La sixième réunion ordinaire du Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangé le dispositif actuel de politique monétaire. D’autant plus que c’est seulement le 27 juin dernier que la BCC est intervenue pour une troisième fois consécutive avec 50 millions USD. Au total 168 millions USD ont déjà été déversés sur ce marché depuis le premier semestre, en vue d’accroître l’offre de devise.

Face à la surchauffe sur le marché des changes et entendu que cette action ne va pas se faire continuellement, Déogratias Mutombo propose la modification en profondeur de l’orientation de la politique de développement. Pour ce faire, il est indispensable pour la RDC de mettre en œuvre des outils structurels à l’instar des 28 mesures prises par le Gouvernement. L’idée ici consiste à stabiliser durablement l’économie et relancer de manière efficace l’économie du pays, en accélérant la diversification au moyen de l’industrie, développement des infrastructures et du capital humain. Une optique susceptible d’accroître la production, développer le marché intérieur et réduire l’indépendance en matière des produits de première nécessité. Ce qui implique une stratégie de stabilisation et relance de production locale, avec comme objectif, atteindre l’import-substitution dans la production alimentaire de base.

A l’en croire, l’agriculture peut booster la transformation structurelle, et contribuer significative au Produit Intérieur Brut (PIB). Pour y arriver, le pays a besoin d’appliquer ces mesures prises par le Gouvernement. Car, il y a lieu d’accroître les recettes fiscales en luttant contre la fraude fiscale ; supprimant les exonérations sans base légales ; revisiter la réforme TVA ; accroître la base d’imposition ; diminuer le taux d’Impôt sur le Bénéficie ; informatiser les services liés à la collecte de l’’impôt.

Aussi, envisage-t-il une production alimentaire dans le cadre d’un programme visant l’émergence de l’entreprenariat local. Lequel programme sera appuyé sur les dispositifs crédibles d’encadrement technique, logistique, financier en faveur du secteur public par l’Etat. Une modification de l’orientation stratégique de développement qui conduira à un modèle économique basé sur le secteur des produits de base, en l’occurrence l’agriculture, qui doit être en relation avec en amont des services des activités qui fournissent des inputs, et en aval des activités de services qui utilisent ses productions.

Judith Asina



Banque Centrale du Congo

Comité de Politique Monétaire

Communiqué

Le Comité de Politique Monétaire (CPM) a tenu sa sixième réunion ordinaire, ce jeudi 14 juillet 2016, sous la présidence de Monsieur Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo.

Cette séance de travail a procédé à l’examen de la conjoncture économique et financière récente aux plans extérieur et intérieur ainsi que les facteurs de risque susceptible d’influer négativement sur les perspectives à court terme en matière de stabilité des prix, avant d’adopter des orientations claires de la politique monétaire et de change.

De cette analyse, il s’est dégagé ce qui suit :

Au plan extérieur,

Les perspectives de l’économie mondiale révisées, publiées par la Banque Mondiale au mois de juin courant indique un ralentissement du taux de croissance de l’économie mondiale à 2,4 % venant de 2,9 % projeté initialement. Cette évolution est expliquée par plusieurs facteurs, à savoir : (i) l’atonie de la croissance dans les économies avancées et la forte contraction des économies émergentes, (ii) la persistance, plus que prévue, de la faiblesse des prix de matières premières, (iii) la faiblesse du commerce mondial ainsi que (IV) la baisse des flux de capitaux.

Dans ce contexte, les cours mondiaux des principales matières premières, notamment celles exportées par l’économie congolaise, se sont globalement repliés, maintenant sous pression les perspectives de stabilité et de relance de l’économie nationale encore fortement extractive.

En effet, le CPM a noté un fléchissement du cours du Cuivre de 2,4 % par rapport au mois de mai 2016. Quant aux cours du pétrole et de l’Or, ils se sont inscrits en hausse respectivement de 4,7 % et 1,0 % d’un mois de l’autre. Au total, au regard de la pondération de ces différents produits, les tendances à moyen terme des cours de matières premières ne plaident pas en faveur de l’économie nationale.

