Les entretiens de Moïse Katumbi dans le journal belge en ligne La Libre ne sont plus à compter. A croire que l’ancien Gouverneur de l’ex-Katanga en est devenu l’un des chroniqueurs de l’actualité politique congolaise. On vient d’en avoir une nouvelle salve avec cet entretien avec Hubert Leclercq, le même. Toujours le même. Un « partenariat professionnel » qui a fait de leur amitié une démarche de communication à part entière au point que l’un, le journaliste Hubert Leclercq, a aidé l’autre, Moïse Katumbi à se mettre carrément le journal dans sa poche.
En tous cas, on ne peut pas conclure autrement ce copinage journalistique qui transpire même le laisser-aller du journaliste dans leurs entretiens où il laisse passer des incongruités, sauf, bien entendu, s’il s’agit, comme indiqué plus haut, d’une opération de com’ pour un homme, Katumbi, aujourd’hui aux abois et qui se réduit à airer à la lisière de la frontière congolaise sans savoir comment se faire enrôler pour la prochaine présidentielle dont l’opération (l’enrôlement) arrive officiellement à terme à Lubumbashi – son fief – ce lundi 13 mars, à moins que la Ceni ne veuille jouer les prolongations. Curieusement, l’entretien avec la Libre a été diffusée dimanche, quelques heures seulement à la veille de ce jour fatidique.

Rabatteurs des prédateurs
Katumbi et Leclercq sont engagés dans une campagne de rabattage des prédateurs occidentaux sur la RDC en les nourrissants à grande cuillérées de ce met dont ils (les prédateurs) raffolent : la légalité et son pendant de légitimité sous prétexte de fin de mandat de Kabila. Katumbi prétend, et Leclercq le relaye, qu’en RDC toutes les institutions sont fin mandat et qu’à ce jour, l’accord de la Saint Sylvestre reste la seule source de légitimité pour eux. De même avance-t-il que Kabila et la majorité sont seuls responsables de la non-application, à ce jour, de l’accord du 31 décembre 2017 et qu’à terme, ils (lui et le Rassemblement) vont recourir à l’article 64 pour chasser Kabila du pouvoir.
On aurait bien aimé entendre de Moïse Katumbi, qui aspire à la plus haute fonction de l’Etat, sortir un peu son discours de celui de la foule ; se démarquer de ce genre de propos dont leurs machines à intox gavent quotidiennement la rue pour la chauffer à blanc alors que la réalité politique est tout autre. Mais on ne s’en étonne pas, et on pas autrement l’inertie de Hubert Leclercq qui a délibérément perdu la maîtrise de son interview pour laisser son interviewé se perdre dans une campagne de démagogie, abusant ainsi des espaces de la Libre. Sauf, bien entendu, si le titre lui-même était dans le coup.

Moïse Katumbi pas plus élevé que le discours pour les « combattants »
Moïse Katumbi répète, tel le chien de Pavlov, les discours extrémistes de la 10èmerue/Limete qui sont servis aux « combattants » pour les détourner des insuffisances des leaders de l’opposition qui sont, aujourd’hui, incapables de retourner à la table des négociations, tout simplement parce qu’ils sont aujourd’hui émiettés et craignent d’étaler à la place publique les contradictions internes. Cette situation dure maintenant depuis plus de quarante jours, après la mort d’Etienne Tshisekedi. Moïse Katumbi en a personnellement connu les contrecoups avec son propre frère, Raphaël Katebe Katoto, avec qui il est aujourd’hui également en conflit ouvert.
S’il faut donc chercher le point de blocage et la responsabilité de la non-application, à ce jour, de l’accord du 31 décembre 2017, Moïse Katumbi savent très bien où les trouver.
L’on peut en dire de même sur la question de légitimité qui fait rire même un étudiant qui entre en préparatoire du droit à l’université. Un accord politique est un acte sous seing privés qui n’a aucune emprise sur l’arsenal juridique d’un pays, à commencer par la Constitution qui est la première source de légalité de tout pouvoir en RDC. Cette Constitution est aujourd’hui en vigueur et contient les dispositions qui justifient la continuité de l’Etat malgré la fin de mandat évoquée ubi et orbi.
Moïse Katumbi était lui-même Gouverneur du Katanga jusqu’à sa démission en 2016 grâce à une investiture obtenue lors de la législature de 2006. Comment peut-il le justifier ? Pourquoi Leclercq, qui le sait très bien, ne lui a-t-il pas posé la question ? Si Moïse n’avait pas fait ses choix et qu’il était encore Gouverneur aujourd’hui, sur quelle base légale le serait-il ? D’où vient alors que toutes les institutions actuelles sont désormais hors mandat ?

L’accord de la St Sylvestre n’est pas appliqué, mais Kabila est toujours en fonction
Puisque Moïse Katumbi prétend que sans l’accord de la saint Sylvestre, Kabila n’a aucune légitimité, pourquoi, alors, est-il encore en fonction et exerce-t-il ses fonctions ? La raison est simple, et Katumbi et Leclercq le savent : d’une part, l’article 78, alinéa 2 de la Constitution est opérationnelle et, d’autre part, le fameux accord de la Saint Sylvestre n’est pas encore d’application. Si vraiment il faut aller chercher la légitimité dans un accord, c’est bien à celui du 18 octobre qu’il faut le faire.
Pour l’heure, Moïse Katumbi et le Rassemblement – du moins l’aile dont il garde encore le contrôle – sont bien bredouilles : ils sont au milieu de nulle part, sans un accord opérationnel, tandis que s’égrène le temps qui nous conduit vers les élections. Le Rassemblement et la Cenco se sont perdus dans la quête d’un accord qu’ils croient avoir obtenu, mais qui demeure aujourd’hui une grosse chimère, si pas l’ombre de leurs propres illusions. Tout simplement parce qu’ils ont manqué de lucidité pour la simple raison que le plan qui les avait fait venir de Genval ne prévoyait pas l’option des négociations.
Ainsi, au Centre interdiocésain, la Cenco et le Rassemblement se sont battu pour un tout autre accord alors que le travail attendu était de conférer à l’accord du 18 octobre une visibilité plus large. Aujourd’hui, cet accord dit de la Saint Sylvestre n’est pas en application et le pays continue à fonctionner.

Yvon RAMAZANI
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