Affaires Premier Ministre & Présidence du CNSA. RDC : Joseph Kabila tranche aujourd’hui !
*Entre l’application intégrale de l’Accord et la rupture, il n’y a qu’un petit pas. Donc, tout peut arriver ! Des surprises, dans un moment si critique et historique comme celui-ci, ne sont pas exclues d’avance. Il revient à Kabila, tout seul, le secret de l’avenir du pays. Saura-t-il se départir des vues de la Majorité ? Va-t-il caresser le Rassemblement de Félix ou revenir vers les Evêques ? Ou bien, il va couper la poire en deux, en renvoyant les acteurs politiques dos-à-dos dans un autre round des discussions directes ou dans un troisième dialogue ? Le mystère est, donc, entier.
Croisée des chemins
Après qu’il ait traversé le cap du 19 décembre 2016, Joseph Kabila aura réussi, au bout de trois mois, à récupérer tout, y compris l’essentiel de la mission qu’il avait confiée aux Evêques, en prenant acte du rapport final du travail abattu à 98% au Centre Interdiocésain. Ce jour-là, mardi 28 mars, lors d’une rencontre avec les prélats catholiques, il s’était engagé à s’investir au niveau de la classe politique, pour vider les 2% des divergences résiduelles en vue d’arrondir les angles du compromis et de donner, ainsi, le coup de fouet qu’il fallait, pour laisser libre court à la mise en œuvre de cet Accord, tel qu’il avait été conclu, le 31 décembre 2016, sous la barbe des Evêques.
Puis, Joseph Kabila, confiant en lui-même et voulant s’assumer pleinement devant Dieu et l’histoire, a initié, lundi 3 et mardi 4 avril, des consultations avec les acteurs politiques de l’Opposition signataire et non-signataire, de l’Opposition Républicaine, de la Société civile signataire et non-signataire et de la Majorité. Le Rassemblement, tétanisé par une crise interne, depuis la mort si brusque et brutale de son icône, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, y est arrivé en ordre dispersé. Les uns, tel que le groupe de Joseph Olenghankoy et consorts, y a répondu. Tandis que les autres, à l’instar de Félix, Lumbi et de la Société civile proche du Rassemblement, ont, par contre, cliqué sur le clavier de l’absence, en refusant de faire du Président, l’arbitre pour le dénouement de la crise, alors qu’ils le considèrent, eux, comme une des pièces maîtresses, une des principales parties au conflit.
Contexte
Très attendu, ce discours du Président de la République d’aujourd’hui, 5 avril 2017 devant le Congrès, au Palais du Peuple qui, au fait, intervient, après que le Conseil de Sécurité de l’Onu ait adopté, le 31 mars dernier, une nouvelle résolution 2348 au terme de laquelle, le mandat de la Monusco a été, à la fois, renouvelé et requalifié, devra, quoi qu’il en soit, rester dans les bornes, pour ne pas rompre l’esprit du consensus, ni l’équilibre nécessaire à la cohésion sans laquelle des élections libres, transparentes, démocratiques, apaisées et justes ne sauraient être organisées en RD. Congo, à la saison annoncée et fixée à fin décembre 2017.
Décor planté
Aujourd’hui, à 11 heures, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, s’exprime devant les deux chambres du Parlement, réunies en Congrès. Toutes les personnalités issues des institutions du pays et qui, généralement, ont toujours été associées à ces genres de cérémonie solennelle, sont attendues, au Palais du Peuple. Tel est, d’ailleurs, le cas des Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques, des membres du gouvernement et des autorités politico-administratives, à divers horizons, qui, eux aussi, seront au rendez-vous. Kengo, du haut de son piédestal du Sénat, l’a si bien confirmé hier, lors d’une courte plénière. Le Protocole d’Etat, mobilisé comme tout, l’a aussi certifié, ce mardi 4 avril, sur les antennes de la RTNC.
Tournure difficile
Alors que le duo Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi a rejeté, en bloc, les consultations de Kabila, Joseph Olenghankoy et Bruno Tshibala l’ont, quant à eux, rencontré, hier, au Palais de la Nation, au nom d’une des fractions de la même plateforme politique. Au demeurant, le Rassemblement, dans son aile dure dirigée par Félix, considérant que le Président Kabila ferait également l’objet de la crise, estime qu’il ne peut se muer en arbitre, sans le concours de la CENCO qui, jusqu’en dernières minutes, a présidé à la destinée des discussions directes grâce auxquelles l’Accord du 31 décembre 2016 n’aurait jamais été signé.
