L’absence d’inclusivité corrompra les résolutions qui sortiront du Dialogue de la Cité de l’UA. Au moment où la Cenco et le Rassemblement appellent à des négociations directes entre « acteurs majeurs », l’Onu s’apprêterait à dépêcher un émissaire de haut rang afin de recadrer les divergences entre parties et aboutir rapidement à un compromis politique dans lequel le peuple se reconnaitra.

Le Dialogue de la Cité de l’Union africaine a du mal à conclure ses travaux. Et pour cause. Le forum était mal parti. Son facilitateur, un pion de la majorité au pouvoir, l’a démarré sur les chapeaux de roue pour éviter l’inclusivité recommandée par la communauté internationale à travers la Résolution 2277 du Conseil de sécurité de l’Onu.

Annoncés pour 15 jours, les travaux du Dialogue national ont déjà épuisé tout le mois de septembre sans que les participants ne parviennent à trouver des solutions à la crise congolaise. La raison est simple. Le parti-pris et la supercherie dont ils ont fait preuve les ont rattrapés tout de suite. Non seulement ils ne sont pas représentatifs, malgré leur grand nombre(285), mais aussi ils ne sont pas habilités à signer un accord qui s’imposerait à toutes les parties en conflit, particulièrement le Rassemblement dont la communion avec le peuple n’est plus à démontrer. Les événements des 19 et 20 septembre derniers étant une parfaite illustration.

Sous la coupe de la Majorité présidentielle, l’Opposition qui participe au dialogue a accepté les séquences électorales proposées par la Céni, celle-là même dont on connaît l’inféodation au pouvoir en place. Pour réussir leur coup consistant à éviter les élections à tout prix dans les délais raisonnables, les deux parties ont convenu de la tenue de la présidentielle couplée aux législatives nationales et provinciales.

En acceptant ce couplage de trois scrutins dont l’organisation est la plus compliquée qui soit, aux dires de la Céni, l’opposition de la cité de l’UA s’est fourvoyée. Du coup, la MP sort gagnante en supprimant l’organisation des élections dans un délai le plus court possible comme tout le monde le souhaite. Ces élections couplées sont laborieuses contrairement à la présidentielle dont la circonscription et l’électorat sont connus d’avance.

Naturellement, la Céni -qui travaille en parfaite intelligence avec la MP- a été mise à contribution pour se cabrer et se réfugier derrière les contraintes techniques en présentant, le samedi 1er octobre, un calendrier qui fixe la tenue effective de la présidentielle couplée aux législatives nationales et provinciales 504 jours après le 31 juillet 2017, soit pour décembre 2018. Une proposition que le peuple congolais n’entend pas cautionner.

Non seulement cette proposition énerve la Constitution mais aussi elle n’engagerait que les signataires de ce document. Ce qui ne pourrait ni baisser la tension qui a atteint son paroxysme entre la Majorité et l’Opposition encore moins parvenir à assurer un processus électoral apaisé, comme on a semblé le souhaiter au début de ce dialogue.

Un cadre de dialogue inclusif

Voyant le danger de loin, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s’était empressée de suspendre sa participation au dialogue qui se tient à la Cité de l’Union africaine. L’Eglise catholique a saisi l’occasion pour rappeler ses fondamentaux, à savoir qu’il doit être dit dans l’accord politique que l’actuel président ne briguerait pas un nouveau mandat, que les dates des prochaines élections soient clairement indiquées ainsi que le planning de décaissement de fonds.

L’Eglise catholique rappelle que si les résolutions des Concertations n’ont pas été appliquées, c’est parce qu’il n’y avait pas un bon suivi.

En attendant, la Cenco insiste sur la nécessité de convenir d’«un cadre de dialogue inclusif » où ne participeraient que des acteurs majeurs de la vie socio-politique congolaise. Ce, dans le seul but de parvenir à un compromis qui aura réellement une incidence sur la paix en République démocratique du Congo.

« La Cenco souhaite qu’il soit mis en place un cadre inclusif où on pourrait trouver un compromis qui serait accepté par tous. C’est la garantie de la paix », n’a cessé de marteler devant la presse, samedi 1er octobre, l’Abbé Donatien Nshole, premier secrétaire général adjoint de la Cénco, à sa sortie de la plénière du Dialogue de la Cité de l’UA où il est venu réaffirmer la position de la Cenco de suspendre sa participation à ces négociations.

L’Eglise catholique estime qu’une « présence décorative » au sein du dialogue, sans apporter des solutions concrètes, ne sert à rien. Tout en encourageant les participants au dialogue de la Cité de l’UA à parvenir à des « bonnes résolutions », l’envoyé du clergé catholique a cependant noté qu’il faut nécessairement intégrer les préoccupations des autres acteurs majeurs qui sont en dehors de ces pourparlers, faisant allusion clairement au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

« Quand la Cenco était au dialogue, ça n’a pas empêché qu’il y ait de morts les 19 et 20 septembre. La Cenco aura beau être là jusqu’à la fin du dialogue et qu’on arrive à des bonnes résolutions mais si une bonne partie de la population qui se reconnait aux thèses du Rassemblement n’approuve pas les résolutions de ce dialogue, on n’aura pas la paix. On aura travaillé pourquoi alors ? ». Cette interpellation de l’abbé Nshole sonne comme une vérité que la Majorité présidentielle -qui tire toutes les ficelles à la Cité de l’UA- ne doit pas méconnaitre.

Le Dialogue de la Cité de l’UA n’est pas représentatif et donc ne peut pas apporter des solutions à la crise congolaise. Son facilitateur a montré ses limites, mais aussi ses accointances avec la MP.

Un émissaire de l’Onu à Kinshasa pour recadrer les divergences

Pour avoir raté l’occasion d’être un point de départ d’une nouvelle ère caractérisée par le respect des droits humains et la promotion de la démocratie, le forum du duo Kodjo-MP a malheureusement poussé les Nations Unies à mettre Kinshasa sous « surveillance ». Au même moment, les USA viennent d’allonger la liste des personnalités de la RDC qui violent les droits humains ou bloquent le processus démocratique. Des signaux qui prouvent que le pouvoir de Kinshasa est sur la mauvaise pente.

« Voilà pourquoi, la Cenco dit : continuez à travailler au dialogue, amenez des bonnes résolutions. De l’autre côté, le Rassemblement va être en conclave. Il va amener des bonnes résolutions aussi. Maintenant, dans un cadre à convenir, les acteurs majeurs de deux camps se mettraient ensemble pour discuter. Je crois qu’on aura une solution à la crise ». Cette conviction de l’Abbé Donatien Nshole parait incontournable en ce moment où la guerre civile est aux portes de la RDC.

Aux dernières nouvelles, il nous revient que l’Onu s’apprêterait à dépêcher un émissaire de haut rang à Kinshasa. La mission de cet envoyé spécial, qui serait un ancien président de la République ou un ancien secrétaire général de l’Onu, selon les sources proches de la Monusco, consistera à recadrer les divergences entre les protagonistes congolais. Ce dernier, indiquent nos sources, tentera d’évacuer la méfiance, les partis-pris et autres coups fourrés qui ont élu domicile à la cité de l’UA.

Il n’est jamais tard pour s’amender. La MP peut encore puiser dans son orgueil patriotique pour éviter de plonger tout un pays dans le chaos. Les négociations directes s’imposent. L’actuel pacte républicain a été obtenu au prix des multiples sacrifices. Naturellement, les Congolais ne sont pas prêts à hypothéquer leurs acquis démocratiques par la seule volonté d’un groupe d’individus.

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