
Tribune Libre
Rassemblement : éclatement consacré…
Dans la nuit du jeudi, 2 mars 2017, une branche du Rassemblement a placé à la tête de ce groupe M. Pierre Lumbi, ancien ministre et conseiller spécial du Président de la République. Le groupe réuni à Kinshasa peut-il légitimement se présenter comme le seul héritier du mouvement incarné jusqu’il y a peu, par Etienne Tshisekedi ? En fait, nous avons assisté à la création d’un Rassemblement bicéphale.
D’ores et déjà, plusieurs membres fondateurs de ce groupe contestent la validité des décisions du jeudi 2 mars.
Marche arrière pour comprendre
Dans l’atmosphère politique bouillante de 2016, des politiciens de poids relativement différents se sont réunis avec l’appui de certains milieux de la haute finance belge pour créer un courant politique fort, en RDC, qui leur soit favorable.
L’acte de naissance a été posé à Genval/Bruxelles, le 9 juin 2016.
Quelques jours après, toute honte bue, ignorant la souveraineté de la RD Congo, les initiateurs ont été remettre aux inspirateurs du projet à travers le Vice-Premier ministre belge, Didier Reynders, les conclusions de leur accord.
Par le considérable poids historico-politique de l’ancien Premier Ministre, Etienne Tshisekedi, président de l’UDPS et grâce aux finances de deux richissimes frères, Raphaël Katebe Katoto et Moïse Katumbi, le Rassemblement prendra très vite de l’ampleur et les allures d’un instrument politique efficace. L’ambition manifestée était de réunir, coordonner et conduire l’ensemble de l’opposition congolaise à imposer une alternance politique voulue ou pas par le peuple congolais.
Idéal
Jusqu’à ce jour, le Rassemblement n’a jamais présenté au peuple congolais une quelconque vision politique. Le seul point au programme de ce conglomérat a été l’exigence du départ du Président actuel de notre pays. Assez rapidement, le Rassemblement est apparu aux yeux de tous comme l’instrument des libéraux belges pour reconquérir la RDC et plus spécifiquement, la province cuprifère du Katanga.
Coup
Voilà que la disparition d’Etienne Tshisekedi modifie la perception qu’avaient les congolais du Rassemblement. La disparition de l’homme qui devait, à la fois, légitimer le groupe aux yeux de la population congolaise et cacher la manœuvre néocoloniale qui se préparait depuis Bruxelles, retire le voile qui aveuglait certains politiques congolais. En effet, nombre de leaders attachés à la souveraineté du pays qui s’étaient, trop rapidement, agglomérés à ce groupe découvrent le coup fourré et s’interdisent de poursuivre la trahison de la Nation. Parmi ceux-ci, se fera remarquer Katebe Katoto.
Les premiers à quitter ce navire de la honte furent ceux qui ont rejoint le dialogue de la Cité de l’U.A. L’un d’eux conduit aujourd’hui, le Gouvernement de la République. Plusieurs autres en font partie.
Au moment où nous traçons ces lignes, beaucoup d’autres, tels que Kiakwama Kia kiziki, Olenghankoy, Ingele Ifoto, Bruno Tshibala, Valentin Mubake, Lisanga Bonganga, Beya Mubiayi Bernard, Kabamba Donat, Eva Muakasa, Freddy Matungulu, Tshibangu Kalala, Ndondoboni, Oscar Lungendo, Roger Lumbala, Laurent Batumona ou encore Katebe Katoto et tant d’autres encore, ont déjà pris leur distance de la supercherie.
Les contestables désignations de Pierre Lumbi au poste de Président du Conseil des Sages du Rassemblement et de Félix Tshisekedi comme Président de cette organisation politique, auxquelles réagira une autre aile de la même formation politique en désignant Olenghankoy, jettent à la face du monde la réalité de ce qu’a été ce groupe. Un simple conglomérat pour une lutte conjoncturelle, sans lendemain.
La réalité est que, en passant par Moïse Katumbi, les belges ont voulu acheter le parti d’opposition le plus dynamique de la RDC et amener ce dernier à attirer dans son sillage d’autres organisations, pour se donner les moyens d’éliminer, à l’instar de ce qui était arrivé à Patrice Lumumba, l’Homme qui les empêche de reconquérir la RDC et de la soumettre au néocolonialisme, à savoir Joseph Kabila. Voilà ce qui explique, aujourd’hui, pourquoi le Rassemblement explose. Voici pourquoi le président désigné dans la nuit du jeudi 2 mars 2017 ne saurait représenter une quelconque légitimité au regard du peuple congolais.
Imbroglio
La semaine qui vient de s’écouler a mis en miette le Rassemblement et placé les évêques chargés des négociations de la CENCO dans l’embarra. Félix Tshisekedi a cru bien faire en remettant à l’abbé Nshole un P.V. notarié de sa désignation en qualité de président du Rassemblement. Des sources crédibles nous informent que M. Olenghankoy a également fait notarié son P.V. et se prépare à aller le déposer à la même adresse. L’aile Olenghankoy du Rassemblement se vante d’avoir obtenu les signatures des véritables membres du Conseil des sages. Certains connaisseurs de la classe politique supputent que M. Raphaël Katebe Katoto, Vice-Président du Rassemblement, version Genval, se préparerait aussi à lancer son aile.
Que devrait faire le Président de la République devant pareilles contradictions ?
La controverse interne au Rassemblement complique la poursuite des travaux d’élaboration de l’arrangement particulier. La nomination du Premier Ministre, prévue dans l’Accord du 31 décembre 2016, ne saurait plus se faire sans contestations légitimes.
Le peuple congolais peut-il continuer de croire à une opposition aussi infantile ?
Peuple congolais, ouvrez les yeux !
Les congolais doivent comprendre que l’alternance ne saurait se faire avec des gens incapables de se mettre d’accord et de se soumettre à la moindre discipline organisationnelle.
L’alternance ne doit pas opposer les tenants à la souveraineté tant politique qu’économique du pays à un groupe inconsistant, dont le seul objectif est de vendre le pays à la Belgique, pour leurs propres intérêts. La démocratie n’autorise à personne de céder le pays ou de favoriser sa dislocation pour servir les intérêts des Occidentaux associés à quelques congolais.
La manœuvre qui a consisté à restructurer et à donner au Rassemblement un nouveau président, qui n’est autre que le représentant de Moïse Katumbi, doit être dénoncée. Le Rassemblement n’est plus le même, si l’on considère la modification de la composition des signataires des documents depuis les fondateurs de Genval/Bruxelles et ceux qui prennent leurs places aujourd’hui. De plus, en elle-même, l’idée poursuivie par ce groupe, c’est-à-dire, celle de la soumission de la RD Congo à son ancienne puissance coloniale doit être combattue avec la plus grande détermination. Le Rassemblement bis doit trouver sur son chemin, la résistance du peuple conscient, le courant politique inspiré par Kimpa Mvita et Simon Kimbangu, initié à la fin des années 1950 par Patrice Lumumba et Joseph Kasa-Vubu, doit se réorganiser et faire face à cette énième tentative de soumettre la Nation Congolaise. Le Rassemblement a, donc, perdu toute légitimité.
KAJEPA MOLOBI/CP