Que s'est-il passé ce samedi en République Démocratique du Congo ? Pour répondre à cette question, il faut aller plutôt voir le sourire moqueur des membres de l'UNC, à l'image du député Juvenal Munubo. «La réalité est que ça n' pas eu lieu », a ironisé l'élu de Walikale. Il s'en prenait ainsi aux propos du secrétaire général de l'UDPS Jean Marc Kabund qui a estimé quelques minutes plutôt que la manifestation n'a pas échoué, mais qu'elle a été empêchée.

En effet, les militants du Rassemblement ne sont jamais sortis de chez eux. Dès vendredi soir la police s'est déployée dans la zone de la place du boulevard Triomphal. Une opération amplifiée dès l'aube samedi.La suite s'est jouée dans le fief même du leader de l'UDPS. Coincé dans sa résidence de Limete, Étienne Tshisekedi n'est jamais sorti de chez lui. Quelques irréductibles militants dispersés à coup de gaz lacrymogène et des tirs de sommation. Tandis que le terrain du boulevard triomphal clairsemé est resté occupé jusqu'en début d'après midi par un match de foot des joueurs amateurs qui aura duré une demi journée. Sacrés champions !De quoi laisser un porte-parole de la police se délecter : « le Rassemblement n'a pas atteint son objectif de tenir le meeting, la police a atteint le sien de l'en empêcher et il n'y a pas eu de blessés ». Mais plus que ce policier, ce sont les conséquences politiques qui risquent d’être désastreuses pour le Rassemblement.

L'erreur

Depuis quelques jours, le Rassemblement a entamé des discussions avec la Conférence épiscopale nationale du Congo pour tenter de trouver une solution à la crise. Il n'avait donc pas à s'exposer à un échec en terme de mobilisation. Depuis le début de la crise, l'UDPS, puis le Rassemblement, est apparu comme le catalyseur incontournable des frustrations de tous les mécontents du régime de Joseph Kabila. Comme pouvait le témoigner le double événement du retour d'Étienne Tshisekedi suivi d'un grand meeting place triomphal fin juillet 2016 avec des centaines des milliers des kinois dans les rues de la capitale.

C'est donc cette capacité de mobilisation qui fait la force de la coalition rangée derrière Tshisekedi. Or, là, elle s'en prive en échouant à atteindre ne fut ce que les alentours du lieu du meeting. La perception que le pouvoir a du mouvement pourrait peut être changer.



Les conséquences

La première est liée à la perception. Ces partis des masses (UDPS et Alliés) ne sont-ils pas devenus des partis comme les autres ? Et donc ne pas avoir la prétention de parler seul au nom du peuple et exiger plus que les autres ? Dans les négociations en cours à la Cenco la question peut se poser.

Deuxièmement, dans sa guéguerre avec l'UNC qui avait, lui, choisi d'aller au dialogue en évitant le bras de fer avec le régime, le Rassemblement vient de donner des minutions au parti de Vital Kamerhe qui ne s'est pas privé de pointer un échec.

Enfin, un mouvement révolutionnaire n'existe que dans sa capacité de mobilisation. Ce qui exclut tout prétexte de répression policière. Celle-ci est, en principe, sensé reculer face à des groupes déterminés. C'était le cas en Iran de 1979 lors de la chute du Shah ou encore tout récemment en Égypte de Hosni Moubarak et dans les printemps arabes.

UDPS et ses alliés qui veulent faire vaciller le pouvoir le 19 décembre ont peut être envoyé un mauvais signal après ce meeting raté. À moins que la particularité de chaque événement joue dans la balance. Mais ça c'est une autre histoire.

cas-info
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