En République démocratique du Congo, les jeunes ont du mal à accéder au marché de l’emploi. Les femmes en particulier ne sont pas garanties d’avoir un métier, une fois sorties du banc de l’école. Surtout lorsqu’elles embrassent la vie conjugale. C’est pour remédier à ce déficit que de nombreux centres d’initiation aux métiers voient de plus en plus le jour à Kinshasa. Leurs promoteurs se montrant déterminés à préparer la jeunesse, et particulièrement les filles, à l’auto-emploi.

Ce lundi matin, la cour d’Emmhest, école privée basée à la 1ère rue de Limete, est pleine de monde. La vie y est animée dès les premières heures de la journée. Dès l’entrée, le visiteur se retrouve face à des dizaines de candidates qui viennent sollicitent l’inscription dans l’une des disciplines qu’organise Emmhest. D’autres viennent servir des matériels didactiques aux étudiantes en coiffure et en esthétique qui ont besoin de s’exercer à la tresse et à la manucure.
Reconnue pour sa formation professionnelle en coupe et couture, esthétique et coiffure, stylisme et modélisme, hôtellerie, décoration et secrétariat de direction, l’école attire des jeunes en quête de qualification. Plus nombreuses, les filles s’y rendent en masse. Espérant sans doute un apprentissage rapide et un emploi assuré.

UN APPRENTISSAGE A LA PORTEE DE TOUS
« Nous recevons toute sorte de candidats qui veulent apprendre directement un métier. Qu’il s’agisse des détenteurs de diplômes universitaires, des diplômés d’Etat, des femmes ménagères, des illettrés… Mais, à notre grande surprise, nous avons constaté que la plupart de personnes que nous inscrivons sont des femmes », nous explique la sœur Gustavine Katibwe, coordonnatrice d’Emmhest.
Dans l’enceinte de cette école d’apprentissage en effet, la vie est animée dès les premières heures de la journée. Dès l’entrée, le visiteur se retrouve face à des dizaines de candidates qui viennent sollicitent l’inscription dans l’une des disciplines qu’organise Emmhest. D’autres viennent servir des matériels didactiques aux étudiantes en coiffure et en esthétique, qui ont besoin de s’exercer à la tresse et à la manucure.
Dès qu’on franchit le couloir qui mène à la grande cour, on se retrouve devant cinq salles de classes, dont deux mobilisées pour les inscrits en coupe et couture, deux autres pour les apprenants en esthétique et une pour l’apprentissage de la coiffure. Ces salles donnent directement sur le bureau des gestionnaires de l’Emmhest, occupé par deux sœurs religieuses, dont l’une est directrice intendante et l’autre directrice.
« Aujourd’hui, comme vous le voyez, tout le monde est dans la fièvre de l’examen pratique. D’où, le va-et-vient incessant des étudiantes, munis qui d’un peigne, qui d’une paire de ciseaux. Ceux qui ont opté pour la coiffure et l’esthétique s’activent déjà dans la cour avec, sous leurs mains, des bassines d’eau tiède et des produits appropriés pour la manucure (lime, coupe ongle, dissolvant, vernie à ongle, crème de mains…) disposés sur une table couverte d’une belle nappe blanche », nous fait remarquer une élève.

DES COURS REELLEMENT PRATIQUES
Lorsqu’on franchit la cour, on se retrouve dans l’autre partie de la parcelle qui abrite des salles de classe, réservées aussi pour la pratique. A travers une des fenêtres, s’active une enseignante qui allie théorie à la pratique. Sous les regards attentifs et parfois médusés des dizaines d’apprenantes qui l’entourent, elle montre comment faire le tissage, en ajoutant de faux cheveux sur la tête, qu’on appelle communément ‘‘plantes’’ à Kinshasa.
Toutes ces apprenantes se montrent attentives et concentrées sur la tête de celle qui joue le rôle de cliente. Sereines, elles suivent à la lettre ce que fait leur enseignante, visiblement contentes de tisser, certaines pour la première fois, d’autres s’étant déjà accoutumées à la tâche.
Dans la salle voisine, c’est le cours de modélisme qui bat son plein. Paire de ciseaux entre les doigts, debout devant une table sur laquelle est étalé un tissu, une dame apprend comment couper l’étoffe pour confectionner un vêtement. Juste à côté de la salle en vue, des machines à coudre résonnent bruyamment. Chaque fille est devant sa machine en train de s’exercer.

FORMER DES CREATRICES D’EMPLOIS
« La formation que nous donnons en ce lieu a pour but d’inciter nos apprenants à l’auto-emploi. C’est-à-dire, au sortir de la formation, nous voulons que chaque récipiendaire soit capable de travailler pour son propre compte. Les uns peuvent créer des salons de coiffure, d’autres des maisons de couture, d’autres encore des services traiteurs », précise la responsable de cet établissement, relevant toutefois que cette catégorie d’apprenants diffère bien de ceux qui tiennent à suivre un parcours universitaire normale.
Conscients des attentes de la jeunesse, les promoteurs d’Emmhest ont installé des extensions de leur établissement dans deux autres communes de Kinshasa. Ainsi, outre Limete, Emmhest est opérationnel à Kasa-vubu et à Mont-Ngafula.
Fière de sa formation, l’étudiante Nathalie Rodriguez est convaincue que le métier ne lui sera pas offert sur un plateau d’or, tout simplement parce qu’elle est femme. Fustigeant ceux qui soutiennent que la parité pourra être possible d’ici 2030, comme le souhaitent les concepteurs du thème annuel diffusé au mois de mars dernier, elle assure que ‘‘la femme ne va jamais égaler l’homme’’.
« Arriver à un monde professionnel 50-50 n’est qu’une utopie, martèle Nathalie Rodriguez. De telles campagnes ne servent qu’à empêcher la femme d’étudier en vue d’être en mesure de se prendre en charge. Voilà pourquoi je me retrouve ici pour devenir une esthéticienne. J’encouragerai donc les filles à vraiment apprendre pour être utilesà la société et être en mesure de créer elles-mêmes un emploi ».
Christelle LABU MAPENZI/Tiré du JDC-Journal école
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