La dernière session du Conseil de sécurité des Nations-Unies consacrée à la situation politique a RD Congo, qui a duré plus que de coutume en raison de la complexité du dossier, a apporté un nouvel éclairage sur les enjeux réels qui entourent la présence au pays de Patrice Lumumba de la plus grande force onusienne dans la monde. Ce sont bien quelque 20.000 casques bleus onusiens qui squattent quasiment le territoire de ce vaste pays au cœur de l’Afrique depuis bientôt 20 ans sans améliorer d’un iota la chienlit sécuritaire née des guerres de rébellion des années ‘2000, qui a justifié leur intervention pour assurer la protection des civils, principalement. 


Inefficacité, compromission, inadaptation, corruption, tous les épithètes ont été usités pour qualifier les incuries qui marquent la présence d’un si grand nombre de casques bleus en RD Congo sans parvenir à fléchir la volonté des décideurs de la planète de les maintenir coûte que coûte. Pour beaucoup d’observateurs, la présence de la force onusienne s’apparente de plus en plus à une force d’occupation qui ne dit pas son nom. D’autant plus que les observations pertinentes du gouvernement de la RDC, hôte de cette « force de maintien de la paix » appelant à la réduction du nombre des casques bleus présents sur son territoire et à une affectation plus utile des unités dont la présence serait jugée indispensable se sont pendant des années heurtées à un mur de refus pour des motifs les farfelus. 


Comme ceux avancés en son temps par l’Allemand Martin Köbler, alors Représentant de l’ancien Secrétaire général de l’ONU en RDC, pour qui la réduction des troupes onusiennes en RD Congo était tributaire de la cessation des agressions sexuelles et autres viols qui sévissaient dans certaines provinces du pays. Ou encore au respect scrupuleux des droits humains…
Au terme de la dernière session du Conseil de sécurité des Nations-Unies, une réduction du nombre des casques bleus présents en RD Congo a finalement été obtenue à l’arrachée. Ainsi que le révèle l’étendue de l’espèce de concession faite par ces drôles d’humanitaire : sur quelque 20.000 hommes, seulement 600 quitteront effectivement le territoire rd congolais, selon la Résolution adoptée par le conseil sous la pression de la nouvelle administration américaine. Les hommes de Donald Trump, dont le pays est de loin le plus grand contributeur au budget de l’ONU, ne s’expliquent pas le maintien sur le territoire rd congolais d’une force aussi coûteuse qu’inefficace alors que les technostructures des Nations Unies elles-mêmes, selon l’Ambassadeur Nikki Haley, ont justifié leurs multiples demandes d’augmentation de cette aide à la RDC par le fait qu’il y avait dans ce pays « un gouvernement corrompu qui martyrise son peuple ».
Il semble en réalité qu’aux Nations-Unies comme partout où se décident le sort du monde et des peuples, s’affrontent deux thèses concernant la RD Congo : la thèse de l’Etat failli, qui présente le pays de Lumumba comme un territoire ingouvernable qu’il conviendrait de morceler pour assurer la viabilité de petites entités plus faciles à gérer ; et la thèse de la recolonisation pure simple de la RD Congo en y plaçant à sa tête des hommes de paille voués aux intérêts de certaines puissances occidentales.
Cette dernière thèse compte parmi ses défenseurs des stratèges sur le retour comme le tristement célèbre ancien Sous secrétaire d’Etat américain aux Affaires Africaines, Herman Cohen, qui ne rate pas une occasion pour appeler quasiment à une recolonisation de la RD Congo.
Dans Congokin-tribune, une tribune animée par le rd congolais Jules Kitoy, le diplomate américain à la retraite est de nouveau sorti du bois pour se lancer, manifestement en désespoir de cause, dans un bien curieux plaidoyer pour… la mise sous tutelle de la République Démocratique du Congo. Ses arguments, aussi insensés que surannés, reflètent les véritables intentions de cet establishment occidental dont il est un des dignes représentants et qui ne jure qu’à remettre le Congo Kinshasa sous coupe réglée depuis que Patrice Lumumba a obtenu de haute lutte l’autodétermination de son peuple.
« La RDC descend dans un état d’anarchie politique dangereuse. Les Nations Unies doivent agir », ainsi s’intitule la réflexion de ce vieux néocolonialiste impénitent. Qui soutient qu’«en République Démocratique du Congo (RDC) l’administration du président Kabila avait amorcé la descente de la nation vers l’anarchie politique en novembre 2016 en refusant délibérément de tenir l’élection présidentielle exigée par la constitution au cours de ce mois. En l’absence d’une élection présidentielle, le président Kabila a perdu sa légitimité en tant que chef de l’État le 20 décembre 2016, date à laquelle son deuxième mandat de cinq ans est arrivé à son terme. Pour tenter de combler le vide politique, le Président Kabila a demandé à la Conférence des évêques catholiques (CENCO) de faire la médiation entre sa majorité parlementaire et les forces politiques de l’opposition afin de parvenir à un accord sur la façon d’avancer vers les élections et de transférer le Pouvoir à un nouveau président. La médiation de la CENCO a commencé en octobre 2016 et s’est poursuivie jusqu’au 27 mars 2017, date à laquelle elle a pris fin parce que les parties ne parvenaient pas à s’entendre sur la voie à suivre ».
