PRIMATURE, PRESIDENCE DU CNSA... JOSEPH KABILA TRANCHE DEMAIN
* En prévision de son adresse à la Nation, le Raïs a reçu hier l’Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre conduite par Vital Kamerhe et l’Opposition républicaine représentée par Léon Kengo.
Le Président congolais Joseph Kabila s’adressera demain mercredi 5 avril à la nation, via les deux chambres du parlement réunies en congrès au Palais du peuple. Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, l’a déclaré hier lundi dans un reportage de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), à l’issue de sa rencontre à Brazzaville, avec le Président Denis Sassou Nguesso.
En prélude à son message à la Nation, Joseph Kabila a entamé hier lundi 03 avril, des consultations avec la classe politique sur la situation actuelle du pays, ont annoncé nos confrères de Digital Congo et de la Rtnc dans leurs grandes éditions du Journal télévisé. A en croire les mêmes sources, trois groupes ont été reçus à l’entame de cette « ultime » phase des pourparlers politiques, ouverts après l’insuccès des discussions du Centre interdiocésain, naguère sous les bons offices des évêques de l’Eglise catholique. Il s’agit des délégués de l’Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre, de l’Opposition républicaine et ceux d’une Société civile.
L’Opposition républicaine a été conduite par son Autorité morale Léon Kengo wa Dondo. Par contre, Vital Kamerhe a été à la tête de la délégation de l’Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre.
La Société civile ainsi que les forces vives du pays ont, quant à elles, été conduitesleur présidente Mme Maguy Kiala. Même si rien de substantiel n’a fuité de ces consultations politiques, on peut dès lors, présumer que les enjeux actuels ont été au centre de ces échanges entre Joseph Kabila et la classe politique.
JOSEPH KABILA, LE DERNIER REMPART
On ne devrait peut-être pas trop alimenter l’électrochoc. Que le Président de la République fasse l’état de la nation, dans un discours devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, cet exercice rentre donc dans la pratique régulière de ses prérogatives constitutionnelles, spécialement en l’article 77, alinéa 3 de la Constitution du 18 février 2006 en vigueur en RD Congo.
Qu’il s’agisse de l’année dernière comme celle en cours, l’environnement politique de la RD Congo présente quelques similitudes. L’élément d’intersection, c’est que le pays traverse une crise politique qui se répercute finalement sur le bon fonctionnement des institutions. Précisément celles dont les animateurs sont issus des élections à quelque niveau. Toutes ces organes de l’Etat étant arrivés fin mandat depuis l’année 2016, nécessitent d’être remplacées par les mêmes mécanismes démocratiques d’accession au pouvoir. C’est-à-dire les scrutins.
Malheureusement, pour plusieurs raisons d’ordre organisationnel, et aussi, compte tenu de plusieurs préalables auxquels tenaient tant la classe politique, ces élections initialement prévues fin novembre 2016, n’avaient plus eu lieu. D’où, l’inévitable transition pour une gestion consensuelle de la chose publique jusqu’à l’organisation effective des élections. Comment y parvenir ? Voilà qui explique les deux épisodes des pourparlers en interne. Première séquence : le Dialogue de la Cité de l’Union africaine, sous la facilitation de l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo. La seconde péripétie, la plus récente donc, est celle des discussions directes entre les signataires et les non-signataires de l’Accord du 18 octobre 2016, organisées au Centre interdiocésain sous les bons offices de l’épiscopat catholique. Comme le Premier Dialogue, les pourparlers du Centre interdiocésain ont eux aussi, produit un Accord politique signé le 31 décembre 2016. Heureux concours de circonstance, d’aucuns avaient vite considéré ce compromis politique comme un joli cadeau de la saint sylvestre que les acteurs politiques rd congolais avaient offert à la population. Hélas. Trois mois après, ce même Accord qui rendait caduc celui du 18 octobre, semble lui aussi, tombé en disgrâce. Sinon en désuétude. Car, l’Arrangement particulier qui traduisait ce consensus politique en actes, n’a pas été signé. Moralité, les différents protagonistes se sont séparés dos à dos. Bienvenue la crise ! Alors, jusqu’où irait-elle ?
C’est à cette question qui parait même existentielle pour la survie de la RD Congo, que nombre d’observateurs ont le regard rivé sur le palais de la Nation. Les acteurs politiques s’étant montrés incapables d’accorder leurs violons, plus d’un analyste pense qu’il appartient désormais au Président de la République de prendre ses responsabilités. En tout cas, nul sage ne conseillerait au Chef de l’Etat de laisser pourrir la situation actuelle. Etant donné que le choix du président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) ainsi que le mode de présentation des candidats ou du candidat Premier ministre par le Rassemblement, constituent les deux points essentiels de désaccord, nombreux sont des Congolais qui pensent que le Chef de l’Etat devra, in fine, trouver le juste milieu de manière à dégager l’impasse actuelle.
L’INSECURITE DANS LE GRAND KASAI, LA DEVALUATION CONTINUE DU FRANC CONGOLAIS…
Dans le volet socioéconomique, deux faits notables retiennent l’attention de l’opinion publique en RD Congo. Il s’agit, d’une part, de l’insécurité grandissante dans l’espace Grand Kasaï, consécutive à l’activisme de la milice se réclamant du défunt chef coutumier Kamuena Nsapu. Des sources concordantes font état d’environ quatre cents personnes qui auraient trouvé la mort dans ces violences. Pas un seul coin de l’aire kasaïenne sans ces miliciens Kamwena Nsapu.
Par ailleurs, une autre insécurité parfois plus redoutable que celle provoquée par des canons, est celle créée par la dévaluation continue de la devise nationale, le franc congolais. Depuis quelques mois, la monnaie congolaise a effectué une spectaculaire descente aux enfers face à la devise étrangère. Précisément le dollar américain, utilisé comme monnaie de référence dans les transactions locales. Tout le problème, c’est que les Congolais en général et les Kinois en particulier, ignorent tout du taux officiel de change. Le commerce cambiaire étant la prérogative des opérateurs de rue, chaque cambiste impose son taux de change. Et aussi, dans un contexte d’économie totalement extravertie, dès lors aussi que le Congolais produit ce qu’il ne mange pas et mange ce qu’il ne produit pas, il est bien évident que le pays soit buté à une réelle difficulté d’approvisionnement en devises étrangères. Par conséquent, le peu de dollars disponibles sur le marché, est tout de suite « happé » par l’opérateur économique le plus offrant. La fameuse loi de l’Offre et de la Demande. Que le dollar américain se change à 1. 3700Fc actuellement, c’est un score jamais réalisé dans l’histoire de la crise économique en RD Congo. La vérité, c’est que le faible pouvoir d’achat du fonctionnaire et de l’agent de l’Etat s’est effrité, parce que payé au taux budgétaire calé à 93 Fc le dollar américain. Et donc, dans son message de demain, le Congolais croit attendre du Président de la République, des mesures à chaque problème posé ici.