Bien d’autres acteurs politiques parmi ceux qui se réclament des diverses souches ou branches de l’Opposition signataire ou non signataire, ont eu l’occasion d’échanger, de lundi 3 à mardi 4 avril 2017, avec le Président de la République, dans le cadre des consultations qu’il a, lui-même, initiées à la suite de l’impasse politique enregistrée, avec la non-signature de l’Arrangement Particulier, au Centre Interdiocésain. Kengo wa Dondo, Vital Kamerhe, Maguy Kiala et tant d’autres acteurs sont, tour à tour, passés par là. Chaque composante, selon quelques indiscrétions, y a laissé des propositions concrètes, pour des éventuelles issues à explorer aux fins de conjurer la crise, devenue protéiforme en RD. Congo.
Pomme de discorde
Deux questions persistantes ont, donc, été au menu de ces consultations, à savoir : le mode de désignation du Premier Ministre et l’épineuse question de la succession de Tshisekedi wa Mulumba, décédé le 1er février, à la Clinique Sainte Elisabeth, à Bruxelles, capitale du Royaume de Belgique et dont le corps n’a même pas encore été inhumé, à la tête du Conseil National de Suivi de l’Accord.
Il restera, par ailleurs, de trancher sur des questions liées notamment, à la répartition des ministères de souveraineté. Allusion faite, ici, au Ministère des Affaires Etrangères, à celui de l’Intérieur, de la Défense ou, alors, au Ministère de la Justice. Là où la Majorité Présidentielle voulait garder la main mise intacte, le Rassemblement, du vivant de Tshisekedi, exigeait, lui, un partage fifty-fifty. Les affaires du chronogramme de la transition et celle du rôle de la CENCO pendant cette période de cogestion jusqu’aux élections apaisées, sont à prendre au sérieux parmi les points d’achoppement qui, à tout moment, peuvent faire grésiller la machine.
L’essentiel
Discours dithyrambiques, discussions oiseuses, promesses fallacieuses, signature sous réserve, accords bidons, conclaves, concertations, consultations, dialogues et autres scénarii, les congolais, quelles que soient leurs provinces d’origine et leur âge ou sexe, auront tout vu et entendu, depuis plusieurs décennies.
Ce qui compte, à leurs yeux, aujourd’hui, c’est de passer à la phase décisive, d’aller à l’essentiel et de transformer leurs conditions de vie sociale. Ils ont besoin, pour ce faire, de se choisir les dirigeants qu’ils méritent et de leur confier les rênes du pouvoir, à la tête du pays.
Voilà, décidément, en quoi réside tout le combat pour la normalisation du processus électoral et, surtout, pour l’alternance démocratique au niveau des leviers de commande. Des concertations politiques, tenues sous l’égide du co-présidium de Kengo et Minaku, en 2013, aux pourparlers directs, officiés par les Evêques de la CENCO, fin décembre 2016, en passant par l’épisode de Kodjo, sur les hauteurs de Mont Ngaliema, à la Cité de l’Union Africaine, le 18 octobre 2016, les rêves des congolais, quoique croisés, n’auront été que littéralement déçus.
La classe politique, toutes tendances confondues, a étalé ses vraies limites. Pour preuve, au lieu de lutter pour des valeurs, la voici, presque dans sa totalité, engagée dans une course effrénée pour des postes dans les arcanes du pouvoir d’Etat. Kabila Joseph, tout fier de lui et de sa majorité, aura, peut-être, mieux fait de miroiter le spectre du partage du gâteau.
Une affaire du Premier Ministre et, donc, du dépeçage de la République en termes de la participation de l’Opposition et la Société civile aux affaires, de la présidence d’une nouvelle institution, d’une nouvelle machine créée de façon ‘’sui generis’’, aurait été le meilleur appât, pour faire faire un flop à l’Accord du 31 décembre 2016, avant même que les parties prenantes n’aient décidé de convoler en justes noces, au travers de son application sans failles.