
Manifestations sanglantes
Depuis janvier 2015, le report de l’élection présidentielle, prévue fin 2016, est présenté par l’opposition congolaise comme une manoeuvre du président Joseph Kabila afin de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat. Une accusation que valide le dialogue national en cours à Kinshasa, qui prévoit une période de transition de plus de 16 mois et le maintien de Joseph Kabila dans son fauteuil. La Cour constitutionnelle a d’ailleurs validé ce scénario en autorisant l’actuel chef de l’Etat à rester en poste jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. En janvier 2015, une manifestation contre la loi électorale avait déjà dérapé dans la violence, faisant « au moins 42 morts ». Les 19 et 20 septembre, la mobilisation anti-Kabila s’est également terminée dans le sang, avec un bilan d’une cinquantaine de morts.
Un dialogue au point mort
Pendant ce temps, le président congolais, qui s’est exprimé plusieurs fois sur le sujet, ne donne aucun signe de vouloir quitter le pouvoir comme l’exige la Constitution. La communauté internationale jette pourtant ses derniers espoirs d’apaisement sur le dialogue politique qui se tient à Kinshasa et qui est censé trouver un point d’accord sur le futur calendrier électoral et le sort du président Kabila. Mais le dialogue patine et sa légitimité est fortement remise en cause par l’absence des deux principaux leaders de l’opposition qui boycottent le forum : Etienne Tshisekedi et Moïse Katumbi.
Kabila doit annoncer « qu’il ne se représentera pas »
Selon Jean-Marc Ayrault, « la France joue son rôle pour tout faire pour que le dialogue national ait lieu ; pour que la date des élections soit fixée et pour que le président sortant, dont on garantira la sécurité, annonce clairement qu’il ne se représente pas ». Sourd aux demandes répétées de la communauté internationale de se retirer du pouvoir au soir du 19 décembre 2016, Joseph Kabila fait pourtant l’objet de fortes pressions américaines. Trois hauts responsables sont désormais ciblés par des sanctions américaines : Célestin Kanyama, le chef de la police, et depuis ce mercredi les généraux Gabriel Amisi « Tango four » et John Numbi. L’étau se resserre donc sur le camp présidentiel… pour le moment sans effet sur l’attitude de Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia