Le « Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement » a déposé, le mercredi 02 novembre 2016 à la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo)

Le « Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement » a déposé, le mercredi 02 novembre 2016 à la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo), par le soin d’un des doyens de son Conseil des Sages, le député national Gilbert Kiakwama kia Kiziki, son « cahier de charges » contenant ses propositions de sortie de la crise politique actuelle. Signé Etienne Tshisekedi, ce document renseigne que cette plate-forme politique est prête à faire une concession de taille à la Majorité Présidentielle, à savoir la tenue des élections présidentielle et législatives nationales non pas en 2016, comme exigé jusque-là, mais en 2017 au plus tard.

Ses membres insistent toutefois sur l’élaboration des séquences électorales claires fondées sur des dates précises. Cette « concession » de taille est assortie des mesures de confiance, notamment la libération de tous les prisonniers politiques, la cessation des
poursuites judiciaires contre tous les opposants, le retour au pays de tous les opposants en exil, la réouverture de tous les médias fermés, la liberté des manifestations publiques, l’accès de tous aux médias publics, etc.

Avant d’en arriver là, le Rassemblement en appelle à des pourparlers entre ses forces politiques et sociales et celles ayant pris part au dialogue du Camp Tshatshi, en vue de l’harmonisation des divergences entre son cahier de charges et l’Accord politique signé à l’issue de ce forum. Tshisekedi et les siens préconisent la mise en place d’un comité de suivi de la petite « transition » allant de décembre 2016 à décembre 2017 au plus tard.

Certains analystes politiques pensent que le Sommet de Luanda n’avait pas donné un quitus total à l’Accord du Camp Tshatshi et que des ajustements politiques s’imposent. Ce qui explique la montée au créneau de la CENCO.

Ci-dessous, le texte intégral du mémorandum de cette plate-forme politique.
Mémo du Rassemblement des Forces politiques et Sociales acquises au changement

Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement soutient la mission de bons offices de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO). Il réaffirme sa volonté de s’y
impliquer activement dans le seul but d’obtenir le respect de la Constitution de la République par tous et de débloquer pacifiquement le processus électoral par l’organisation des élections transparentes,
libres et crédibles en vue de l’alternance démocratique conformément à cette Constitution.
A cet effet, le Rassemblement souscrit à l’idée que le rapport final de son conclave du 04 octobre 2016, d’une part, et l’Accord politique signé le 18 octobre à la Cité de l’Union Africaine, à Kinshasa, par
les participants au dialogue non inclusif organisé sous la facilitation de Monsieur Edem Kodjo, de l’autre, constituent les documents de travail de base dont les contenus respectifs feront l’objet d’un rapprochement en vue d’un compromis politique inclusif.
Pour le Rassemblement, les parties prenantes sont, par conséquent, les suivantes:
1. Les signataires de l’Accord de la Cité de l’UA
2. Le Rassemblement et ceux avec lesquels il partage les mêmes positions. De la lecture des positions des deux parties exprimées dans leurs documents respectifs évoqués ci-dessus, il ressort des divergences profondes sur les questions fondamentales ci-après:

I. CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE ET PACTE REPUBLICAIN DE SUN CITY
Le Rassemblement considère qu’il est de la plus haute importance que les parties prenantes prennent, sans équivoque, les 3 engagements
suivants :
1. respecter l’intangibilité du Pacte républicain issu du dialogue inter congolais de Sun City et la Constitution du 18 février 2006,
notamment en ce qui concerne la limitation du nombre et de la durée des mandats du Président de la République.
Cet engagement majeur implique non seulement qu’aucune des partie prenantes ne prendra l’initiative de révision ou de changement de
Constitution par voie législative ou par référendum, mais aussi que le Président de la République actuellement en fonction dont le second et
le dernier mandat présidentiel expire le 19 décembre à 23 heures 59, ne présentera pas sa candidature à la prochaine élection présidentielle ;
2. respecter la primauté de l’Etat de droit, les droits hu-mains, les libertés fondamentales, individuelles et collec-tives;
2. respecter la Résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité des Nations Unies, plus spécialement dans ses dispositions concernant le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ainsi que
la libération de l’espace politique.

Le document d’accord politique contiendra impérativement des clauses claires et précises sur les 3 engage-ments ci-dessus.

Il. PROCESSUS ELECTORAL
Pour le Rassemblement, le processus électoral doit être conforme à la Constitution, transparent et crédible. Les élections législatives
doivent être organisées dans les plus brefs délais et, en tous cas, dans le courant de l’année 2017.
1. Cadre institutionnel
Le Rassemblement exige que toutes les institutions impliquées dans le processus électoral, plus spécifiquement la Commission Electorale
Indépendante, CENI, la Cour constitutionnelle et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, CSAC, jouissent pleinement de
leur indépendance ct soient véritablement neutres et impartiales.
En effet, la CENI et la Cour constitutionnelle dans leur
configuration sont partisanes et partiales en faveur de la mouvance kabiliste. Quant au CSAC, il est incapable de garantir le libre accès aux médias publics à tous les courants d’opinion et l’impartialité
des médias en général.
Aussi, le Rassemblement exige la restructuration de ces trois institutions instrumentalisées par le pouvoir. Dans ce cadre, la composition la CENI doit être revue totalement.
Dans le même ordre d’idées, le Rassemblement préconise qu’une équipe d’experts de l’Organisation des Nations Unies, ONU, et de l’Organisation Internationale de la Franco-phonie, OIF, soit commise
auprès de la CENI pour renforcer ses capacités et garantir aux compétiteurs son impartialité.
Le Rassemblement rappelle que la neutralité et l’impartialité sont un devoir imposé également par la Constitution aux Forces armées, à la
Police nationale, aux services de renseignement, à la territoriale et à l’administration publique en général.
Les deux parties prenantes devront convenir des disposi-tions pratiques à cet effet.

