Deux mois seulement après la mort de son leader incontesté dans une clinique bruxelloise le 2 février 2017, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social semble avoir perdu la boussole, et ce qui lui reste de dirigeants, les pédales. Seuls quelques combattants, habituellement gavées de slogans creux incitant à la violence croient encore à la survie du parti politique de « Ya Tshitshi », ainsi qu’ils nommaient affectueusement leur défunt président. En réalité, le parti se vide des meilleurs de ses cadres à une allure vertigineuse.


Le dernier en date à être « dégager » (ou auto-exclu, ce qui revient au même) de l’UDPS était pourtant un symbole, de résistance aussi bien que de la dimension nationale du parti de la 10ème rue Limete. L’Ingénieur Valentin Mubake Nombi, un originaire du Sud Kivu, connu pour son indéfectible fidélité au ‘lider maximo’ depuis les années de la Conférence Natiionale Souveraine en 1990, a été viré comme un malotru. Par un simple communiqué signé de Jean-Marc Kabund, le secrétaire général katumbiste du parti tshisekediste, et lu par un obscur « porte-parole », mercredi 5 avril 2017. Motif évoqué : « vagabondage politique ». Une expression fourre-tout qui veut dire que la personne ainsi qualifiée aurait vagabondé de partis politiques à partis politiques autres que l’UDPS. Mubake vagabond politique ? L’accusation fait s’esclaffer plus d’un à Kinshasa et à travers la RD Congo. « Il fallait trouver mieux que cela, tout de même », réagit en souriant ironiquement, un cadre du PPRD originaire du Sud Kivu comme l’ingénieur défenestré de l’UDPS, à qui Le Maximum venait d’annoncer la nouvelle mercredi soir. L’affaire ne tient pas et ne tiendra sûrement pas la route.
En fait, le péché mortel de Valentin Mubake, c’est de s’être rendu au Palais de la Nation où le Président de la République, Joseph Kabila, recevait les délégués de l’opposition, de la majorité présidentielle et de la société civile pour lever les obstacles à la nomination du 1er ministre du gouvernement d’union nationale et du président du Comité de Suivi des Accords et du Processus Electoral (CNSA). L’Ir Mubake y avait été convié en sa qualité de participants aux discussions directes du Centre interdiocésain, selon ses propres déclarations à la presse à l’issue de la rencontre avec Joseph Kabila. A l’UDPS, le parti politique qu’il a co-représenté au dialogue et aux négociations directes du Centre interdiocésain de Kinshasa, le déplacement du Palais de la Nation a été assimilé à une traversée du Rubicon. « En date du 3 mars 2017, le Rassemblement, plateforme dont l’Udps est membre, a levé l’option de ne pas se rendre à l’invitation de Monsieur Joseph Kabila dont le but inavoué est de torpiller la mise en œuvre de l’Accord. Contre toute attente et en violation de la ligne des conduites adoptée par le parti, l’opinion a suivi ce 4 avril 2017 par la voie des ondes Monsieur Valentin Mubake se faire recevoir par Monsieur Joseph Kabila… A dater de ce mercredi 5 avril 2017, la présidence du parti prend acte et constate l’auto-exclusion de Monsieur Valentin Mubake et lui interdit d’utiliser la dénomination du parti, le logo et insigne et de parler en son nom», tranche le communiqué du 5 avril.
Présidence du parti ? Cet organe n’existe pas dans l’organigramme de l’UDPS. Et, tout le monde sait que le parti n’a pas de président depuis le décès d’Etienne Tshisekedi début février dernier. Et aussi que la succession du « Vieux » n’a pas encore eu lieu, contrairement à ce que stipulent les textes qui régissent le fonctionnement de ce parti politique. Ceux qui ont décidé de bannir l’ancien conseiller politique d’Etienne Tshisekedi ne peuvent donc être que des usurpateurs : l’affaire semble boutiquée par Félix Tshilombo Tshisekedi qui n’en est pas à son premier coup du genre. Cela saute aux yeux.
Le 4 mars dernier, l’UDPS avait déjà consacré l’auto-exclusion de Bruno Tshibala, le secrétaire général adjoint qui avait « osé » contester la désignation de Félix Tshisekedi à la candidature à la primature par son défunt père, et rejoint l’aile du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement coaché par Joseph Olenghankoy. Et avant lui, Bruno Mavungu, le secrétaire Général Central-Kongolais qui avait pris part aux rencontres d’Ibiza avec la délégation de la Majorité Présidentielle.
Pour nombre d’observateurs, à l’UDPS, arrive à la fin du virage vers la réduction du désormais ancien plus grand parti politique rd congolais en groupuscule familial et plus ou moins tribal. Les ambitions de tous et de chacun doivent converger vers l’irrésistible ascension de Félix Tshisekedi, le fils de son père, à la primature. Et tous les obstacles levés pour lui permettre de faire main basse sur le parti de Papa.
Avec le dialogue de la Cité de l’OUA qui s’est clôturé le 18 octobre dernier, le parti d’Etienne Tshisekedi a perdu un de ses meilleurs cadres devenu 1er ministre du gouvernement, Samy Badibanga Ntita. Député le mieux élu de la circonscription du Mont Amba aux législatives de 2011, le président du groupe parlementaire UDPS & Alliés à la chambre basse du parlement est pourtant connu pour avoir permis au parti d’acquérir un siège social sur le petit boulevard à Kinshasa Limete. Samy Badibanga, c’est cet homme d’affaires qui par ses nombreuses relations avait réussi à financer la campagne électorale d’Etienne Tshisekedi en 2011, autant qu’il a organisé la politique internationale et la communication du sphinx de Limete. Mais, au nom de l’ascension du fils, l’homme est aujourd’hui voué aux pires gémonies. Il faut faire place nette.
L’opération de nettoyage des écuries pour laisser émerger Félix Tshisekedi remonte à plus loin encore, à en juger par un documentaire récemment diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux. Aux obsèques d’Etienne Tshisekedi, un ancien secrétaire général de l’UDPS, l’Ir Alexis Mutanda, un homme d’affaires fidèle des fidèles du défunt depuis les années de l’opposition au Maréchal Mobutu, s’est fait littéralement lyncher par des combattants chauffés à blanc contre lui. A cet homme connu pour avoir cédé une de ses résidences privées au parti depuis des années, il était vaguement reproché d’avoir perçu ses émoluments de député élu. Ou quelque chose d’approchant.
Pourtant, en fait de perception d’émoluments, tous les chez les tshisekedi ont bouffé à la casserole. A commencer par l’honorable Eugénie Tshika, la sœur cadette de Ya Tshitshi, élue de Kabeya Kamwanga, en passant par Félix Tshisekedi lui-même, qui est un élu de Mbujimayi. Le prétexte pris pour faire molester Alexis Mutanda fut donc archifaux. L’homme est plutôt perçu comme un inflexible susceptible de contrecarrer les ambitions gloutonnes et démesurées de Tshisekedi Fils dans sa collusion avec Moïse Katumbi qui paye ses services pour l’aider à baliser la voie vers le top job (présidence de la République) aux prochaines élections. En réduisant toute l’UDPS à la portion congrue et en puisant au besoin dans le Trésor public en qualité de Premier ministre pendant la période préélectorale et électorale.
Autant que Valentin Mubake dont tous les proches ont été virés du parti avant lui-même : Jacquemin Shabani Lukoo, Moleka, Kiringa, Vangu, etc. A l’UDPS, ainsi est dégagée la voie qui est sensé mener Félix Tshisekedi à la Primature, et Katumbi au sommet de l’Etat…
Affaire à suivre.
J.N.
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