Vital Kamerhe est un homme seul. C’est un euphémisme que de le dire. En moins d’une semaine, le président national de l’Union pour la Nation Congolaise a perdu trois hommes forts de son dispositif : le secrétaire général Jean Bertrand Ewanga, l’homme à tout faire, le professeur André Mbata, le métronome constitutionnaliste et ce samedi, le premier secrétaire général adjoint, numéro 3 et cofondateur du parti, André Claudel Lubaya. Tous trois, partis, parce qu’en « désaccord » avec la décision de l’ancien président de l’Assemblée nationale de participer au dialogue dans son format actuel, susceptible, selon eux, de favoriser les conditions de maintenir le chef de l’État Joseph Kabila au pouvoir.

Déjà seul, face à une grande partie de l’opposition, notamment, le Rassemblement qui refuse toujours de rejoindre la table des discussions, aussi longtemps que ses préalables (libération d’opposants, départ d’Édem Kodjo) ne sont pas satisfaits, Vital Kamerhe est désormais esseulé au sein même de son propre parti. Que va -t-il (peut-il) faire ?

Rejeté par l’UDPS et le G7, abandonné par ses troupes, mais aussi, courtisé par la Majorité présidentielle qui voit dans sa position, selon nos informations, le salut de la dernière minute, Vital Kamerhe reste, certes, isolé. Mais, paradoxalement et heureusement pour lui, cette position le (re)place davantage au centre du jeu. Il a deux alternatives, désormais.



Capitaliser son « appel » de la Cité de l’Union Africaine

Seul. Vital Kamerhe l’était encore le jeudi 1er Septembre, à l’ouverture du dialogue, à la Cité de l’Union Africaine. Il est le seul à sortir du lot par sa prise de parole spectaculaire au cours de laquelle il sollicite la suspension des travaux, le temps d’aller convaincre l’UDPS, le G7 et Alliés à rejoindre le forum. Le parti d’Étienne Tshisekedi a rejeté l’offre, le groupe des 7 un peu moins. Loin de constituer un motif de découragement, Vital Kamerhe peut transformer les questions, les demandes et les préoccupations des réfractaires au dialogue, en son propre combat.

En clair, VK peut renverser la table en se comportant, à l’intérieur du dialogue, exactement comme l’UDPS. Imaginez l’UNC qui menace de claquer la porte parce qu’elle n’a pas obtenu la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année. Ou encore, parce que ses efforts d’arracher une courte transition dirigée par une tierce personne en lieu et place de Joseph Kabila se seraient révélés vains.

C’est de la science-fiction, mais ç’a le mérite d’être imaginé, tant les marges de manœuvre semblent aujourd'hui réduites pour le chef de fil de l'UNC. Il n’a pas de choix. S’il veut déjouer tous les pronostics qui le donnent (à tort) fini, Vital Kamerhe doit carrément devenir l’opposant radical au sein du dialogue. Aux yeux des congolais, il deviendrait alors « un Homme ». L’homme qui aura défié « l’ennemi » dans son propre camp, dans ses propres installations, dans son agenda « caché ». Il en sortirait gagnant aux yeux d’une opinion congolaise majoritairement favorable à l’alternance au pouvoir. Autrement ? Autrement, ce serait la seconde alternative.



Aller jusqu’au bout

Pour beaucoup au sein de l’opposition, Vital Kamerhe a accepté de participer au dialogue contre « une promesse de nomination au poste de premier ministre ». Il a démenti ces rumeurs. Dans l'hypothèse où cela était vrai, ce serait la seule voie de sortie possible pour le patron de l’UNC, qui, dans l’éventualité d’un échec sur les préalables de l’opposition, mais aussi les garanties d’Alternance, n’aura pas d’autres choix que d'aller jusqu’au bout.

« Doté du pouvoir et des moyens, Kamerhe est un bon joueur qui ramènera beaucoup de gens à la raison », ose d'ailleurs un cadre de la MP qui le connait très bien et le considère toujours comme le recours de la dernière chance face aux stratégies du pouvoir qui ne fonctionnent plus ou presque.

Mais pour l’une ou l’autre alternative, Vital Kamerhe reste, malgré tout, devant des choix drastiques à opérer d’ici la fin du dialogue dans les deux prochaines semaines. Durcir le ton et s’éloigner du gouvernement qui a, pourtant, trouvé en lui un homme d’État capable de privilégier la paix et l’intérêt général. Ou, rejoindre le pouvoir et conforter, finalement, les soupçons qu’il ne l’avait jamais quitté, et se mettre à dos l’opposition.

A moins d’échouer à faire ni l’un ni l’autre, et se retrouver à jamais…seul.
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