2. Enrôlement des électeurs
Le Rassemblement considère que le processus en cours est un recensement déguisé de la population et sert à retarder l’élection présidentielle pour permettre à Monsieur Kabila de demeurer au pouvoir
au mépris de la Constitution et contre la volonté du Peuple congolais.
Pour cette raison, le Rassemblement demande l’évaluation minutieuse de l’opération d’enrôlement des électeurs en cours en vue d’en assurer la
régularité et de l’accélérer
3. Séquence des scrutins
1) La priorité doit être donnée à l’élection présidentielle, couplée comme par le passé (2006 et 2010), avec les législatives nationales ;
2) dans le délai de 30 jours maximum, à compter de la proclamation des’ résultats provisoires des élections présidentielle et législatives, les élections provinciales et sénatoriales devront être
organisées;
3) les élections locales, communales et urbaines se tien-dront après l’installation des institutions nationales et pro-vinciales.

4. Calendrier électoral
Le calendrier électoral doit faire l’objet du consensus des deux parties prenantes et figurer dans le document final.
Ce calendrier intégrera rationnellement toutes les opérations préélectorales et électorales pour les élections présidentielles et législatives, comme ce fut le cas en 2006 et 2011.
Les élections présidentielle et législatives seront organi-sées avant la fin de l’année 2017.
5. Financement des élections
Pour affronter le défi du financement du processus électoral, le Rassemblement préconise la mobilisation combinée des ressources internes et externes ainsi que l’appui logistique de la MONUSCO. Au
plan interne, la priorité devra être effectivement accordée à l’allocation des ressources conséquentes et à leur exécution suivant le plan de décaissement préalablement arrêté par la Gouvernement pour
l’organisation des élections dans le délai convenu.
En outre, le Rassemblement souligne la nécessité de :
5.1. Elaborer un budget électoral réel et réaliste ;
5.2. Procéder à l’audit financier de la CENI ;
5.3. Assurer la transparence dans la passation des marchés et de réactiver la coopération avec le PNUD notamment dans le cadre du projet d’appui au processus électoral.
Sur le plan externe, il sied de solliciter d’obtenir l’accompagnement financier des partenaires bilaté-raux et multilatéraux de la République Démocratique du Congo.
6. Sécurité des élections
Le Rassemblement propose la mise en pIace d’une plate-forme d’alerte et de traitement des cas des défis sécuritaires liés à l’organisation des élections sur l’ensemble du territoire national.

III. LEGITIMITE DES ANIMATEURS ET MEMBRES DES INSTITUTIONS POLITIQUES
ET EXERCICE DU POUVOIR APRES LE 19 DECEMBRE 2016. .
Depuis 2012, les mandats des députés provinciaux, des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces et des sénateurs a expiré.
Le 19 décembre prochain, le mandat présidentiel de Jo-seph Kabila sera échu tandis qu’en février 2017, celui des députés nationaux arrivera à son terme.
Ainsi, dans quelques mois, la République Démocratique du Congo, par la seule volonté de Joseph Kabila, se trouvera dans la situation atypique
d’un Etat dont les institutions nationales et provinciales à mandat électif auront toutes perdu leur légitimité. Il en résultera, par conséquent, un vide du pouvoir qui, dans un régime démocratique, ne
peut émaner que du Peuple souverain comme le prescrit, d’ailleurs, l’article 5 alinéa 1er de la Constitution de la République.
Pour être résolue, cette question de légitimité requiert, un large consensus politique national en tenant compte aussi bien de l’économie
générale de la Constitution que des responsabilités d’un chacun dans l’impasse actuelle.
C’est pourquoi, le Rassemblement préconise la mise en place d’un régime spécial devant assurer la gestion du pays de manière à organiser sans tarder les élections dans le respect de la Constitution et des normes démocratiques

IV. DECRISPATION POLITIQUE ET MESURES DE CONFIANCE MUTUELLE
Pour une véritable décrispation politique et l’instauration de la confiance mutuelle entre les parties prenantes, le Rassemblement réaffirme qu’il est impérieux que le pouvoir en place pose les actes
ci-après :
1. la libération sans condition de tous les prisonniers politiques et
d’opinion tant à Kinshasa qu’à l’Intérieur ;
2. l’abandon des poursuites judiciaires injustes et inspi-rées par des
motivations politiques contre les leaders de l’Opposition ;
3. le retour en toute sécurité et sans ennuis des exilés politiques congolais ;
4. l’arrêt de toutes formes d’harcèlement, d’intimidations et de
menaces contre les membres de l’opposition tant à Kinshasa qu’à
l’intérieur du pays ;
5. l’arrêt et l’abandon des tracasseries fiscales, adminis-tratives et
policières contre les membres de l’Opposition et de la société civile
;
6. la suppression et l’interdiction des dédoublements des partis
politiques de l’Opposition ;
7. la levée de toutes entraves à la liberté de presse et de manifestation ;
8. le libre accès des médias publics à tous les courants de pensée et
d’opinion ;
9. la réouverture de tous les médias proches de l’Opposition fermés ;
10. la liberté de mouvement des membres de l’Opposition

V. MECANISME DE SUIVI DU COMPROMIS POLITIQUE ET GARANTIES DE BONNE FIN

En vue de garantir le respect des engagements pris et la bonne fin du processus électoral, le Rassemblement préconise la mise en place des mécanismes internes et externes appropriés de suivi et à convenir entre les parties.

Fait à Kinshasa, le 02 octobre 2016
Pour le Rassemblement

Le Président du Comité des sages

Etienne TSHISEKEDI wa MULUMBA

lanouvelleafrique.com

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