Les autorités de Kinshasa ont ordonné jeudi un filtrage ou une coupure des réseaux sociaux en République démocratique du Congo à partir de dimanche, moins de 48 heures avant la fin du mandat du président Joseph Kabila, selon les informations recueillies par l'AFP auprès d'opérateurs internet.
Trois fournisseurs d'accès ont indiqué à l'AFP avoir reçu une notification formelle de l'Autorité de régulation des postes et des télécommunications (ARPTC) les enjoignant de restreindre l'accès aux réseaux sociaux "à dater du 18 décembre 2016 à partir de 23h59".
La lettre de l'ARPTC transmise à l'AFP par un des opérateurs demande, sans plus d'explication, le "blocage momentané de tous les échanges d'images, des vidéos et de la voix via réseaux" et cite une liste "non exhaustive" de ces réseaux parmi lesquels les plus célèbres : Facebook, Whatsapp, Twitter, Skype, Google+...
"Dans la mesure où le blocage partiel ne sera pas possible, il vous est demandé dès lors de bloquer tout accès intégral auxdits réseaux sociaux", ajoute la note.
Les services de minimessages (sms) devraient, eux, continuer de fonctionner.
Les opérateurs s'étaient vu présenter oralement les demandes du gouvernement mardi lors d'une réunion avec l'ARPTC et avaient demandé que l'ordre leur soit donné par une note écrite détaillant les instructions des autorités, selon quatre fournisseurs d'accès consultés par l'AFP.
Lors de cette réunion, les autorités avaient invoqué des raisons de sûreté nationale. Il n'en est pas fait mention dans la lettre.
- Obligation légale -
Néanmoins, "nous allons nous conformer à ce qui nous est demandé", a déclaré un dirigeant du secteur sous couvert d'anonymat, car "cela fait partie de nos obligations" légales et contractuelles.
Selon un autre dirigeant, les autorités avaient averti mardi que la non application des restrictions demandées se traduirait par une révocation de la licence des opérateurs récalcitrants.
Deux opérateurs ont indiqué à l'AFP qu'ils procédaient ou allaient procéder à des essais pour voir s'ils peuvent techniquement filtrer le contenu des utilisateurs des réseaux sociaux. 
M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. Son mandat s'achève le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter. La présidentielle n'ayant pas été tenue à temps, il compte se maintenir au pouvoir au-delà du 20 décembre en vertu d'un arrêt controversé de la Cour constitutionnelle.
Les détracteurs de M. Kabila menacent d'appeler à des manifestations dans tout le pays à partir de lundi jusqu'à ce qu'il quitte le pouvoir.
Les réseaux sociaux sont le mode d'accès à l'internet le plus répandu en RDC, pays parmi les moins développés de la planète, en raison de leur facilité d'emploi à partir d'un téléphone, et de leur coût relativement bas pour une population largement miséreuse.
Depuis 2013, plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans des violences urbaines à caractère politique à Kinshasa et dans plusieurs villes du pays.
Lors de ces affrontements, les réseaux sociaux ont été le ferment de la mobilisation contre le pouvoir et le théâtre d'une véritable bataille destinée à soutenir les accusations réciproques de crimes que se renvoyaient dans ces cas-là le pouvoir et l'opposition.
L'appel à manifester lundi contre M. Kabila est pour l'heure suspendu à des négociations sous l'égide de l?Église catholique en vue de trouver un compromis permettant d'organiser une transition politique jusqu'à l'organisation des élections.
Entamées le 8 décembre, ces négociations sont censées s'achever vendredi mais semblaient dans l'impasse jeudi.
Alors que le gouvernement affirme qu'"il ne se passera rien" le 19 décembre et les jours suivants, la communauté internationale craint que le pays, ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 ne replonge dans une spirale de violence incontrôlable faute d'accord politique d'ici à dimanche.
En janvier 2015, lors de violentes émeutes antipouvoir, les autorités avaient ordonné une coupure brutale de l'internet pendant 48 heures qui avait complètement paralysé l'économie nationale, les banques notamment ne pouvant plus passer d'opérations. Après le rétablissement d'internet, les réseaux sociaux étaient restés coupés pendant plusieurs semaines.
"Cette fois-ci, les autorités ont compris la leçon", estime un opérateur. "Il ne s'agira pas d'un black-out d'internet qui a causé énormément de tort sur le plan économique", souligne un autre.
  AFP
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