Alors que l’opposant historique Étienne Tshisekedi n’a pas encore été inhumé, sa succession à la tête de la plus grande plateforme de l’opposition est déjà ouverte.5 candidats ont déjà déposés leurs dossiers pour prendre la présidence du Conseil des sages du Rassemblement.
Il s’agit notamment du G7 Pierre Lumbi, de Jean-Bertrand Ewanga (AR, Alternance pour la République), de
Martin Fayulu (Dynamique de l’opposition), Joseph Olenga Nkoy (Dynamique de l’opposition) et de Lisanga Bonganga (CAT, Coalition des Alliés de Tshisekedi).
C’est Kitenge Yezu qui préside la commission du Rassemblement chargée de réceptionner les candidatures.
Il n’aura échappé à personne que l’UDPS ne concourt pas.
Cela pour deux raisons, selon un haut cadre du parti contacté au téléphone par la rédaction de 7SUR7.CD ce mercredi 22 février. Il a préféré garder l’anonymat car la question est très sensible, nous a-t-il dit. L’avenir du Rassemblement est enjeu, prévient-il.
D’après lui, la première raison pour laquelle son parti boycotte le processus de succession ouvert au Rassemblement, c’est le fait que l’UDPS observe une période de deuil. «Nous sommes Bantus. Nos traditions veulent que nous entrerons d’abord nos morts dans la djinité» (entendez par la dignité).
Et partant, le moment n’est pas propice aux conciliabules, selon ce haut du premier parti d’opposition.
Si la première raison est d’ordre moral, la seconde est d’ordre politique.
L’UDPS estime que la présidence du Rassemblement lui revient de droit.
Le parti met en avant son poids politique en tant qu’organisation. Poids politique de la structure qui a donné de l’envergure à son charismatique chef disparu, déclare-t-il. Selon lui, le parti a contribué au rayonnement de feu son président. Les deux se sont nourris. «L’UDPS a fait Tshisekedi et Tshisekedi a fait l’UDPS», dit-il.
Aujourd’hui, les amis du Rassemblement veulent minimiser le poids politique de l’UDPS avec la disparition de son président, se plaint-il. Ils disent que le poste de président du Rassemblement avait été attribué au président Tshisekedi et non à l’UDPS.
«Nous ne sommes pas d’accord!», dénonce-t-il.
C’est pourquoi hier à 21 heures, le Secrétaire général du parti Jean-Marc Kabund était allé dire aux amis du Rassemblement que le poste de président du Rassemblement appartient de droit à l’UDPS.
En conséquence, le processus de désignation d’un nouveau leader à la tête du Rassemblement était sans objet, a-t-il conclu.
Comme il fallait s’y attendre, les autres composantes du Rassemblement s’y sont opposées. Elles ont qualifié l’attitude de l’UDPS «de boulimique du pouvoir».
Sans renoncer à leurs candidatures, les autres composantes du Rassemblement ont demandé à l’UDPS de faire valoir clairement ses prétentions en concourant comme tous les autres membres de la plateforme.
Vu «l’incident», le président de céans Kitenge Yezu avait suspendu la réunion hier mardi. Une plénière est prévue ce mercredi à 18h au siège de l’UDPS pour dissiper le malaise.
À l’UDPS, les cadres subissent une forte pression de la base qui l’accuse d’avoir vendu le parti à Moïse Katumbi. Et la perte de la présidence du Rassemblement au profit des proches de Katumbi va accréditer cette thèse.
«Nous marchons sur des oeufs. Et ça nos partenaires ne le comprennent pas», déplore ce haut cadre de l’UDPS.
Du côté des partenaires de l’UDPS, on fait remarquer que l’UDPS aura la primature. Elle ne peut avoir aussi le CNSA car le président du Rassemblement est automatiquement président du Conseil National de Suivi de l’Accord.
La disparition récente de l’opposant historique Étienne Tshisekedi va-t-elle précipiter l’implosion du Rassemblement?
La probabilité est très élevée si la plateforme ne gère pas avec habilité le processus de succession à Tshisekedi à la tête du Conseil des sages du Rassemblement.
Israël Mutala
