La République Démocratique du Congo traverse l’une des graves crises politiques de son histoire. Selon la constitution, le mandat du chef de l’État prend fin le 19 décembre 2016. Mais, faute d’élections, Joseph Kabila devra rester à la tête du pays. L’accord signé mardi à la cité de l’UA prévoit de donner le poste de premier ministre à l’opposition. Sans doute, à l’ancien président de l’assemblée nationale, Vital Kamerhe.
Si, la mission d’organiser les élections dans un peu plus d’un an s’annonce titanesque pour le futur chef du gouvernement, le parcours de Vital Kamerhe (si c’est lui qui sera nommé) et le contexte, rappellent de manière frappante un homme : Jean Ngunz a Karl i Bond, premier ministre entre 1991 et 1992. Dans une République du Zaïre qui, comme aujourd’hui, cherchait sa démocratie.

Kamerhe – Ngunz, comme deux goûtes d'eau
Le jeune premier ministre Jean Ngunz a Karl i Bond recevant des instructions du président Mobutu, en présence du premier ministre belge, Wilfried Martens, en 1981.

Précisons, d’abord, que le portrait croisé proposé ici anticipe la nomination du président national de l’UNC à la primature. Sachant que cette décision peut être différente. Dans la perspective de sa nomination, Vital Kamerhe rappellerait alors l’ancien premier ministre Ngunz a Karl i Bond.

Car les deux hommes ont un parcours quasi similaire. Les défis, très politiques, aussi. Polyglotte comme Kamerhe, à 42 ans, Ngunz (photo) est nommé premier ministre en Août 1980. Vital Kamerhe est âgé de 48 ans lorsqu’il accède au perchoir de l’Assemblée nationale en 2007. Le premier est le bras droit du maréchal Mobutu. Le second, l’homme clé du dispositif de Joseph Kabila.
Après un an de gouvernement, l’arène politique zaïroise est agitée. Ngunz quitte son poste et s’exile en Belgique où il rejoint l’opposition fraîchement créée par les 13 parlementaires contre le président Mobutu. En 2009, l’histoire d’amour entre Kamerhe et Kabila se termine. Éjecté de la présidence de l’Assemblée nationale, il crée, en 2010, son parti, l’UNC, et rejoint l’opposition.  

Le retour en grâce
A Kinshasa, mais aussi, dans les grandes villes du pays, comme à Lubumbashi, fief de Nguz, l’Union sacrée de l’opposition fait trembler Mobutu. En pleine Conférence Nationale Souveraine (CNS), le maréchal décide de jouer la carte de la division. Acte I, il oppose le clan Kyungu contre Tshisekedi et fait exploser l’unité de l’opposition. Acte II, il nomme Nguz, une deuxième fois, au poste de premier ministre.
Confronté à une forte opposition, à l’approche de la fin de son second mandat, Joseph Kabila convoque le dialogue national (Sa CNS). Il réussit, lui aussi, à faire «revenir à la maison», Vital Kamerhe. L’homme qui va faire douter le Rassemblement.
À la CNS, le premier ministre Nguz, c’est lui le patron. Qui va jusqu’à fermer le forum parce que « les travaux coûtaient trop cher à la république », s’expliqua-t-il face à une demande, pourtant, pressante de baliser le chemin vers « la démocratie et le changement social ». Devenu l’homme le plus puissant du dialogue de la cité de l’UA, Kamerhe, pressenti premier ministre, rejette, l’idée d’un nouveau dialogue «inclusif» que demande le Rassemblement, la coalition de l’opposition qui réclame le départ du chef de l’État le 19 décembre 2016.
Kamerhe, Ngunz, deux personnalités aux trajectoires identiques. Jusqu’où ira cette comparaison ?
16 Février 1992. Déterminés à obtenir la réouverture de la conférence nationale souveraine, l’opposition et l’église catholique organisent une marche, réprimée violemment par le gouvernement Nguz. Le bilan est très lourd. Une centaine de morts.
A l’approche des manifestations menaçantes du 19 décembre 2016, le gouvernement qui se chargera de réprimer, pourrait bien s’appeler…Vital Kamerhe.
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