Au plan intérieur,

Les estimations de la croissance économique, sur base des réalisations de production à fin mars, tablent sur une progression du PIB réel de 5,3 % en 2016 contre 6,9 % en 2015. Ce ralentissement de l’activité économique fortement corrélée à l’évolution des cours mondiaux de matières premières est confirmé par le solde brut d’opinions des chefs d’entreprises qui demeure quasiment négatif depuis le début de l’année. En juin 2016, il est ressorti à – 0,2 % un mois plus tôt, ceci atteste par ailleurs, le pessimisme aggravé des chefs d’entreprises.

Sur le marché des biens et services, il a été noté une tendance à l’accélération de l’inflation. En effet, en rythme mensuel, le taux d’inflation est passé de 0,13 % à 0,49 % entre mai et juin 2016. En cumul, l’inflation est passée de 0,62 à fin mai à 1,112 % à fin juin. Cependant, en glissement annuel, l’inflation se situerait à 1,618 % contre 0,346 % à la période correspondante de 2015 et un objectif révisé de 4,2 % en 2016. La pression ainsi observée sur les prix des biens et services traduit également les effets de la dépréciation monétaire sur le marché de change.

Sur le plan des finances publiques, l’exécution du plan de trésorerie du secteur public au mois de juin 2016, s’est soldée par un déficit de 135,4 milliards CDF, portant le déficit cumulé au premier semestre 2016 à 267,1 milliards de CDF contre un excédent cumulé de 39,6 milliards réalisé à la période correspondante de 2015.

Sur le marché des changes, le mois de juin a été marqué par une accélération de la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar américain. En effet, après s’être déprécié de 0,6 % et 0,8 % à l’interbancaire et au parallèle respectivement entre avril et mai 2016, le franc congolais est entré dans une zone de turbulence, occasionnant sur ces marchés des dépréciations de 3,0 % et 4,4 % entre mai et juin 2016. Ainsi, le taux de change est passé de 954,95 CDF/USD à 983,76 CDF à l’indicatif et de 986,63 CDF à 1032,00 CDF au parallèle. Pour atténuer la perte de la monnaie nationale te surtout casser la spéculation y afférente, l’Institut d’Emission a vendu sur le marché des changes un montant de 50,0 millions d’USD qui a eu le mérite de réduire la volatilité du taux de change.

S’agissant des réserves de change à fin juin, elles sont évaluées à 1.091 millions d’USD, correspondant à 4,82 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres, ce qui devrait conférer à l’Institut d’Emission la marge nécessaire pour soutenir encore le Franc congolais.

Concernant le secteur monétaire, la base monétaire s’est repliée de 1,0 % par rapport à fin décembre 2015 à la suite de la forte contraction des avoirs Extérieurs nets contrebalancées par une expansion des Avoirs Intérieurs Nets impulsée principalement par l’accroissement du Crédit Net à l’Etat. Pour ce qui est du marché interbancaire, il est demeuré dynamique avec des opérations qui se sont dénouées aux taux moyen pondéré de 1,7 %.

S’agissant du Bon BCC, il a ponctionné 3 milliards de CDF, situant son encours à 50,0 milliards à fin juin contre 47 milliards à fin décembre 2015. Sur le plan de l’activité bancaire, il est apparu que le taux débiteur des banques commerciales est fixé à 19,0 % pour les transactions en monnaie nationale et 14,7 % pour celles en devises alors que le taux créditeur est ressenti à 3,3 % en franc congolais et 3,0 % en monnaie étrangères.

Au vu des résultats de la dernière intervention de la BCC, le Comité de Politique Monétaire a décidé d’observer encore l’évolution du marché des changes et de la liquidité et de maintenir inchangé le dispositif actuel de la politique monétaire.

Ainsi, le taux directeur est maintenu à 2 %, les coefficients de la réserve obligatoire sont fixés respectivement à 10 % et 9 % pour les dépôts en devises à vue et à terme, et à 2 % et 0 % pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme. Quant à la régulation de la liquidité, elle se poursuivra via le bon BCC.

Le Comité de Politique Monétaire réaffirme encore la ferme volonté de la Banque Centrale du Congo de tout mettre en œuvre pour assurer la stabilité du cadre macroéconomique, gage de tout développement économique. Par ailleurs, il encourage le Gouvernement à s’investir davantage dans la mise en œuvre des 28 mesures urgentes qu’il s’est dotées pour la stabilisation et la relance économique à la suite de la chute des cours des matières premières.

Fait à Kinshasa, le 14 juillet 2016

Déogratias Mutombo Mwana Nyembo

Président
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top