On assiste à une situation paradoxale en République Démocratique du Congo. Pendant que les forces politiques et sociales non signataires de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine ainsi que les partenaires internationaux du pays exigent des actes concrets allant dans ce sens, la Majorité Présidentielle s’illustre par une décrispation politique à deux vitesses. D’un côté, elle relâche les prisonniers politiques et d’opinions au compte-gouttes, et de l’autre, elle les remplace par de nouvelles victimes. 



Alors que l’on venait de saluer les sorties de prisons de Christopher Ngoy, de Bruno Tshibala du Rassemblement ainsi que de quelques activistes des mouvements citoyens, l’horizon vient de s’assombrir avec l’arrestation du député national Franck Diongo et sa mise en accusation devant la Cour Suprême de Justice, ainsi que la levée de l’immunité du député provincial Gabriel Kyungu, autre poids lourd du Rassemblement. L’on est en droit de se demander, au regard de ce tableau fort sombre, si le pouvoir en place est réellement animé de la volonté de décrisper le climat politique.



            Le patriarche Charles Mwando qui vient de quitter la terre des hommes avec l’espoir de voir plusieurs de ses camarades de l’Opposition, tous libres dans un proche avenir, et dédouanés de toutes poursuites judiciaires, doit brutalement se retourner dans sa tombe, à 2.000 km de Kinshasa.
 
La nouvelle est tombée tel un couperet et s’est répandue comme une trainée de poudre. L’immunité du député provincial Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, président de l’Unafec (Union Nationale des Fédéralistes Congolais), est levée depuis hier mardi 27 décembre 2016. Des sources locales indiquent qu’au cours de la plénière chargée d’examiner la demande de levée de son immunité, introduite au bureau de l’organe délibérant provincial par le Parquet général près la Cour d’Appel de Lubumbashi, 12 députés ont voté pour cette levée d’immunité, contre 10 autres.
            Longtemps « baron » du régime, cet opposant proche de Moïse Katumbi est accusé d’offense au Chef de l’Etat qu’il aurait insulté au cours d’un meeting. Cette décision de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga peut entraîner une série de conséquences, notamment son arrestation avant sa traduction devant les cours et tribunaux.
Né en 1938 à Kilengalele, Gabriel Kyungu avait évolué dans le syndicalisme avec son grand ami Kibassa Maliba qui n’est plus de ce monde. Ancien « Commissaire du peuple » (député national) sous la Deuxième République, il était fatigué des méthodes dictatoriales de Mobutu et avait fait partie des 13 parlementaires qui adressèrent, en 1980,  une lettre ouverte au président du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) pour décrier et condamner sa tyrannie. Après avoir subi les foudres du maréchal président ( déchéance parlementaire, arrestation, tortures, relégation), ils allaient s’illustrer, deux années plus tard, par la signature de l’acte constitutif portant création du premier parti de l’opposition dans l’ex-Zaïre, dénommé Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS).
Fondateur de l’Union Nationale des Fédéralistes Congolais(UNAFEC), depuis 2001, Kyungu wa Kumwanza s’était de nouveau fait parler de lui signant son départ de la Majorité présidentielle en 2015, au profit d’une nouvelle plate-forme politique de l’opposition dénommée « G 7 », actuellement membre du Rassemblement.
                                                                                                                        Tshieke Bukasa 
 
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le G7 a pris connaissance de l’adoption par l’Assemblée provinciale du Haut Katanga du rapport proposant la levée de l’immunité parlementaire de (‘Honorable Gabriel KYUNGU WA KUMWANZA, Président national de l’UNAFEC et Vice-président du G7.
Le G7 s’indigne qu’une telle décision soit prise au moment où les forces politiques et sociales se réunissent en négociations directes avec la Majorité présidentielle sous la médiation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, pour régler, entre autres, les questions liées à la décrispation politique.
            Le G7 exprime sa solidarité au Président Gabriel KYUNGU WA KU MWANZA et condamne cette décision qui met en péril la réconciliation nationale et hypothèque la cohésion nationale en cette période de tension politique.
            Le G7 attire l’attention des autorités du pays sur les conséquences qu’une telle décision peut avoir dans la recherche d’une solution à la crise de légitimité créée à la suite du sabordage du processus électoral.
            D’ores et déjà, et si le pouvoir persiste à s’engluer dans sa funeste logique, le G7 se réserve le droit d’en tirer toutes les conséquences,
 
Fait à Kinshasa, le … décembre 2016
Pour le G7
Pierre LUMBI OKONGO
Président
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