C’est pas trop tôt! Il a fallu attendre 48 heures après les premières violences meurtrières qui ont endeuillé Kinshasa pour que le président Joseph Kabila s’exprima. Il n’a pas pris personnellement la parole. C’est son directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya, qu’il a fait à sa place. Celui-ci a rédigé un communiqué, au nom du chef de l’État, qui a été aussitôt lu à la télévision nationale. Bien que le
communiqué présidentiel ait envoyé des messages contradictoires, il faut retenir en gros que Kabila a dit que c’est pas du tout de sa faute si Kinshasa s’est embrasée. La faute incombe selon lui au Rassemblement. Il a présenté ses condoléances aux familles éplorées. Mais le plus alarmant dans ce message présidentiel, c’est qu’il n’a vu que la paille qui est dans l’oeil de ses opposants les plus farouches, Tshisekedi et Katumbi.


En aucun cas, il n’a vu la poutre qui est dans son oeil. Il accuse le Rassemblement d’«insurrection» mais oublie ou feint d’ignorer que cette crise a été provoquée par lui: la non-tenue de la présidentielle dans le délai constitutionnel. Le 19 septembre 2016, jour où la nation s’est déchirée, devrait être un jour de grande fête démocratique. C’est le jour où les congolais devaient mettre un bulletin dans l’urne pour désigner un nouveau président. Il n’en rien. En cela, Kabila a trahi son serment de garant du bon fonctionnement des institutions. Il devait plutôt s’en repentir au lieu de tancer l’Opposition coupable à ses yeux d’avoir des ambitions politiques. Faut-il rappeler qu’avoir des ambitions politiques, notamment présidentielle est légitime et légale. Qu’en est-il de ses propres ambitions politiques contrariées par le verrou constitutionnel de la limitation des mandats? Ne sont-elles pas le noeud de la crise? Après les émeutes sanglantes de janvier 2015 sur la modification de la loi électorale, les signaux envoyés par les congolais au régime étaient suffisamment clairs pour éviter les morts de trop de septembre 2016. Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre dit-on. Pas plus qu’il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir dit-on aussi. Si Kabila ne lâche pas du lest en considérant que la nation et sa constitution s’imposent à lui, , les mois prochains, avec en ligne de mire la fin de son mandat (20 décembre) risque d’être chauds. L’aspiration démocratique et l’expérimentation de la première alternance politique pacifique sont tellement fortes qu’aucune répression, féroce soit-elle, ne saurait avoir raison d’elles. Les morts de janvier 2015, une cinquantaine, n’ont pas empêché les congolais de sortir le 16 septembre 2016 et de trouver la mort hélas. Kabila peut encore se ressaisir. Mais sa marge de manœuvre devient de plus en plus étroite. Au lieu de pleurer les morts, il peut faire mieux, faire en sorte qu’elles cessent définitivement. Sinon ses condoléances s’apparenteraient aux larmes de crocodile.

Israël Mutala/

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