Le fils du leader de l'opposition défunt est aujourd’hui le mieux placé pour lui succéder à la tête du parti. Ou du moins ce qu’il en restera. C’est une chaude soirée, en novembre dernier, à Kinshasa. Sur le parvis de sa maison, dans le quartier de Limete, Félix Tshisekedi reçoit de jeunes activistes déterminés à manifester contre le président Kabila. À la différence de son ombrageux père, cet homme de 53 ans se montre accessible et souriant. Il a la carrure d’un catcheur congolais, ce sport si populaire à Kinshasa, où l’on donne des coups spectaculaires mais où l’on blesse rarement.

Un père autoritaire

Nous sommes à quelques semaines de la fin du dernier mandat constitutionnel du chef de l’État, entre deux vagues d’émeutes. Toute la capitale congolaise s’interroge : que va faire le « Vieux », Étienne Tshisekedi ? Lancer ses partisans dans la rue ? « Ils sont galvanisés, nous allons prendre le pouvoir », assure Félix. Il ne donne pas plus de détails sur la stratégie de l’opposant historique. Les connaît-il seulement ? Son père conservait une part de mystère, même pour sa famille la plus proche.

Mais voici que le « Vieux » débarque sans prévenir, franchissant le portail dans son 4×4. Il traverse la cour avec sa femme Marthe sur les talons, distribuant les poignées de main sous l’œil des smartphones. Comme tout le monde dans l’assistance, Félix se lève et se raidit. « Bonjour, Papa », lance-t-il quand le vieil homme arrive à sa hauteur. Visage fermé, le père lui tend la main, avant de s’engouffrer dans la demeure sans dire un mot.

Un grand vide

Les effusions de sentiments en public, ce n’était pas le genre d’Étienne Tshisekedi. Figure écrasante et autoritaire, il n’a pas toujours été tendre avec ses fils. Et il y a, en tout cas, un cadeau qu’il s’est toujours refusé à offrir à Félix : l’adouber publiquement en tant que dauphin à la tête de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Tout à sa légendaire détermination, le « Vieux » n’a jamais envisagé une défaite face à la mort.

Avec sa disparition, le parti n’est pas seulement sans tête. Il est aussi sans feuille de route. Les statuts de l’organisation, révisés en 2013, n’offrent pas de marche à suivre crédible : ils prévoient l’élection d’un nouveau président dans un délai trop court (trente jours), après un intérim conduit par un triumvirat aujourd’hui incomplet.

Félix est, malgré tout, le mieux placé pour succéder à son père. Bien sûr, il ne pourra jamais revêtir le costume, trop grand, du « Líder Máximo ». L’aura d’Étienne Tshisekedi était sans égale. Félix le sait et, en fils loyal, il a toujours évité de marcher sur ses plates-bandes.
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