*Décidément, il va parler aujourd’hui. Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua, très serein, en dépit de toutes les flèches à fleuret moucheté tirées contre lui, va éventrer le boa ce mardi 23 mai 2017. Ce sera aux alentours de 13 heures. Rendez-vous est donc pris à la Gombe. Certains des ses proches, dans leur indiscrétion hâtive, ont laissé entendre que jusqu’ici, l’homme se dit innocent. Sans doute qu’à l’occasion de cette rencontre avec les médias, la première du genre depuis que cette affaire est montée à la surface, il ne manquera pas de plaider non coupable. Mais, comment dévoyer l’Onu et les sources du New York Times ? C’est donc, un pari risqué, dans cet âpre exercice…
A chaud
Honneur jeté en pâture. Discrédit à la limite de la déraison. Kanku, la mort dans l’âme, est sur toutes les lèvres. Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux sur la toile et amplifiée par le New York Times, l’un des tabloïds américains mondialement réputés, aurait créé l’effet boule de neige jusqu’au point de chercher à écrouler la terre sous les pieds de l’élu de Dibaya, accusé de complicité avec les miliciens Kamuina Nsapu, dans les massacres perpétrés à Tshimbulu, dans l’espace Grand Kasaï.
Mais, comment en est-il arrivé-là ? Alors que Clément Kanku vit à Kinshasa et est de surcroit, un civil, un politique de grand acabit, Ministre sortant à la Coopération Régionale, comment a-t-il pu réunir les conditions de tisser des liens serrés avec des miliciens, opérant dans la brousse, tuant, rasant et écumant tous les coins avec une rage si rare au monde ? Difficile à dire. Difficile à croire. Telle est la réaction à chaud recueillie auprès de ses affidés qui ne s’offusquent pas à déclarer, pince-sans-rire, qu’il s’agirait, à leur avis, d’un complot à vaste échelle. Pour eux, en effet, Kanku, loin d’être un complice, n’est qu’une victime expiatoire des actions de sape posées par ceux qui chercheraient désespérément à casser du sucre sur son dos.
Genèse
Les faits seraient liés à quelques éléments en format Audio que Mme Catalan, la suédoise, l’une des victimes parmi les deux experts Onusiens tués récemment au Kasaï Central, alors qu’ils enquêtaient sur les fosses communes, auraient laissés dans le disque dur de son ordinateur. De ces éléments dont la plupart mettent en cause les Fardc, elle aurait gardé un fichier dans lequel Clément Kanku est présenté comme l’un des instigateurs de certains massacres dont il se serait, du reste, réjoui en marge d’un rapport qui lui aurait été adressé au téléphone, après leur survenance. Chose que l’intéressé, sans détours, a déjà rejeté en bloc, en parlant de simples allégations.
Va-t-il engager un bras de fer ?
Dur à cuire, Kanku serait de nature jusqu’auboutiste. Dans cette affaire, il ne serait pas exagéré d’imaginer la suite de ce feuilleton. Le bras de fer, s’il faut l’appeler ainsi, durera le temps qu’il durera tant qu’il cherchera à cerner les méandres d’un tel dossier qui fait, en tout cas, le tour du monde. Il est possible qu’il en appelle à l’implication de la justice, pour tenter de tirer son épingle du jeu. Mais, qui va-t-il poursuivre ? Catalan ou le New York Times ? Cherchera-t-il à lier les deux alors que Catalan n’est plus en vie ou bien, il râlera contre l’Onu au service duquel, cette dernière aura œuvré jusqu’à la dernière goutte de sang sur terre au Kasaï Central ? Voilà autant que possible des questions qui, en tout état de cause, restent sur la perche. A Kanku de les vider une à une, cet après-midi.
LPM