Un plan bis pour la tenue des élections en 2017. Jérôme Bonso : «privilégions la présidentielle couplée aux législatives nationales»
Conformément à l’Accord du 31 décembre, peut-on espérer la tenue des élections présidentielles, provinciales et législatives en décembre 2017 ? A cette problématique, chacune des plateformes et partis politiques, d’après leurs idéologies et intérêts, avancent divergentes réponses. Les unes sont si optimistes. Tandis que les autres sont, plutôt, sceptiques et développent des arguments dits techniques en ces termes: «Niet. Il n’est pas possible que l’on organise les élections cette année…». Dans ce contexte, il sied de s’interroger encore, qui a raison, qui a tord ? Loin de donner raison aux protagonistes en discussions, la voix du Président de la Ligue pour Elections Libres et Transparentes (LINELIT), et Coordonateur de l’Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées (AETA), M. Jérôme Bonso, est monté au créneau, la semaine dernière, plus précisément, le vendredi 24 mars, au cours d’un entretien avec le Journal La Prospérité, pour indiquer une piste de solution face à ce débat houleux dans l’agora politique congolais. Le plan bis qu’il propose à tous consisterait, en effet, à procéder au découplage des élections présidentielles et législatives nationales, des élections provinciales. Une telle hypothèse entraînerait, par conséquent, un donner un coup de fouet à l’Accord de la Saint Sylvestre. Jérôme Bonso soulève ainsi la problématique de la ‘’désequencialisation’’ des scrutins. En lieu et place de trois prévus en une séquence et en un jour, qu’on en arrive, par exemple, à les réaliser progressivement. A son avis, cette priorisation, en commençant par la Présidentielle couplées aux législatives nationales, avant d’en finir, juste après, avec les provinciales, permettrait de gagner du temps et de résoudre ainsi la crise née de la non-organisation des élections dans le délai constitutionnel en 2016.
Blocages en blocages
Oui, il est très conséquent, dans sa peau de technicien avéré sur des questions électorales. L’alternance démocratique qui passe nécessairement par les élections est confrontée en RD. Congo par moult blocages, devenus incontournables. Or, en réalité, aux yeux de Bonso, avec un peu de volonté politique, il y a de l’espoir pour qu’on atteigne le point culminant qui est l’organisation des élections. C’est en cela que les partenaires et le peuple congolais s’attèlent. La problématique des élections à l’horizon 2017 nécessite alors, la prise en compte de certains préalables. Ceux-ci sont résumés, entre autres, par le volet sécuritaire, politique et financier.
Du point de sécuritaire, le pays doit être à même d’assujettir les forces négatives qui terrorisent les paisibles citoyens dans certains coins et recoins de l’étendue du territoire national. Du point de vue politique, il y a lieu d’indiquer que les acteurs en discussions devraient s’efforcer d’accorder les violons. On y constate, malheureusement, des divergences qui exacerbent du jour au lendemain, la crise politique, à telle enseigne que des linges sales, censés être lavés en interne, se lavent à l’externe. Ensuite, parlant de finances, outre le fait que la CENI bénéficie du soutien logistique de la Monusco, les partenaires internationaux lui exigent, par contre, le plan de décaissement et le calendrier électoral avant de débourser un centime.
Entretemps, l’accord du 31 décembre en soi, souffre de son application alors qu’il suscité tant d’espoirs. Les éléments de blocage sont devenus légions. A titre d’exemple, on cite la mort d’Etienne Tshisekedi qui a engendré une crise au sein du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Aussi, l’affaire du rôle de la CENCO. Quant au CNSA, d’après Jérôme Bonso, il doit normalement tiré son existence de la loi organique que le parlement devra voter pour être, en définitive, promulguée par le Président de la République.
Pourquoi le plan bis ?
Le « plan bis », concept attribuable à Jérôme Bonso, tombe à pic, dans la mesure où il faut prévenir la crise en organisant, au plus tôt, les élections. Selon lui, le piège dans lequel la Cenco, y compris les acteurs en discussions, sont tombés, repose sur le fait qu’ils avaient maintenu la séquence de la présidentielle couplée aux législatives nationales et provinciales alors que les contraintes budgétaires et le temps, n’offrent aucune marge de manœuvre pour leur organisation d’ici fin décembre 2017.
D’où, la condition l’impérieuse nécessité de mettre de côté, les élections provinciales. Sinon, ces dernières risqueront de faire tourner les choses telles qu’elles ne sont pas attendues. En ce sens qu’avec l’avènement du démembrement, le travail devient colossal pour la CENI. Le pays dispose maintenant de 145 territoires, 97 villes, 470 secteurs subdivisés en 3831 groupements, 264 chefferies, 603 communes subdivisés en 4585 quartiers, 88.264 villages. Tous ces éléments feraient qu’on ait un bulletin de vote de plus de 73 pages, comme un syllabus de cours. Le pays dispose de 637 partis politiques et des chiffres avancés pour les prochaines élections, on peut aller à 28.000 candidats Députés nationaux, 35.000 candidats Députés provinciaux, plus ou moins 20 candidats Présidents de la République.
Cap vers l’essentiel
Il a profité de cette même occasion, pour appeler les acteurs politiques à prioriser, dans leur combat, l’essentiel. En des termes plus simples, que faut-il entendre du concept actuel «Arrangement particulier » si ce n’est que «le partage des postes?». M. Bonso trouve inadmissible que cette dernière phase de discussions directes puisse prendre tout le peuple en otage. Comme si les négociateurs ne voyaient pas la crise qui frappe le peuple congolais. Toute analyse faite, il conclut, en définitive, que les uns et les autres veulent se faire une santé financière pour se préparer efficacement aux prochaines élections.
Si tout ne dépendait que de lui, il aurait confié les postes ministériels aux Secrétaires Généraux des différents ministères, à l’instar de ce que fit un jour, Etienne Tshisekedi. Un autre exemple, c’est le Burkina Faso qui l’a fait aussi, en interdisant à tout celui qui occupera n’importe quel poste dans un ministère, de postuler aux échéances électorales. En Rdc, hélas, peut-on imaginer qu’une telle option soit envisagée ?