en nous mettant ensemble qu’on peut relever ces défis’’, précise le SG de JED.
Il faut dire qu’en deux ans de vie, la Dynamique du 27 mai a réalisé beaucoup de choses. C’est d’ailleurs une première, le fait d’avoir toutes les organisations réunies, pour une cause commune. Cette structure estime que, pour redonner à la presse la force de jouer son rôle de quatrième pouvoir, il est important de commencer par une étude approfondie sur la Loi actuelle qui régit la profession, à savoir la loi de 1996, qui comprend un certain nombre des dispositions obsolètes par rapport à la situation actuelle.
Au-delà, il y a eu une douzaine de réformes visant la refondation de la presse congolaise. C’est dans ce cadre qu’il a été proposé la Loi sur la Liberté de la presse qui est aujourd’hui sur la table du Parlement. Si cette règlementation est promulguée, le pays va assister à une grande avancée sur la question de dépénalisation des délits de presse.
Une autre action menée concerne la Loi sur l’accès à l’information, aussi importante pour le journaliste. Car, il est impensable de demander au journaliste de chercher l’information si les sources officielles d’informations ne sont pas accessibles. Il faut signaler tout de même que, cette Loi a déjà été adoptée au niveau du Sénat et attend d’être analysée au niveau de l’Assemblée Nationale.
Aussi, s’est-il organisé un colloque sur la liberté de l’information et la responsabilité du Journaliste en période de crise, qui a permis de mettre sur pied la charte de responsabilité du journaliste pendant cette période. Un règlement qui comprend un certain nombre d’arrangement à respecter.
Judith Asina
Voici l’intégralité de la charte de la Dynamique du 27 mai
CSAC, UNPC, JED, OMEC, ANEAP, UCOFEM, ANECO, FMJC, FRPC
Charte de responsabilité du journaliste en période de crise
Préambule
Nous journaliste, professionnels et responsables de médias de la République Démocratique du Congo,
Conscient de la fragilité de la démocratie, de l’inconsistance de l’Etat de droit et de crise politique, économique et sociale dans laquelle notre pays est plongé depuis plusieurs années ;
Préoccupés par la persistance de la violence et des actes d’intolérance dans la Société Congolaise ;
Imprégnés des aspirations profondes du «peuple congolais à la cohésion nationale, à l’unité, à la paix, à la sécurité collective, à la dignité et au mieux vivre général ;
Conscient du rôle des médias et des journalistes dans la construction et la consolidation de la paix, dans l’affermissement de la démocratie et l’enracinement de l’Etat de droit;
Convaincus que le droit à l’information est un droit fondamental de l’Homme et que la liberté de l’information est la pierre angulaire de toutes les libertés ;
Conscients que le respect des principes universels d’éthique et de déontologie des médias et des journalistes est déterminant en période électorale ;
Soucieux de contribuer à la stabilité de la vie politique en RDC ainsi qu’à une pratique intelligente, patriotique, intègre, constructive et soucieuse de l’intérêt général ;
Reconnaissant qu’une Charte de responsabilité des journalistes en période de crise respectée et observée «peut contribuer à la tenue des élections libres fiables et transparente ;
Convenons d’accepter la présente Charte, d’y souscrire et du mieux que chacun peut, la respecter et de prendre toutes les mesures appropriées pour en garantir une application engagée et citoyenne.
Considérant les recommandations des premières journées déontologiques de la presse congolaise tenues à Kinshasa du 3 au 5 mai 2015 sous «le thème : «Les défis éthique et déontologique des journalistes et médias pour des élections apaisées en RD. Congo».
Considérant les droits et devoirs contenus dans le Code d’Ethique et de Déontologie du journaliste congolais ;
Vu tout ce qui précède, nous prenons l’engagement de respecter, de promouvoir et de mettre en œuvre les règles et principes suivants :
Faire preuve de solidarité en signalant et en dénonçant tout acte d’atteinte ou de menace à la liberté de l’information
Mettre fin à tout cumul des fonctions de journalistes, attaché de presse, chargé de communication ou membres des cabinets et ou partis politiques
S’interdire tout acte de corruption, active ou passive, directe ou indirecte en vue de la publication ou non d’une information
Favoriser l’accès à tous les courants d’opinion et de pensée dans les membres, surtout public
Traiter tous les problèmes sans partis pris et présenter honnêtement les sujets soulevant controverse
Diffuser la culture de la non-violence en bannissant le message de haine, de violence, d’injure ou de discrimination
Faire preuve dans ses tâches quotidiennes de responsabilité de la véracité des faits, d’équité, d’exactitude, d’honnêteté, d’objectivité, du sens de responsabilité, d’indépendance et de décence dans les relations des faits liés aux individus et à la société.
Œuvrer «pour que toute action journalistique, individuelle ou collective s’exerçant en dehors de toute considération politique, économique, ethnique ou religieuse, et dans le seul but de défendre l’indépendance des médias et la libre circulation de l’information.
Cultiver la confraternité en s’abstenant de tout acte susceptible de nuire à la dignité de confrère et à leur sécurité.
Informer la dynamique de toute évolution des conditions d’exercice de la liberté de la presse dans leurs milieux ou leurs régions, ainsi que des incidents graves affectant la liberté des médias, l’intégrité physique, la sécurité des journalistes et des Net-citoyens.