En conclusion de sa thèse d’un Etat où règne le chaos le plus total, en fait une thèse qui transpire de toutes ses positions sur la RD Congo depuis près d’une décennie, Herman Cohen écrit : « l’échec de la médiation CENCO laisse la RDC dans un état d’anarchie politique. Aucune des institutions politiques n’a de légitimité, y compris la Présidence, le Sénat et l’Assemblée nationale. La perspective que le président Kabila reste au pouvoir indéfiniment et illégalement a causé des tensions importantes dans tout le pays. Les manifestations majeures demandées par les leaders de l’opposition pour le 10 avril 2017 pourraient devenir dangereusement violentes dans le modèle d’Ouagadougou en 2014 ».
A l’appui de son argumentaire développé pour solliciter la mise sous tutelle d’un Etat indépendant, Herman Cohen qui n’a jamais fait le deuil de la belle époque de Mobutu où lui et certains de ses amis faisaient la pluie et le beau temps sous nos tropiques, se lance dans une description largement mensongère de la situation politique du pays : « Déjà, il y a une instabilité croissante dans différentes régions de ce vaste pays. Une unité militaire dans la région du Kasaï au centre de la RDC a été filmée en train de tuer sans raison des civils non combattants. Dans la même région, les milices ont répliqué et tué une quarantaine de policiers. Dans les régions de l’Extrême-Orient, les deux provinces du Kivu et de l’Ituri, diverses milices errent dans les villages en pillant et en violant, tandis que d’autres se disputent les gisements artisanaux miniers », avance-t-il. Occultant volontairement le fait que les militaires filmés étaient en fait en mission de rétablissement de l’ordre et de la sécurité perturbés par des milices barbares dénommées « Kamwina Nsapu » qui ont par la suite assassiné dans des conditions atroces deux experts onusiens, un Américain et une Suédoise et leur interprète congolais. Et que le film controversé auquel il fait allusion semble avoir été monté pour servir d’arguments aux défenseurs de la thèse de la mise sous tutelle de la RD Congo, comme lui-même.
En effet, Herman Cohen ne se voile pas la face et avance carrément ses derniers arguments, ceux qui ont toujours constitué le soubassement de ses analyses intéressées sur la RD Congo : « Maintenant que l’anarchie politique s’est installée, que devrait faire l’ONU ? Une force de maintien de la paix de l’ONU, la MONUSCO, opère en RDC depuis 2005, avec le mandat de protéger les civils. Peut-être est-il maintenant temps pour une réflexion créative sur la RDC par le Conseil de sécurité de l’ONU. La décision de ne prendre aucune mesure à ce stade ne contribuerait qu’à la «légitimation» de l’anarchie et à la rupture potentielle de l’ordre ». Toute honte bue, Cohen rappelle une page de l’histoire mouvementée de la République Démocratique du Congo dont tout homme civilisé devrait avoir honte pour justifier sa thèse : « Il y a un précédent pour la prise de contrôle temporaire par les Nations Unies de la souveraineté, écrit-il, pince sans rire. La Namibie, le Cambodge et le Timor oriental sont des exemples appropriés. A titre de rappel, il y a un précédent historique vers les années 1960 aussitôt l’accession du Congo à l’Indépendance. Par suite de nombreuses situations d’anarchie et mouvements de sécession, le Président Eisenhower était confronté au même dilemme : Laisser le Congo sombrer dans le chaos ou intervenir ? Il n’était pas question d’envoyer les forces de l’OTAN pour ne pas ralentir les mouvements de la décolonisation. C’est ainsi que la décision fut prise de mettre la RD Congo sous tutelle des Nations Unies ». Une contre vérité. Le Congo en 1960 n’a jamais été placée sous tutelle onusienne. Il a été victime d’un complot de certaines puissances coloniales et leurs alliés outre-Atlantique qui coûta la vie notamment à un nombre inconnu jusqu’à ce jour de citoyens congolais et à un secrétaire général de l’ONU, le Suédois Dag Hammarskjöld.
Herman Cohen revendique donc ainsi crument l’assassinat de Patrice Emery Lumumba par l’Administration Eisenhower durant la transition entre les administrations Eisenhower et Kennedy. Il apporte, ce faisant, de l’eau au moulin de ceux qui accusent des personnalités politiques comme Moïse Katumbi, spécialistes de l’instrumentalisation des groupes de jeunes (fanatiques sportifs ou autres drogués) afin de provoquer le chaos artificiel propice à de bien basses œuvres, de même que se qui se cache derrière le souci de certaines bonnes âmes de voir la MONUSCO contrôler le Congo-Kinshasa en augmentant davantage la présence dans ce pays des troupes de maintien de la paix sans revisiter leurs règles d’engagement dans le sens d’une adaptation aux nouveaux défis sécuritaires qui ont cessé d’être conventionnels pour devenir « asymétriques » (terroristes).
La question est de savoir par quelle alchimie la RDC, pays souverain, devrait perdre sa souveraineté du fait d’un retard dans l’organisation des élections pour (re)devenir la colonie internationale qu’elle fut après la fameuse conférence de Berlin de 1885.
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