Après l’Udps qui veut troquer le rapatriement de Tshisekedi contre la formation immédiate du Gouvernement, Moïse Katumbi annonce qu’il va revenir à Kinshasa avec la dépouille de l’ancien opposant. D’une part, il cherche à déjouer la vigilance de la justice alors que son cas est en étude. D’autre part, il joue sa partition pour s’imposer comme leader de l’opposition après la mort de son lider maximo. Une chose est sure, cependant, et un magistrat y réagit : « Moïse Katumbi ne se jouera pas impunément de la justice en voulant forcer la main aux juristes qui travaillent actuellement sur certains cas dont le sien ». Rendez-vous bientôt à l’aéroport international de Ndjili…

L’opportunisme n’aura, décidément, pas de limite avec les obsèques d’Etienne Tshisekedi. Même les règles élémentaires de bienséances face aux morts sont foulées au pied. Chacun cherche à tirer en tirer le meilleur profit possible pour son propre compte. Le plus intriguant est que tout cela se passe dans la propre famille biologique et politique de l’ancien Président de l’Udps.

Hier mercredi 8 février 2017, le Secrétaire Général de l’Udps, Jean Marc Kabundu avait annoncé un deal sans précédent : le Gouvernement issu de l’accord de la St Sylvestre contre le rapatriement du corps de Tshisekedi à Kinshasa. La famille de l’illustre disparu, encadrée actuellement par Mgr Gérard Mulumba, frère du cadet, n’a pipé mot. Au contraire, elle s’apprêtait, elle aussi et toujours hier, à publier une déclaration annonçant la cessation des contacts officiels avec le Gouvernement pour les funérailles de Tshisekedi.

Moïse Katumbi vient, à son tour, d’en rajouter au scandale de l’instrumentalisation du corps de Tshisekedi. Il a annoncé ce vendredi 9 février 2017 à Bruxelles qu’il reviendra à Kinshasa avec la dépouille d’Etienne Tshisekedi. Comble de tout : il l’a déclaré en marge de la messe dite ce jeudi à la basilique de Koekelberg en mémoire de l’illustre disparu. Et la Com’ a été soigneusement montée : Katumbia choisi quelques journalistes sur le volet, aussi bien pour communiquer vers la RDC et vers l’opinion internationale. Il savait donc ce qu’il cherchait.

L’ancien Gouverneur de l’ex-province du Katanga fait l’objet d’une condamnation à 5 ans de prison avec arrestation immédiate pour spoliation. La sentence dans l’affaire qui l’opposait à la famille grecque Stoupis était intervenue l’année dernière alors que l’intéressait avait des ennuis de santé. Ses avocats avaient sollicité et obtenu son évacuation à l’étranger pour des soins, mais depuis, l’homme écume l’Occident, en campagne pour sa propre cause.

En annonçant ce retour tout en sachant qu’il pourrait faire l’objet d’une arrestation immédiate, Moïse Katumbi poursuit un objectif qui concourt à ses propres calculs politiques. En effet, il veut profiter de la grande visibilité des obsèques de Tshisekedi pour attirer l’attention sur lui en jouant les martyrs. S’il est immédiatement arrêté, cela ira à son propre gain par rapport à la situation actuelle de l’opposition. Plus précisément, Katumbi cherche à naître en tant que leader de l’opposition sur les cendres d’Etienne Tshisekedi.

En effet, la visibilité dont aurait le martyr de son arrestation dans une proximité événementielle avec le corps de Tshisekedi le ferait surnager sur l’ensemble de l’opposition qui pourrait ainsi être amenée, par la force de la situation, à se fédérer derrière lui comme nouveau leader après la mort de Tshisekedi. En vrai calculateur d’homme d’affaires qu’il est, Katumbi verra ainsi s’accomplir son rêve, lui qui est, à ce jour, l’unique à demander la tenue des primaires au sein de l’opposition pour la désignation d’un candidat unique à la prochaine présidentielle. Jusque-là, l’Udps ne faisait aucune équivoque sur son candidat qu’était Etienne Tshisekedi.

Pour autant que chacun soit libre d’avoir des ambitions et de travailler à sa réalisation, l’on déplore ce genre de calculs qui se fait sur le corps encore chaud de Tshisekedi pour se tirer de ses affaires judiciaires. Ceci est d’autant plus déplorable qu’au moment des atermoiements sur la signature de l’accord de la St Sylvestre alors bloqué, entre autres, sur des cas des prisonniers et exilés politiques, le même Katumbi avait demandé au Rassemblement de signer cet accord sans se préoccuper de son cas. Aujourd’hui, c’est un tout autre Moïse Katumbi qui veut jouer au Josué après le vrai Moïse de la Bible.

Il restera alors à savoir comment la famille politique et biologique prendra cette façon d’agir. Mais une chose est sure, cependant, et un magistrat y réagit : « Moïse Katumbi ne se jouera pas impunément de la justice en voulant forcer la main aux juristes qui travaillent actuellement sur certains cas dont le sien ». Rendez-vous bientôt à l’aéroport international de Ndjili…

Pascal Debré Mpoko
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