Qui succèdera à Badibanga ? RDC : Kabila chambarde et fonce !
*Kabila parle, le Rassemblement de Félix râle. Là où les partisans constellés au sein de la Majorité Présidentielle et alliés, venus nombreux au Palais du Peuple, l’ont salué par une salve d’applaudissements, ceux du noyau dur du Rassemblement crient, par contre, au scandale.
Ça brûle !
Hier, à l’Udps, Mubake Valentin a été jeté en pâture, comme une feuille morte. Au Front pour le Respect de la Constitution, Eve Bazaïba est revenue sur ses vieux rêves de monter en puissance à la tête du CNSA. Et, pourtant, Kamerhe, dans sa vitalité légendaire, n’ose pas laisser le moindre espace, quant à la part de l’Opposition signataire dans cette histoire du Conseil National de Suivi. Au gouvernement, des têtes tombent aujourd’hui, avec le dépôt, par Samy Badibanga, de sa démission. Ainsi, sonne le glas. Plus personne ne reste. Tout passe, tout bouge, à l’exception du Raïs qui, lui, attendra l’installation effective de son successeur élu. Et, même là, le problème demeure. Puisqu’après tout, le calendrier électoral, longtemps réclamé, traîne entre les mains de Nangaa. La fin du fichier électoral attendra, elle aussi, le 31 juillet 2017, si tout va bien. Les instruments juridiques essentiels dont la loi électorale adoptée, à la hussarde, en 2015, reste lacunaire, en son article 115, avec les survivances des conditionnalités du recensement sur le processus électoral. La loi portant répartition des sièges pour les législatives nationales est suspendue à la fin de la refonte du fichier électoral. Pour l’examiner, il faudrait prévoir une session extraordinaire, au-delà du 15 juin 2017. Ce qui soulève un nouveau problème de moyens, alors que le budget 2017 n’est toujours pas là. Matata, au crépuscule de ses quatre ans et huit mois de règne, dans son strapontin de Premier Ministre, a laissé un projet que les Députés avaient renvoyé, en dépit du fait que Yav Mulang, le Ministre des Finances, était prêt à se casser en mille morceaux, pour en assurer sa défense. Badibanga, arrivé aux affaires, le 17 novembre 2016, avec un gouvernement nommé au grand soir du 19 décembre 2016, et investi, le 23 décembre, aura pris plus de trois mois, pour préparer son ébauche de budget qu’il s’apprêtait, du reste, à déposer cette semaine, n’eût été le coup de semonce d’hier, au Congrès. Maintenant qu’on attendra encore un nouveau Premier Ministre, celui-là comme, d’ailleurs, ses deux prédécesseurs, se donnera à son tour, trois à quatre mois, avant de soumettre au Parlement, son propre budget adapté à la situation de crise morose, d’érosion monétaire, de marasme économique et, surtout, des exigences des prochaines élections et des imprévus sécuritaires.
Au bas mot, cela risque d’aller jusqu’à juin ou juillet, voire août 2017. Comment, dans un tel contexte, espérer sortir la RD. Congo de ses ratés d’hier et d’aujourd’hui ? Nombreux sont ceux qui pensent que le Président Kabila, en fonçant dans la direction tracée par sa propre famille politique, la Majorité, aura, simplement, éludé la crise au lieu de la vider.
Chambardement
En principe, c’est ce matin, aux heures fixées par l’agenda du Président de la République, que Samy Badibanga Ntita, l’actuel Premier Ministre issu de l’Accord du 18 octobre 2016, devrait rendre le tablier, pour laisser libre court à l’avènement, endéans 48 heures, d’un nouveau locataire de l’Hôtel du Gouvernement, à la lisière de la Gombe. Joseph Kabila Kabange, traits tirés sur le visage et relooké à la moustache, l’a annoncé, hier, devant les deux Chambres du Parlement, réunies en Congrès, au Palais du Peuple. L’option est levée. L’Accord du 31 décembre 2016 doit, désormais, être appliqué. Mais, comment et avec qui ? Là aussi, le Chef de l’Etat s’est montré direct, incisif et ouvert, dans sa démarche. A la question de fond sur le mode de désignation du Premier Ministre, il est resté dans la logique d’une liste de candidats que le Rassemblement, une fois sorti de ses dissensions internes, devrait raisonnablement lui transmettre, pour appréciation et nomination.
Sur l’autre question relative à la succession d’Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février, à la Clinique Sainte Elisabeth, à Bruxelles, à la tête du Conseil National de Suivi de l’Accord de la Saint Sylvestre, Joseph Kabila invite, plutôt, les parties prenantes à dégager un consensus autour de la personnalité qui, après tout, pourrait présider à la destinée de cette nouvelle institution. Le Parlement, insiste-t-il, devra, dans l’entretemps, examiner et adopter la loi organique y afférente, pour donner à cette nouvelle institution, ses vraies marques. Dans la foulée, il a félicité la CENI, pour la refonte du fichier électoral et les préparatifs des élections dont les échéances fixées doivent, selon lui, être respectées.